A l’abri des regards, la pépinière départementale du Val-de-Marne ouverte en 1976 s’étend sur 8 hectares et demi à Mandres-les-Roses, et abrite l’une des plus belles collection de lilas d’Europe. C’est également le lieu de passage obligé des milliers d’arbres qui longent les routes et ombragent les parcs départementaux.
C’est ici qu’ils grandissent, sous la vigilance des pépiniéristes qui veillent à combattre maladies et nuisibles avant de déterrer arbres et massifs pour les replanter ailleurs. «Retirons l’homme à l’arbre et ce dernier ne s’en sortira que mieux, en revanche, l’inverse n’est pas vrai», rappelle Marc Staszewski, ingénieur à la direction des espaces verts et du paysage du Conseil départemental, citant le botaniste Francis Hallé. Pour mener à bien leur mission, sept agents s’activent dans la pépinière mandrionne.
Créée depuis les années 1970, la pépinière n’a seulement été ouverte au public qu’en 2013, mais elle ne se visite qu’en groupe, en semaine et sur rendez-vous. Là, les visiteurs essentiellement val-de-marnais découvrent les collections et sont sensibilisés à tous les aspects environnementaux. Marc Staszewski mais également Johnny Pennetier, chef de culture de la pépinière et Gilles Perrin ayant travaillé à la direction des espaces verts sont les trois guides passionnés de botanique qui accueillent le public pour leur faire découvrir ce lieu magique.
A chaque plante son rôle dans l’écosystème, comme ces parcelles de trèfle, moutarde ou sarrasin dont les racines captent l’azote. Une fois poussées, les pépiniéristes les fauchent puis retournent la terre, chargée du gaz aux propriétés fertilisantes, prête à recevoir fleurs et arbres. C’est aussi avec du broyat issu des arbres abattus que les agents paillent les pieds des plantes pour empêcher la prolifération des adventices (mauvaises herbes). Un tapis de bois qui conserve également l’humidité et gorge la terre de matière organique en se décomposant. Les pépiniéristes récupèrent également du crottin de cheval auprès du domaine Groisbois, voisin de quelques kilomètres. Avant d’installer les plantations ailleurs, les végétaux sont d’abord testés sur leur résistance.
Ce n’est qu’après avoir compris les propriétés des végétaux observés dans la durée que les pépiniéristes décident de leur usage. Ainsi, l’écrasante majorité de platanes le long des routes du Val-de-Marne s’est petit à petit amoindrie au profit d’autres espèces. «Aujourd’hui le platane représente un tiers des arbres en bord de route. Un champignon, le chancre coloré, les attaque, et pour éviter tout risque, les autorités recommandent des méthodes prophylactiques particulièrement coûteuses. Si l’on détecte le champignon sur un platane, il faut l’abattre et le brûler sur place, et par mesure de précaution, faire de même avec ses deux voisins immédiats. Les hommes chargés de ce travail doivent être équipés de matériel phytosanitaire et le matériel utilisé doit être lavé. Pour l’instant, ce champignon s’est arrêté dans le Rhône, mais pour nous y préparer, nous avons introduit 60 essences différentes», explique Marc Staszewski. Érable, tilleuls et marronniers ont en outre les faveurs des élagueurs qui apprécient de pouvoir les tailler en rideau.
Deux collections d’exception à préserver
Au coeur de la pépinière, deux espèces de plantes labellisées collections nationales par le conservatoire des collections végétales spécialisées (CCVS) font l’objet de toutes les attentions. «Cet organisme recense les végétaux cultivés dans un état durable et représentatif de leurs performances végétatives naturelles, avec de bonnes connaissances de leur origine, de leur taxonomie et de leur variabilité génétique», détaille Marc Staszewski. Il y a tout d’abord, la collection de lilas, reconnue comme l’une des plus importante de France, voire d’Europe avec 650 variétés différentes. «Nous parvenons à enrichir la collection en travaillant avec des obtenteurs qui tentent d’hybrider des pieds pour trouver de nouvelles variétés. Grâce à la richesse de cette collection, nous sommes sollicités pour faire des échanges avec d’autres collectionneurs.» Les lapins sont particulièrement friands des oléacées dont fait parti le lilas et Ii faut donc protéger leurs pieds. Un terrassement d’un demi mètre a donc été réalisé en plus des clôtures. Sauf que ces animaux aux longues oreilles parviennent à creuser plus profondément pour aller se nourrir… Des chasseurs vont tenter de les capturer pour les envoyer dans des départements dont la population de lapin est déficitaire cet automne.
La deuxième collection dont les pépiniéristes ne sont pas moins fiers concerne les roses, que l’on peut voir à la roseraie départementale de l’Haÿ-les-Roses, avec près de 3300 variétés et 16000 pieds plantés sur 1 hectare et demi. «Si un rosier se meurt, nous nous tournons vers les commerces pour savoir s’ils l’ont en catalogue. Lorsqu’ils ne sont plus commercialisés, nous nous tournons vers les collectionneurs qui peuvent nous faire parvenir des greffons. Mais si nous nous rendons compte que nous sommes les seuls à posséder cette variété, alors nous faisons des doublons». C’est ainsi que la pépinière départementale compte de nombreux carrés de rosiers poussant depuis plusieurs années, prêt à être sortis de terre pour opérer un remplacement. Les pépiniéristes font également pousser de l’osier qu’ils utilisent pour palisser des rosiers à la manière ancestrale.
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