Créée en 1960 dans le cadre du plan d’aménagement de la région Ile-de-France pour créer une porte d’entrée des marchandises au sud de Paris, la Sogaris (Société de la Gare Routière de Rungis) rayonne désormais sur l’ensemble de la Métropole du Grand Paris (MGP) et ambitionne d’en devenir le leader logistique.
Société d’économie mixte, sa structure capitalistique (détenue à près de 50% par la ville de Paris, 30% par les trois départements de la petite couronne et près de 20% par la Caisse des dépôts et consignations), la positionne de fait sur le périmètre de la métropole. L’entreprise, qui s’appuie aujourd’hui sur 545 000 m² d’entrepôts, quais de transit et bureaux, vise les 700 000 m2 d’ici dix ans tout en doublant son chiffre d’affaires, actuellement de 46,5 millions d’euros, pour atteindre les 20% de part de marché sur le Grand Paris.
Recentrage sur le Grand Paris
Au-delà des objectifs quantitatifs, la Sogaris, qui s’est diversifiée sur l’ensemble du territoire depuis sa création, avec désormais 42% de surfaces logistiques en province, jusqu’à Lyon et Marseille, entend se concentrer sur le périmètre de la MGP et ne compter que 7% de ses futurs 700 000 m2 en province à l’horizon 2025. “Cela passera par un programme d’acquisition et de cession de terrains pour accélérer notre repositionnement sur le Grand Paris“, explique Jonathan Sebbane, le directeur général de la Sogaris, à l’occasion d’une présentation du plan stratégique de l’entreprise sur le Simi (salon de l’immobilier d’entreprise qui se tenait début décembre à Paris).
Trois mailles pour organiser la logistique du Grand Paris
En densifiant son réseau grand-parisien, la Sogaris entend également s’attaquer à la problématique du dernier kilomètre en adaptant son réseau à chaque niveau, des plateformes de plus de 50 000 m2 aux espaces logistiques de proximité de moins de 1 500 m2 en passant par les hôtels logistiques de quelques 10 000 m2. Les plateformes logistiques, comme celle de Rungis dont les terrains appartiennent à la Sogaris depuis l’année dernière, permettent d’assurer le lien entre les transports longues distance et les flux urbains sur d’importantes surfaces. A Rungis, dans ce que la Sogaris appelle “la zone d’influence de l’A86” , 20 000m² de bâtiments sont déjà exploités sur une surface disponible de 360 000m². L’hôtel logistique, lui, permet de réceptionner et stocker des marchandises en périphérie de Paris via des modes de transports alternatifs (fleuve, rail, …) et de les livrer ensuite avec des véhicules propres (gaz, électricité). Une structure de ce type ouvrira ses portes à la mi 2017 à la porte de la Chapelle, permettant de desservir tout le nord de la capitale et de sa banlieue et un autre est prévu dans le secteur des Ardoines à Vitry-sur-Seine, dont le protocole d’accord d’achat du terrain a été signé sur le Simi. Déployé sur une surface de 35000 à 40000 m², il accueillera une vingtaine d’entreprises. “On va aussi déposer un dossier pour candidater au projet d’hôtel logistique pour Bercy-Poniatowski, ce qui nous permettrait de couvrir le sud de la région parisienne“, précise Jonathan Sebbane. A terme, les quatre points cardinaux de la capitale devraient être équipés d’un hôtel logistique.
Le défi du dernier kilomètre
La dernière maille, celle qui permet de desservir le dernier kilomètre, est aussi un grand enjeu du plan stratégique de la Sogaris. Elle sera constituée d’espaces urbains de distribution, et s’appuiera notamment sur des messageries urbaines pour livrer à domicile les marchandises aux clients. L’enjeu est colossal car le déploiement du e-commerce a fait exploser les volume de produits à livrer et les coûts de livraison du dernier kilomètre, “allant jusqu’à représenter 25 % du coût total du transport”, souligne le plan stratégique de la Sogaris. A Paris, l’entreprise a déjà déployé son Espace Urbain de Distribution Sogaris de Beaugrenelle (Paris 15e ), “qui a permis à son exploitant une diminution de 35 % de ses flux de marchandises“, souligne le plan stratégique. Dans les dix ans qui viennent, la Sogaris souhaite mettre les bouchées doubles sur les hôtels logistiques et les espaces de proximité afin qu’ils représenteront 40% du patrimoine du groupe à terme.
Moderniser la logistique urbaine
Outre l’articulation entre les différentes mailles logistiques, la Sogaris entend également transformer les pratiques logistiques pour les adapter aux exigences environnementales du 21 e siècle ains qu’à la manière de construire la ville aujourd’hui, qui cherche à concilier la mixité entre les espaces de vie et l’activité économique . “Il faut repenser la logistique, tenir compte des contraintes environnementales et construire cette logistique non plus contre les territoires mais avec les habitants“, pose Jean-Bernard Bros, président du Conseil d’administration de la Sogaris et représentant de la ville de Paris. Concrètement par exemple, l’entreoprise détruira d’ici deux ans l’un des bâtiments les plus anciens de sa plate-forme de Rungis pour construire un nouvel édifice au goût du jour. “Bien sûr, il sera réalisé en accord total avec les exigences de la mairie : on veut qu’il devienne un bâtiment signal“, précise Jonathan Sebbane.
500 millions d’investissement
Pour se donner les moyens de ses ambitions, la Sogaris annonce qu’elle investira plus de 500 millions d’euros sur les dix prochaines années, sur le périmètre de la MGP, soit plus de deux fois les montants investis entre 2005 et 2015. Le financement passera par un LTV (Loan To Value) inférieur à 40% sur la durée du plan et un programme de cessions-acquisitions pour accélérer son repositionnement sur le Grand Paris. L’entreprise annonce également qu’elle mettra en place un fonds de 2 millions d’euros dédié à l’innovation en matière de logistique urbaine, pour faire de ses plateformes “de véritables lieux d’expérimentations“. “Si on impulse toutes ces dynamiques, on pense qu’on peut inciter les transporteurs et les entreprises à se lancer dans ces innovations : le transport propre, le rail, la réorganisation de la logistique urbaine… Avec l’interdiction du Diesel qui se profile, nos clients devront trouver d’autres solutions pour la livraison de la marchandise“, enjoint Jean-Bernard Bros.
Objectifs spécifiques au Val-de-Marne
Dans le Val-de-Marne, la Sogaris s’est fixée trois objectifs spécifiques : développer des solutions urbaines mixtes pour la relocalisation ou l’accueil d’activités logistiques, d’artisanat ou de PME-PMI, moderniser la plateforme de Rungis et développer celle de Créteil selon un modèle de plateforme logistique intégrée, et réfléchir à une connexion tram-fret permettant de relier Rungis à Paris.
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