La fracture numérique à seulement 10 kilomètres de Paris dans un lycée flambant neuf… Inauguré en 2012, le lycée Pauline Rolland de Chevilly-Larue souffre de sa connexion Internet depuis son inauguration, et la situation s’est aggravée au cours de l’été, bien que la ville soit entièrement fibrée.
« Dégradation du service rendu aux élèves et aux familles, entraves à l’innovation pédagogique, paralysie administrative, fatigue et exaspération du personnel », autant de griefs énoncés par Didier Fournet, élu du personnel au conseil d’administration du lycée Pauline Rolland à Chevilly-Larue. « Tous les programmes de l’Éducation nationale préconisent l’utilisation des nouvelles technologies mais de nombreux enseignants y ont renoncé. En histoire et géographie, l’accès privilégié aux vidéos de l’INA est impossible. En Français, nous ne pouvons utiliser des ressources en ligne pour illustrer nos cours. Certains parviennent à force de bidouillage informatique à diffuser des vidéos aux élèves, mais cela nécessite du travail supplémentaire. Dans les séries professionnelles nous devons par exemple leur permettre de faire des CV en ligne, et c’est impossible. Et alors que les élèves de Première doivent réaliser leurs travaux personnels encadrés en épreuve anticipée du bac, ils ont dû effectuer leurs recherches au CDI avec leur propre smartphone, sur leur forfait! C’était en violation de notre règlement intérieur mais c’était la seule solution», confie ce prof de français.
Autre point préoccupant souligné par Didier Fournet, l’impossibilité de permettre aux lycéens des inscriptions stratégiques pour leur avenir. « Pour la première fois, nous n’allons pas pouvoir les encadrer au moment de leur inscription pour les examens. L’interface du site n’est pas simple, il y aura forcément des erreurs, des élèves qui s’inscrivent aux mauvaises matières. Nous allons imprimer des exemplaires papiers pour qu’ils puissent s’entraîner avec nous avant de le faire chez eux.»
Une situation qui complique aussi toute l’administration. «Toutes les tâches des agents ont été informatisées, la gestion du personnel et des élèves passe ainsi exclusivement par des applications du rectorat. Pour faire toutes ces démarches, le personnel administratif doit attendre que le lycée soit vide, en début de soirée, pour bénéficier d’une connexion tout juste suffisante pour envoyer des mails, communiquer des documents ou télécharger des pièces jointes», ajoute un membre de l’établissement.
Lors de l’inauguration du lycée en 2012, Chevilly-Larue était parsemé de zones grises où le débit, inférieur à 2 megabits par seconde, était considéré comme faible. Depuis, la ville a été entièrement fibrée par l’opérateur Orange mais le lycée ne s’y est toujours pas raccordé. « L’année dernière nous avions relevé un débit de 1,7 megabits par seconde, et depuis la rentrée, ce chiffre est tombé à 0,4. C’est le retour au Minitel alors que la région promet sur son site des lycées « 100 % numériques » et le raccordement au très haut débit de tous les lycées du Val-de-Marne pour 2018 (100 megabits par seconde) », s’agace Didier Fournet. Exaspérés, les membres du Conseil d’administration ont envoyé des mails à la président de région, Valérie Pécresse et un chargé de mission a été mandaté pour suivre le projet. «La région a lancé dans 24 lycées des budgets d’autonomie. Pourquoi ne nous donne-t-elle pas la subvention et nous ferons nous-mêmes la prospection. En deux semaines nous pourrions être raccordés à la fibre. Un lycée du Val-de-Marne l’a fait de sa propre initiative et sur ses propres deniers cela lui coûté 50 000€ pour 3 ans », indique l’un des membres du conseil d’administration.
Les maires de Chevilly-Larue et L’Haÿ-les-Roses, Stéphanie Daumin et Vincent Jeanbrun, qui est aussi consiller régional, ont également interpellé la région sur ce sujet.
La région promet la fibre avant la fin 2017, le département juin 2018
«Lors de la précédente mandature, les établissements passaient eux-mêmes des contrats avec des prestataires. La Région Île-de-France s’est donnée depuis pour objectif d’équiper l’ensemble des lycées franciliens du très haut débit. Il est fort probable que l’ensemble des établissements du Val-de-Marne y soient reliés d’ici la fin de l’année 2017. C’est un travail que nous effectuons sur ce territoire en partenariat avec Valofibre et le Rectorat. En attendant, le lycée Pauline Rolland doit tenter de remédier à ses problèmes de débit lui-même, auprès du prestataire avec qui il est lié par convention», répond-on à la région.
Le conseil départemental du Val-de-Marne demeure plus prudent sur les délais, confirmant que la Région avait proposé la signature d’une convention pour le raccordement des lycées du département au réseau fibré THD, via Valofibre, mais estimait ne pouvoir assurer le branchement de tous établissement avant la fin de l’année scolaire, soit juin 2018. Reste à savoir si le lycée de Chevilly sera traité en priorité.
L’essentiel est de founir à chacun des conditions propices au travail. Mais à quoi servent les beaux discours sur la taille humaine de l’établissement et les valeurs boboesques sur la construction écologique de l’internat. La pomme est certes appétissante, mais elle est pourrie. Ce serait le moment d’apparaître devant les caméras.
Il n’y a pas que le lycée qui n’est pas connecte une bonne partie de la ville ne l’ai pas et certains devront attendre plus d’un an avant d’être raccordée à la fibre
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