Près de 300 élus locaux et partenaires constructeurs, architectes, aménageurs, ont participé ce lundi 23 mai au lancement officiel de l’appel à projets pour réinventer le Grand Paris depuis le Pavillon Baltard de Nogent-sur-Marne. Un appel à l’imagination urbaine formulé conjointement par la Métropole du Grand Paris (MGP, cette nouvelle assemblée composée essentiellement des maires de Paris et sa proche couronne), et par l’Etat, via la SGP (Société du Grand Paris, maître d’ouvrage du métro périphérique Grand Paris Express.
La MGP et la SGP, qui avaient initialement chacune imaginé leur appel à projets, ont en effet décidé de les fusionner en un seul qui concernerait à la fois le projet des “hubs du Grand Paris” autour des gares, gérés par la SGP, et les autres sites métropolitains. Il est vrai que ces temps-ci, les appels à projets de ce type se multiplient. Paris a joué les pionniers avec « Réinventer Paris » lancé dès 2014 , et qui a permis de retenir 75 projets sur 23 sites en février 2016. En mars dernier, un autre concours, Réinventer la Seine, a été lancé dans le même esprit depuis Rouen pour inviter à imaginer la métropole parisienne en suivant la Seine depuis le Val-de-Marne jusqu’à la mer.
Le nouvel appel à projets vise à identifier des sites tremplins de la mutation métropolitaine et à faire plancher des équipes sur leur devenir pour sortir des sentiers battus. “Il faut que l’on sorte de l’urbanisme de promoteur”, pose ainsi Anne Hidalgo, maire PS de Paris et première vice-présidente de la MGP. “C’est un concours catalyseur de la construction métropolitaine”, a motivé Patrick Ollier, président de la MGP et député-maire LR de Rueil-Malmaison, tandis que le préfet de région, Jean-François Carenco n’hésitait pas à comparer cette transition à celle du passage du “boulier à l’ordinateur quantique!” Il s’agit aussi de se projeter ensemble à une nouvelle échelle. “En Ile-de-France, nous avons subi, jusqu’à la création de la MGP, une métropolisation rampante, hors planification stratégique dont la seule raison d’être reste encore économique. Force est de constater qu’elle a exacerbé, comme dans les autres métropoles, les inégalités territoriales rendant souvent difficile notre volonté d’agir face à une dispersion des actions de nos communes“, a ainsi pointé Jacques-JP Martin, maire LR de Nogent-sur-Marne et président de la Commission du projet métropolitain. Dans cette vision fédératrice, la région est même venue montrer qu’elle ne jouerait pas les voix discordantes. “Ca vous étonne ? Mais la région est là!”, est apparu, ostensiblement théâtral, Didier Bariani, vice-président LR du Conseil régional en charge du Grand Paris, sur la scène du Baltard. Ce dernier a rappelé l’importance des maires, sans qui rien ne peut se faire, et reconnu que pour l’exécutif régional, “aucun projet, aucune initiative, aussi louable soit-elle, ne peut se conduire sans la Métropole du Grand Paris“, avant de rappeler toutefois le projet de la région de promouvoir 100 éco-quartiers, et appelé à une harmonisation des initiatives entre la région et la MGP. Egalement conseiller régional LR, Stéphane Beaudet, maire de Courcouronnes (Essonne) et président de l’Amif (Association des maires d’Ile-de-France) a pour sa part plaidé pour que les maires de grande couronne ne soient pas oubliés du fait métropolitain. Maire FG de Gennevilliers, Patrice Leclerc, lui, s’est inquiété de ce que le nouvel appel à projets ne contribue pas à accentuer les déséquilibres territoriaux en faisant “pleuvoir là où c’est déjà mouillé“et réclamé une concertation réelle avec les villes, notamment concernant les projets d’OIN et CIN, pilotés par l’Etat.
Les 14 hubs
Concernant le profil des sites, l’appel à projets se veut très ouvert. Sont d’abord concernés les 14 hubs du Grand Paris, ces nouveaux pôles d’interconnexion autour des gares du Grand Paris Expres, qui font déjà l’objet de CDT (Contrat de développement territorial) avec l’Etat et parfois d’OIN (Opération d’intérêt national). Ces 14 hubs sont Grand Roissy, Cité Descartes, Seine Amont Vallée de la Bièvre (Villejuif campus Grand Parc), Orly/Rungis, Paris-Saclay, Satory/Saint-Quentin Versailles, La Défense – Seine-Arche Saint-Denis Pleyel), Le Bourget Aéroport, Triangle de Gonesse, Val de Seine, Val de Fontenay (Fontenay-sous-Bois), Marne-la-Vallée Est et Grand Paris Sud.
Les autres sites pourront aussi bien être situés en centre-ville que dans des zones frontières, des fractures (délaissés d’autoroute, faisceaux ferroviaires), des friches… Pas de taille standard non plus, a insisté Jean-Louis Missika, conseiller métropolitain et adjoint à l’urbanisme de Paris, qui a illustré son propos de quelques projets retenus dans le cadre de Réinventer Paris, allant d’une ancienne sous-station électrique du 11e, transformée en site culturel, sous l’égide de l’architecte Olivier Palatre, au projet de Sou Fujimoto qui propose de transformer un parking d’autocars en équipement et parc public au-dessus du périphérique, reliant ainsi directement Paris et Neuilly-sur-Seine. Le mot d’ordre : tout est permis !
Pas de sites pollués
Une limite a néanmoins été posée d’emblée : les sites retenus ne devront pas être pollués. Dans la banlieue parisienne en effet, la pollution des sols des anciennes friches industrielles est une véritable bombe à retardement qui alourdit considérablement les coûts et les délais des projets de reconversion.
Calendrier
Concrètement, les maires qui le souhaitent proposeront un site de leur commune d’ici l’été, un jury choisira les emplacements retenus en septembre, puis lancera la consultation auprès des équipes d’architectes et investisseurs en décembre 2016, pour une remise des dossiers en février 2017. Après une première pré-sélection en mars 2017, les lauréats seront connus à l’automne 2017. Il ne s’agit pas de “commandes” ni des maires, ni de la MGP, ni de l’Etat, et il n’y a du reste pas d’argent à la clef. Les équipes constituées devront associer architectes, promoteurs, investisseurs, urbanistes… Les villes s’occuperont en revanche d’organiser et négocier la mise à disposition des terrains – lorsqu’elles ont la main dessus.
Qui va payer les méninges ?
Reste à voir dans le détail comment et à quelle hauteur les organisateurs financeront l’imagination des équipes qui plancheront sur les sites. A Paris, l’appel a à projets de 2014 a suscité en effet une controverse du Conseil national de l’Ordre des architectes (Cnoa) sur les projets non retenus et non rémunérés. L’appel à projets initial des hubs du Grand Paris était doté de 100 millions d’euros, dans le cadre des investissements d’avenir. La MGP dispose de son côté d’un fonds d’investissement métropolitain, mais qui n’est pas spécifiquement dédié à cet appel à projets.
Une dizaine de villes concernées dans le Val-de-Marne
D’ores et déjà, une vingtaine de villes de banlieue ont fait part de leur intérêt pour le projet a indiqué Patrick Ollier, et une dizaine y réfléchissent, tandis que Paris devrait proposer une dizaine de sites. Au total, en tenant compte des 14 hubs, une soixantaine de sites devraient être candidats d’ici l’été. Dans le Val-de-Marne, le président de la MGP a signalé l’intérêt manifesté par Alfortville, Arcueil, Chennevières-sur-Marne, Créteil, Gentilly, Limeil-Brévannes, Noiseau et Orly.
A Alfortville, Luc Carvounas, sénateur-maire PS, veut présenter trois sites : celui de la confluence Seine-Marne au niveau de Chinagora, où l’élu verrait bien une grande tour, un site de centre-ville qui relierait les squares Camélinat et Meynet, et les terrains SNCF en coeur de ville. “Sur ces 25 000 m2, nous pourrions notamment construire 250 logements”, estime l’élu. A Limeil-Brévannes, Françoise Lecoufle, maire LR, souhaite participer à l’appel à projets pour redynamiser le centre-ville et imaginer sa liaison avec la coulée la verte. A Arcueil, Daniel Breuiller, maire EELV, défend le délaissé entre l’A6A et l’A6B, déjà intégré dans la zac du Coteau. “Ce site a beaucoup d’atouts. Il sera à côté d’une gare du Grand Paris Express et offre une vue magnifique sur la vallée de la Bièvre et Paris“, insiste l’élu. A Orly, on pense au secteur des Voeux. A Chennevières, c’est la VDO (la friche du projet abandonné de rocade autoroutière) que la ville veut mettre dans la corbeille. La commune entend aussi candidater aux projets d’éco-quartier lancé par la région, espérant une réunion des deux initiatives. A noter que ce secteur fait aussi l’objet d’un projet d’OIN-CIN. A Créteil encore, c’est le site de l’Echat qui est présenté, dans le cadre des projets autour des gares du Grand Paris Express. La ville espère aussi bénéficier du fonds d’indemnisation de la métropole pour réaménager ses bords de Marne. A Ivry-sur-Seine, Philippe Bouyssou, maire PCF, envisage de défendre un projet multi-sites pour intégrer les populations Roms, en partenariat avec d’autres villes.
La mairie de Nogent vient de publier sur son site un long article sur lequel comme à son habitude nul ne peut réagir … article qui nous invite à réinventer nos territoires … https://www.reinventonsnosterritoires.fr/
Le plus désopilant, est lorsque l’on va sur le site corporate du site nommé : https://openlab.ecdys.fr/conseil-management-innovation
Nous sommes donc en face de conseil de direction et ne sommes plus que des membres d’une communauté … un bel exemple de démocratie où le caractère d’élus et d’électeurs/administrés disparait.
Ou bien tout ceci n’est qu’un publi-reportage qui ne dit pas son nom !
Les résultats des élections de l’année prochaine risquent de remettre en cause tout ou partie de beaucoup de ces projets ; les dépenses pour études, dont le financement sort tout de même de nos poches, sont-elles déjà nécessaires ? Cette volonté d’agir à marche forcée est très dérangeante.
“Les équipes constituées devront associer architectes, promoteurs, investisseurs, urbanistes… ”
du béton et pas beaucoup de verdure en perspective !
Entre les deux squares Camélinat et Meynet à Alfortville, il y a quoi ? 10 mètres ?
ça laisse songeur quant aux projets de Carvounas qui dit aussi vouloir une tour à Chinagora et 250 logements sur les voies ferrées.
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