Emploi | | 21/11/2017
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A Boissy, Marjolaine réussit l’insertion par l’activité économique

A Boissy, Marjolaine réussit l’insertion par l’activité économique

Dans le quartier de la Haie Griselle à Boissy-Saint-Léger, la société Marjolaine, entreprise d’insertion par l’activité économique, donne depuis 2001 une deuxième vie professionnelle à ceux qui se sont retrouvés trop longtemps en dehors du monde de l’emploi, après un licenciement, un arrêt pour élever ses enfants, un changement de pays…

Les panneaux signalétiques des immeubles des bailleurs sociaux Immobilière 3F, IDF Habitat ou de l’OPH de Créteil, c’est eux. Le logo de la centrale syndicale CFDT, c’est eux aussi.  A bientôt 60 ans, Dominique, Campinoise, travaillait comme graphiste pour une entreprise dont elle a été licenciée après sa revente. «Je me suis inscrite à Pôle Emploi mais après plusieurs rendez-vous décommandés à la dernière minute, j’étais un peu sceptique. Puis, un jour, ma conseillère m’a proposé cette offre d’emploi en me disant “ça c’est pour vous”. En trois jours, j’étais embauchée. Ici, nous sommes polyvalents et l’on nous fait confiance»

Dominique lance une impression numérique. Cette machine peut imprimer sur tout support rigide jusqu’à 50 millimètres d’épaisseur.

Fouad, âgé de 62 ans, est arrivé il y a plus de deux ans, c’est la période maximale pour les salariés en insertion accueillis. En attendant de trouver un nouvel employeur, il forme les derniers arrivants. «J’avais ma propre boîte de gravure en Algérie. Puis je suis arrivé en France et pendant une dizaine d’année je n’avais pas de papiers. Une fois régularisé, j’ai commencé à chercher du travail parce que j’ai horreur de rester les bras croisés à ne rien faire, mais c’était difficile de trouver quelque chose du fait de mon âge. J’ai eu la chance d’être orienté vers cette structure. Se remettre au travail, ça redynamise, et psychologiquement, on se dit qu’on est utile», explique le Vitriot.

Fouad procède à la découpe d’une plaque en PVC.

Ici, les cadres aussi sont issus de l’insertion. C’est le cas de Marguerite Keita, la directrice générale de la société, qui, grâce à ses contacts auprès des clients de Marjolaine, parvient à y placer en moyenne un salariés sur quatre en fin de contrat. Chantal, la cadre administrative de l’entreprise, a également été titularisée après une période en tant que salariée en insertion. «J’ai fait une pause dans ma carrière pour m’occuper de mes enfants, mais quand j’ai voulu me remettre à travailler, tout avait changé, notamment à cause de l’informatisation», se souvient-elle. 

Mélanie, et Ninelli, les deux responsables techniques embauchées il y a 5 ans grâce au dispositif des emplois-tremplin désormais supprimés, constatent de véritables métamorphoses chez les salariés en insertion qu’elles voient évoluer en deux ans. «Ils arrivent parfois très introvertis, manquant d’assurance, sans penser qu’il s’agit d’une étape qui doit leur permettre d’acquérir une stabilité. Grâce à des entretiens réguliers avec la conseillère en insertion, ils peuvent se consacrer au travail l’esprit libre et développer leurs compétences, gagner en confiance et estime de soi. Même si le nombre de sorties positives sont de plus en plus nombreuses, les “au revoir” sont toujours un peu tristes».

Mélanie, responsable technique, auprès d’une machine à graver.

La difficile quête des marchés publics

En l’espace de 10 ans, environ 70 personnes sont passées par Marjolaine entreprise, généralement orientés par les agences Pôle Emploi du Val-de-Marne. Aujourd’hui, Marjolaine réalise un chiffre d’affaire annuel d’un demi-million d’euros. Seul le volet accompagnement social bénéficie de subventions publiques de la Direccte et des collectivité territoriales. En dehors de cette spécificité, l’entreprise se bat comme ses concurrentes pour l’obtention de marchés. Mais il existe encore un plafond de verre que Marjolaine peine à rompre : les marchés publics. «Dans le privé, nous traitons avec des clients qui à coût égal, vont nous faire confiance parce qu’ils sont sensibles à la dimension sociale et solidaire de notre entreprise et qu’ils sont satisfaits de la qualité et de nos délais. Une commande se passe très rapidement. Avec les acteurs publics, c’est beaucoup plus compliqué, il faut répondre à des appels d’offre. Nous nous y essayons une fois par an parce que cela prend un temps fou pour constituer un dossier d’une cinquantaine de pages. Jusqu’à présent, nous n’en n’avons jamais décroché un seul. Cette lourdeur administrative est dommageable parce qu’elle nous disqualifie pour des marchés importants tels que le Grand Paris», regrette Christian Gimel, président et trésorier de Marjolaine, qui a auparavant exercé à un haut poste de responsabilité dans un grand groupe pétrolier. 

Christian Gimel, président de Marjolaine

«Ici il faut tout suivre à l’euro près. Nous faisons peur aux banques qui sont peu familières de ce genre de structure. Nous tentons donc de gérer nos excédents de disponibilité pour faire en sorte d’être toujours en positif», ajoute le président.

Dans les prochaines années, l’entreprise s’apprête à recruter deux personnes pour pallier les départs des deux salariés en retraite. Un peu à l’étroit dans leurs locaux de la Haie-Griselle, Marjolaine cherche désormais à s’agrandir.

Abdelabdah est arrivé à Marjolaine il y a un peu plus de 2 mois. Cet ancien chauffeur manutentionnaire de 54 ans, est maintenant opérationnel sur son poste de gravure.

 

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