Le gymnase du parc interdépartemental des sports de Choisy-le-Roi s’est à nouveau organisé sous la houlette de l’association Coallia pour accueillir entre 60 et 100 migrants ce mardi 9 mai dans la matinée, suite à l’évacuation de 1 609 personnes qui s’étaient installées autour de la Porte de La Chapelle à Paris.
Dans le parc, quelques adolescents jouent au basket en écoutant de la musique, profitant du soleil après les cours. Derrière eux, de l’autre côté du terrain, des vêtements sont posés sur une haie d’arbustes, probablement pour sécher. Une dizaine d’hommes prennent l’air devant le gymnase où ils ont passé une partie de la matinée à remplir des démarches administratives avant de se voir remettre une carte mentionnant leur nom, prénom, accolés à une photographie. Un peu plus loin, cinq hommes âgés de 20 à 30 ans tentent de s’assoupir après l’évacuation matinale. «Je ne sais pas où nous allons être emmenés. Nous voulons rester près de Paris parce que nous y avons des amis qui nous aident. Je prie pour que nous trouvions une solution plus stable», s’efforce d’exprimer en Français Abdullah, un jeune Soudanais de vingt-cinq ans, tandis que ses compatriotes échangent en Arabe.
On se raconte la traversée
Posés dans l’herbe, deux hommes refont le monde sans toujours bien se comprendre. Majid parle l’Ourdou et a quelques notions d’Anglais. Il a quitté son Pakistan natal il y a cinq ans et se souvient de sa traversée du Moyen-Orient et de l’Europe. «La traversée de l’Iran à la Turquie, puis de la Turquie à la Grèce ont été les deux frontières les plus compliquées. Ailleurs, les forces de police ne nous ont pas trop posé de problèmes puisqu’elles avaient compris que nous n’avions pas l’intention de rester trop longtemps dans leur pays», se souvient-il. A ses côtés, Nias, à peine majeur, vient d’Afghanistan et s’exprime en Farsi, un peu en Anglais et a même quelques notions d’Allemand après son passage par l’Autriche. «Au départ, je voulais aller en Allemagne, mais j’ai finalement été envoyé en France. Je ne veux pas rester ici mais pour l’instant je m’en satisfais». Les deux jeunes demandeurs d’asile tentent de se repérer par rapport à Paris grâce aux plans de métro affichés dans le hall d’entrée du gymnase.
Ici, tout le monde doit être revenu avant 22 heures, lorsque les portes du parc interdépartemental se referment, et chacun peut sortir dès 6 heures du matin. A l’intérieur du gymnase, une centaine de lits de camps ont été disposés les uns à côtés des autres. Des douches et sanitaires sont également à disposition. Dans les jours à venir, la protection civile devrait leur fournir un nécessaire d’hygiène et des distributions de nourriture ont été mises en place dès leur arrivée sur le site. Quelques instructions en Arabe figurent également sur les murs. Déjà, des bénévoles et responsables s’activent pour préparer des activités, espérant mettre à profit les infrastructures sportives offertes par le complexe.
33 ème évacuation parisienne depuis juin 2015
Au total, 1609 personnes (essentiellement des demandeurs d’asile) dont 1 534 hommes majeurs et 75 personnes relevant du public vulnérable (mineurs isolés étrangers, femmes seules) ont été évacuées du secteur Porte de la Chapelle ce mardi, a communiqué la préfecture de région. “Elles sont accueillies de manière temporaire sur plusieurs sites mobilisés en Île-de-France, où elles pourront bénéficier d’un diagnostic social et sanitaire grâce à la mobilisation de personnels spécialisés. Les intéressés se verront rapidement proposer une orientation vers un dispositif d’accueil adapté à leur situation, sur l’ensemble du territoire national. Depuis le 2 juin 2015, 33 opérations d’évacuation de campements à Paris ont conduit à la prise en charge de 24 604 personnes. À cela s’ajoutent les prises en charge proposées par le Centre de premier accueil (CPA) de Paris qui, depuis son ouverture, le 10 novembre 2016, a permis à 9 808 personnes de bénéficier d’une solution d’hébergement adapté“, détaille la préfecture.
A lire aussi
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.