A Ivry-sur-Seine, juste côté de la station de RER C, l’agence Atnet Planet creuse le sillon de la communication sur Internet depuis une quinzaine d’années, avec désormais un déploiement en Afrique du Sud. Rencontre avec Olivier Cerf, son président fondateur.
Lorsqu’il était petit, Olivier Cerf voulait faire du commerce, comme son père, spécialisé dans l’export. C’est donc naturellement dans la distribution qu’il fait ses armes, une fois diplômé de l’école de commerce Inseec, comme chef de rayon d’un hypermarché, puis responsable du merchandising d’une enseigne, jusqu’à devenir directeur du projet Internet chez Carrefour.
Alors que la bulle Internet explose en 2001, les enseignes se replient mais le trentenaire garde sa foi dans le web. Il part faire un MBA HEC avec ses indemnités et se rend aux Etats-Unis s’inspirer des tendances. C’est là-bas, en feuilletant un fanzine, que ce passionné de musique découvre les techniques du marketing viral.”Je me suis dit que c’était idéal pour faire la promotion des artistes“, se souvient Olivier Cerf.
Cet article s’inscrit dans le cadre de la rubrique Histoires d’entreprises et d’entrepreneurs, rédigée – en toute indépendance – grâce au soutien de la CCI du Val-de-Marne, pour donner à voir la géographie entrepreneuriale du département. Voir tous les articles publiés dans cette rubrique.
C’est le début de l’aventure pour l’agence Atnet Planet. “Nous avons été la première agence de marketing viral en France, avec, entre 2001 et 2008, les lancements d’albums de Mika, Lady Gaga, Iron Maiden, Daft Punk, Muse… “ Le principe est simple : les fans d’un groupe s’inscrivent sur un site qui propose des kits de promotion avec un lien html personnalisé, et en font ensuite la promo sur leur blog ou des forums. Dès que quelqu’un clique sur le site de l’artiste, à partir de ce lien, le fan gagne un point. Cette monnaie permet de gagner des tee-shirt, photos ou autres produits dédiés aux fans. “Cela marchait très bien mais on se retrouve vite enfermé dans une case et dès 2004-2005, nous avons voulu nous diversifier et reproduire notre savoir-faire en allant vers les marques, avec toujours une forte dimension événementielle.”
Les réseaux sociaux : des applis interactives à l’achat d’espace
En 2008, nouvelle crise économique, mais aussi déploiement des réseaux sociaux, l’occasion d’une nouvelle diversification. “Nous avons adapté les techniques de viralité aux réseaux sociaux et commencé à travailler les applications Facebook. Depuis, le métier a encore évolué et l’interaction avec les réseaux sociaux s’est transformée en achat média. Il y a quelques années, nous vendions plusieurs applications Facebook par mois, aujourd’hui plus du tout. En revanche, notre agence a développé l’achat d’espaces sur le digital. L’objectif était de nous diversifier davantage pour proposer un service global afin de conserver nos marques et d’en conquérir de nouvelles. Dans ce métier, il faut toujours avoir un quart d’heure d’avance, pas une demi-heure mais un quart d’heure”, insiste l’entrepreneur qui s’astreint chaque matin à commencer sa journée par une heure de veille.
Cap sur l’Afrique du Sud
L’agence se diversifie aussi géographiquement, avec une filiale à Barcelone et une autre… à Johannesburg ! “J’ai un fils journaliste qui est parti faire une année d’étude là-bas et lorsque j’ai été le voir j’ai eu un choc ! Ensuite, j’y suis retourné avec mon directeur technique à l’occasion d’un voyage d’étude organisé par la CCI. Nous avons eu 40 RDV en deux semaines et sommes revenus convaincus. Aujourd’hui, nous avons ouvert avec deux partenaires locaux et le business y décolle fortement. J’y vais en moyenne une dizaine de jours tous les deux mois. Nous essayons aussi d’en faire un projet social en recrutant des jeunes issus des townships. Si la tendance se poursuit, je pense que l’agence de Johannesburg peut réaliser un chiffre d’affaires supérieur à celui de la France, et nous commençons également à envisager à la Namibie, le Zimbabwe et les autres pays anglo-saxons à proximité”. Une dimension internationale qui permet aussi de décrocher des contrats plus larges avec les marques. “Nous avons un contrat cadre mondial avec Spotify”, cite le fondateur d’Atnet Planet.
Programmeurs-développeurs : la quête du Graal
Les difficultés ? La construction de l’équipe et le financement lors des coups durs. “Construire une équipe dans le digital est complexe. Il faut à la fois trouver les compétences et veiller à ce que les gens s’apportent les uns les autres. Surtout, il y a des pénuries dans certains profils comme les programmeurs web. Cela fait sept mois que l’on recherche un développeur expert. Il est arrivé qu’un candidat appelle depuis le RER où il se trouve pour venir nous voir, nous annonçant qu’il venait d’être recruté ailleurs. On forme aussi des jeunes en alternance mais ils s’en vont dès qu’ils sont formés et au final, cela nous revient plus cher car nous consommons du temps”, détaille Olivier Cerf.
Ce financement qui ne passe pas par les banques
L’autre obstacle, classique, est celui du financement, surtout en cas de coup dur. Là-dessus, inutile de parler des banques au patron d’Atnet Planet, qui a connu une période de fragilité l’an dernier après le recrutement non réussi d’un commercial. “Aujourd’hui il y a une banque où nous avons une vingtaine d’euros sur le compte, je suis sûr que si un chèque de 100 euros passe, la banque le cassera ! C’est malheureux à dire mais le seul financeur des entreprises en cas de coup dur, c’est l’Etat, avec qui il est est plus facile de négocier et rééchelonner pour payer certaines charges. Et pour financer notre développement, nous nous appuyons sur le crédit impôt recherche”, témoigne l’entrepreneur. Aujourd’hui, l’agence, installée en openspace d’un cinquième étage dominait la ville d’Ivry-sur-Seine, emploie 25 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.