Installée aux confins de la zone industrielle de la Carelle à Villeneuve-le-Roi, entre un bâtiment de bureaux vide et une entreprise de recyclage, Triumphs Controls France, ex CBA, fait partie des pépites industrielles méconnues du département. C’est pourtant dans cet atelier que toutes les commandes d’armement automatique des toboggans des portes d’A320 sont par exemple fabriquées, mais aussi des commandes utilisées dans les rames MP89 de la ligne 14…
C’est en 1953 que la famille Pommey installe son entreprise de commandes à billes pour automobile (CBA) à Alfortville, rue Paul Vaillant-Couturier, dans une ancienne boulangerie. Lancée avec Raymond Richoux, inventeur de la commande à bille par câble, la société fournit les systèmes de commandes de mouvement pour les boites de vitesse. Dès la fin des années 1970, elle commence à se diversifier dans le chemin de fer et la marine puis dans l’aéronautique à la fin des années 1980. En 1999, le petit-fils du fondateur, Michel Pommey, vend la société au groupe américain Triumph, spécialiste des infrastructures aérospatiales, tout en restant aux commandes de la PME alfortvillaise jusqu’à sa retraite en 2008. C’est alors un des anciens dirigeants du groupe Zodiac, Pierre Vautrin, qui prend la relève, recruté par la maison mère. Objectif : renforcer encore la qualité de service (ponctualité des livraisons, fiabilité, conception sur mesure avec les clients) pour être incontournable sur certains segments. Aujourd’hui, la société réalise un chiffre d’affaires de 13 millions d’euros et emploie 70 personnes à Villeneuve-le-Roi.
«Nous sommes les leaders mondiaux des commandes mécaniques flexibles pour les commandes de vol primaire des hélicoptères. Nous fournissons tous les hélicoptères Airbus mais aussi le marché de l’aéronautique chinoise, expose le président de l’entreprise. Nous ne craignons pas la concurrence car nous avons pris de l’avance en matière de rapport qualité/performance/prix/service, et nos produits ne valent pas très chers par rapport à l’enjeu qu’ils représentent en termes de sécurité», détaille le patron.
La concurrence vient en revanche des commandes électriques qui se généralisent. Alors que Triumph-Cba fournit toutes les commandes d’armement des toboggans des portes d’A320, celles des A380 sont ainsi passées à l’électricité. «Il y a certains marchés qui vont disparaître, reconnaît Pierre Vautrin. Mais d’autres apparaissent, comme l’aéronautique russe par exemple, qui en est à la génération précédente. En outre, l’électrique coûte très cher, est plus lourde, demande de la redondance, et ne fonctionne pas très bien s’il fait trop chaud ou trop froid. Dans certaines situations, la bonne vieille commande mécanique flexible, rustique, fiable, facile à entretenir soi-même sans faire venir un ingénieur qui va coûter très cher de l’autre bout du monde, et capable de résister aux intempéries ou à un mauvais obus, est plus appropriée !»
Penser fonction et non plus produit
Pour penser l’avenir, l’entreprise développe en revanche sa capacité à livrer des fonctions complètes, pour aller par exemple de la main du pilote jusqu’au retors de l’hélicoptère. «C’est une évolution de la demande à laquelle nous devons répondre. Les clients ne peuvent pas s’occuper d’une myriade de fournisseurs en même temps et s’appuient sur des fournisseurs de rang 1, lesquels s’appuient eux même sur des fournisseurs de rang 2. Pour rester fournisseur de rang 1, il faut être capable de proposer une fonction complète. Nous y travaillons en développant des technologies complémentaires dans la mécanique et l’électromécanique. Nous avons pour cela 9 personnes, soit 15 % de l’effectif, qui travaillent à la conception et au développement, en partenariat avec des écoles comme l’Estaca», développe le président de la PMI. Un développement qui passe aussi par des synergies avec la maison mère, aux Etats-Unis.
Pour faire fonctionner la fabrique, 70 personnes s’activent sur le site, dont 42 à la production, qui sortent quelques 1500 à 2000 commandes par mois, essentiellement des toutes petites séries. Initialement basée à Alfortville, la société a déménagé à Villeneuve-le-Roi en 2013. Coincée dans les quatre étages d’un petit immeuble abritant anciennement une boulangerie, la fabrique était trop à l’étroit, et son accès compliqué. «Un jour, pour transporter une pièce de commande de pilotage exceptionnellement longue, de 74 mètres, il a fallu bloquer entièrement la rue», témoigne Philippe Langlois, le directeur commercial.
Déménagement sur la ligne C pour ne pas perdre le personnel
Le choix d’une relocalisation à proximité s’est imposé d’emblée. «Notre objectif principal était de conserver notre personnel et son savoir-faire. Nous avons donc raisonné par rapport au temps de transport des salariés et réalisé que la grande majorité empruntaient le RER C ou D, un certain nombre habitant du côté de Yerres. Nous avons alors cherché autour de Bonneuil-sur-Marne, envisagé le nouveau parc d’activités de Pompadour qui était trop petit pour nous, et choisi cet emplacement à proximité de la gare de RER C de Villeneuve-le-Roi et du pont de Villeneuve-Saint-Georges», détaille Pierre Vautrin. Si l’usine dispose désormais d’un bel atelier sur un peu plus de 2000 m2, parfaitement organisé avec un espace test, un coin usinage pour fabriquer les composants des petites séries, une réserve pour archiver les modèles en cas d’enquête suite à un accident et une belle suite de bureaux clairs et spatieux, le nouveau siège, perdu au fond de la zone d’activité de la Carelle, manque un peu de restaurants et cafés à proximité pour l’heure du déjeuner. Pour s’adapter, une salle à manger a été installée sur place. Afin d’éviter les bouchons, un accord a également été passé pour réduire la pause du midi de 1 heure 15 à 45 minutes et démarrer plus tôt le matin pour finir plus tôt l’après-midi. A la production, les salariés démarrent donc à 7 heures le matin et sont libérés à 16 heures jusqu’au jeudi et à 11 heures le vendredi. En cas de rush, le vendredi après-midi est travaillé en contrepartie d’un weekend de trois jours une fois la période de tension terminée. «Nous avons réussi à conserver l’intégralité de notre personnel», se félicite le patron de la PMI. Si l’avenue de la Carelle ne paie pas de mine et est franchement cahoteuse pour les quatre roues, elle a aussi le mérite d’abriter des entreprises de recyclage à l’instar de Paprec, situé juste en face de Triumph-Cba, permettant un recyclage intégral des déchets.
Pour l’entreprise, l’ancrage val-de-marnais s’arrête toutefois là. La proximité de l’aéroport d’Orly, par exemple, importe peu au chef d’entreprise, tout comme la recherche d’un environnement économique proche de sa thématique. «Nous sommes membres du Medef 93-94 et de la CCI du Val-de-Marne car nous considérons qu’il est important d’entretenir un bon rapport avec son territoire et de développer des relations de coopération, mais notre périmètre, c’est le monde. Nous exportons 57% de notre production en direct et plus de 90% en tenant compte de l’export de nos clients français. Mon directeur technique part en Inde la semaine prochaine, mon directeur commercial était en Turquie la semaine dernière, nous avons régulièrement des réunions de brainstorming avec nos clients partout dans le monde, nous allons au salon aéronautique de Zhuhai en Chine, nos ingénieurs vont aussi aux réunions du pôle de compétitivité ASTech et moi à celles du Gim (groupe des industries métallurgiques de la région parisienne). Nous prenons l’avion comme le RER C pour aller vers les autres.»
Pour embaucher, l’entreprise joue tout de même local, en contact avec le lycée Paul-Bert d’Alfortville pour recruter des apprentis, en parallèle de l’IUT Sénart-Fontainebleau, le Cesi, l’Aforp. Les profils attendus : des bacs pro en mécanique, électro-mécanique, productique… «Le recrutement est un défi permanent et nous accueillons en permanence 6-7 apprentis pour les former au métier», souligne Pierre Vautrin.
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