Construction de nichoirs pour abeilles sauvages, découverte d’un site de nidification, dégustation de miel bio, débats sur la diversité des pollinisateurs … L’association “Abeille Machine” organisait une journée spéciale pour apprendre tout ce qu’il faut savoir sur les abeilles sauvages à Fontenay-sous-Bois ce samedi. L’occasion de faire le plein d’idées.
Créée il y a maintenant huit ans, l’association fontenaysienne compte une quarantaine d’adhérents, pour 8 bénévoles et 3 salariés. “C’est une journée centrée autour des abeilles solitaires, dont on ne tire pas de production de miel. Ces espèces sauvages déjà existantes peuvent rentrer en compétition avec les abeilles de ruches artificiellement installées par les êtres humains dans un milieu naturel clos, celui de la ville. On veut passer un message de prudence par rapport à l’apiculture en ville, parce que sous couvert d’enrichissement de la biodiversité en ville, on peut très bien provoquer sa paupérisation. Ce message est destiné aux apiculteurs, aux gens intéressés par la nature, tout un chacun. On a souvent ce glissement au niveau des volontés humaines, c’est-à-dire qu’ on simplifie les messages mais c’est un tout petit peu plus compliqué. Tout l’intérêt est de rendre cela accessible au plus grand nombre pour que l’avenir ne soit pas donné à des spécialistes, donneurs de leçon, mais que tous puissent être armés au niveau de ses connaissances pour être critiques face aux changements de l’environnement qui nous sont imposés” argumente Cédric Chenevière, apiculteur et responsable de projet de l’association.
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Des nichoirs d’abeilles pour mettre dans le jardin
Ces maisons fabriquées avec des briques de lait, de la mousse de matelas et du papier kraft, sont censés garantir un abri pour ces abeilles et permettre leur reproduction puisque les abeilles viennent y pondre leurs œufs. “Si on peut contribuer à notre niveau, on peut répondre à la crise du logement pour certaines espèces d’abeilles, surtout en ville, et sauvegarder de la diversité des pollinisateurs, avec un simple fagot que l’on pourra accrocher sur un arbre ou sous la fenêtre de notre maison. Plus il y a de biodiversité de pollinisateurs, plus la pollinisation sera efficace en quantité et variété” démontre Nadia, salariée de l’Abeille Machine, participant à l’animation d’un atelier de construction de nichoirs. Autour de la table, Alexandrine est aux fourneaux avec les enfants. “Il faut qu’il y ait des abeilles pour les enfants demain. Je veux leur montrer qu’ils font partie d’un tout. Et puis, il y a aussi le plaisir de la manipulation et le côté ludique de la fabrication. Ce nichoir ira sur notre terrasse !”
“Ces plantes alimentaires ont besoin des abeilles”
L’association et épicerie bio “Bulles de vie” basée à Fontenay-sous-Bois avait également un stand de fruits et légumes frais. “Toutes les plantes alimentaires qu’on présente ont besoin des abeilles. Si les abeilles disparaissaient, on en trouverait beaucoup moins, ce qui serait très dommage pour la diversité de notre alimentation, surtout des fruits et des légumes. On sensibilise au développement de l’agriculture biologique parce qu’on considère qu’elle est bénéfique pour les abeilles, en ce sens qu’elle n’utilise pas des produits chimiques de synthèse, qu’elle adopte également des pratiques agro-écologiques, par la rotation des cultures et la diversité des cultures qu’on produit, qui sont favorables à la diversité des ressources alimentaires pour les abeilles. Si on est dans une monoculture très intensive, où par exemple toutes les graines de tournesol sont récoltées et que rien n’est planté ensuite, elles ont des périodes de rupture alimentaire” explique Martine, bénévole de l’association.
Egalement sensible à l’agro-écologie et à la permaculture, l’association Montreuilloise de jardinage expérimental “Le Sens de l’Humus” venait faire part de leur engagement local pour leur ville, à travers des projets de jardin solidaire, de compostage collectif et de valorisation de patrimoine des Murs à Pêches. Là aussi, les abeilles sont centrales pour la pérennité de leurs activités. “On n’a pas autant d’abeilles qu’on voudrait à cause des prédateurs, et parce qu’elles n’ont pas assez à manger. On a commencé avec 8 ruches mais on n’en a plus que 2 aujourd’hui. Le contexte n’est pas toujours favorable, mais un apiculteur travaille en ce moment pour y remédier” positive Frédéric, bénévole. Pour dégager quelques bénéfices, l’association mettait en vente des jus de fruits bio.
Des initiatives qui donnent des idées
Comment attirer ces abeilles sauvages dans son jardin ? C’était aussi une interrogation pour quelques visiteurs, comme Sébastien qui vit à Champigny, et ne cache pas son faible pour le bon miel. “J’attends qu’un essaim vienne faire son nid dans ma ruche pour pouvoir faire mon miel, polliniser mes arbres fruitiers et mes plantes comestibles. J’aime le côté sympa d’avoir une ville composée d’insectes intelligents. Je recherche une solution pour avoir plusieurs ruches dans mon jardin” envisage le Campinois.
A la découverte d’un site de nidification d’abeilles sauvages en ville
Pour renouer le contact entre l’homme et la nature, une vingtaine de visiteurs ont alors enfourché les vélos pour aller découvrir un site de nidification d’abeilles solitaires dans un quartier résidentiel à Val de Fontenay. “On va faire une reconnaissance naturaliste sur place pour éduquer le regard et changer l’attention qui est portée” explique Cédric Chenevière, qui s’est improvisé guide pour la ballade de l’après-midi.
Arrivé sur place, le groupe a pu repérer la zone grâce à des panneaux de signalisation mis en place par l’association depuis deux ans pour informer les résidents de la non dangerosité des abeilles. “Mieux vaut avertir quand il y a des abeilles en ville” recommande effectivement Julie, adhérente de l’Abeille Machine, qui a apprécié cette surprenante rencontre. Voilà près de quatre ans que ces abeilles sauvages ont pris leur quartier. Mais comment rassurer ceux et celles qui vivent à proximité d’un tel nuage de petites abeilles ? “C’est sans aucun danger. Ces abeilles ne sont absolument pas dangereuses. Leurs femelles peuvent piquer mais elles sont complètement obnubilées par leur travail. Faudrait les coincer réellement. Tout à l’heure, j’en ai pris une sur la main et elle est restée dessus sans contrainte” rassure Cédric Chenevière. “Ce sont même des lieux qui sont assez rares. Ce sont des habitants du quartier comme eux le sont.”
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