Nichée au cœur du grand ensemble de la cité Violettes-Pervenches, dans le quartier Jardin parisien à L’Haÿ-les-Roses, l’association Aspir accompagne depuis des années des jeunes scolarisés et adultes étrangers pour les aider à s’intégrer.
Assises autour d’une table, plusieurs femmes prennent part à un jeu de société un peu particulier. Tour à tour, elles tirent des cartes et posent à voix haute la question qu’elles découvrent. «Qui élit le maire ?», «le conseil municipal», répond du tac au tac l’une des participantes. Culture, vie citoyenne et aspect plus pratiques de la vie quotidienne… autant d’ateliers de lecture, écriture, expression ou mémoire dispensés ici.
L’association Aspir, Aide de solidarité pour l’insertion en réseau, qui existe depuis 20 ans sous diverse formes dans le quartier du Jardin parisien, propose aux personnes étrangères peu scolarisées de développer leur autonomie vis-à-vis des services publics, les aidant notamment dans leurs démarches administratives. Dans une pièce par exemple, un groupe travaille sur des lettres fictives de bailleurs sociaux pour s’entraîner à les lire, les comprendre et pouvoir y répondre. Ces ateliers qui sont suivis par une centaine de bénéficiaires chaque année se déroulent deux fois par semaine, les mardis et jeudis dans la matinée. Parallèlement aux ateliers socio-linguistiques, les bénévoles assurent un accompagnement d’accès aux droits, s’appuyant sur une dizaine d’ordinateurs pour réaliser des démarches de plus en plus souvent exclusivement réalisables en ligne. Les bénéficiaires qui ont des enfants scolarisés peuvent aussi être reçus en classe pour en comprendre le fonctionnement de l’école et des sorties thématiques au cinéma ou dans les bibliothèques sont également organisées. Au total, Aspir vient en aide à 450 personnes chaque année.
Cet accueil est assuré par une équipe de 9 bénévoles qui s’adaptent à chaque situation. Un groupe de parole destiné aux hommes a par exemple été créé pour répondre à leurs questionnements. «Ils sont en grande fragilité parce qu’en débarquant ici, beaucoup de choses se délitent au sein de la sphère familiale. Ils sont aussi en demande de légitimité et veulent trouver leur place notamment dans leurs rapports avec leurs enfants. Ce sont des papas courageux qui veulent s’impliquer davantage et veiller sur ce quartier», explique Elisabeth Oiffer, responsable de l’association.
Un accompagnement à la scolarité des jeunes du quartier
A peine quelque dizaines de mètres plus loin dans un autre pied d’immeuble, un local accueille les enfants des écoles élémentaires du Jardin parisien, les collégiens et d’autres jeunes primo arrivants pour les aider à surmonter leurs difficultés scolaires en fonction de leur emploi du temps. Alors que , depuis 1998, la mairie de L’Haÿ-les-Roses a lancé une action pour favoriser l’accompagnement à la scolarité des jeunes de la commune, la ligue de l’enseignement, lauréate de l’appel, a confié la gestion des trois sites à Apres, association pour la réussite éducative et scolaire à L’Haÿ-les-Roses dans laquelle se retrouvent des membres d’Aspir.
Cette association portée par 3 salariés à plein temps, quelques employés à mi-temps et 70 bénévoles concerne aujourd’hui 450 jeunes L’haÿsiens du CP jusqu’à la troisième, voire davantage. «Nous sommes ici dans un lieu qui a une vocation d’amortisseur social. Les bénévoles viennent des quatre coins de la ville et s’investissent dans un suivi à la carte, quasiment au cas par cas», résume Nelly Bitar, présidente d’Aspir et vice-présidente d’Apres. «Il faut ajouter que dans ce quartier en proie à des phénomènes de radicalisation, nous avons ici un rempart de la laïcité à tel point que ces lieux d’émancipation des femmes et des petites filles dérange», insiste le maire Vincent Jeanbrun, venu faire la visite avec le préfet Laurent Prévost.
La piste d’un financement pluriannuel pour davantage de pérennité
Profitant de cette visite officielle, les membres de l’association Apres ont fait part de leur inquiétude par rapport au coupes budgétaires de ces dernières années. Entre 2015 et 2016, le Programme de Réussite Éducative (PRE) qui assurait une part prépondérante des ressources financières de l’association a été modifié et elle ne peut plus autant en bénéficier parce qu’elle ne remplit pas le cahier des charges. «Auparavant, au titre du PRE, nous touchions 240 000 euros et l’État ne nous verse plus que 159 000 euros. Les crédits du budget politique de la ville n’étant pas fléchés comme le PRE, la somme restante doit être partagée entre les différents acteurs qui mènent des actions dans ce périmètre. Certes nous considérons qu’il y avait des économies à réaliser sur ces fonds mais nous nous souhaitons que ces actions dont l’efficacité est indéniable soient pérennisées», a fait remarquer le maire.
«Premièrement, le gouvernement a annoncé le maintien des crédits politique de la ville pour l’ensemble du quinquennat. Ensuite, nous voulons faire évoluer le financement de ces structures associatives pour qu’elles puissent se projeter dans l’avenir. Il est difficile de pouvoir mener des projets à bien si l’on est dans l’incertitude d’obtenir des fonds d’une année à l’autre. Dans l’ensemble des quartiers prioritaire de la politique de la ville nous allons développer les conventions pluriannuelles de financement», a indiqué de son côté Laurent Prévost.
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