S’ils ne se montrent pas dans les manifestations, les professeurs de médecine de l’hôpital Henri Mondor ont clairement pris position contre le transfert de la transplantation hépatique à Paul Brousse,
à l’occasion de la Commission médicale d’établissement locale du 24 novembre, et ont adopté une motion à l’unanimité pour défendre l’intégrité de leur service.
“La transplantation hépatique est aujourd’hui au coeur de plusieurs dimensions stratégiques du projet du GH (– un projet foie pour la prise en charge des maladies du foie en amont et en aval – intégré au sein d’un pôle qui affiche la transplantation comme un axe fort sur le plan médical et universitaire, autour d’un DHU et de plusieurs équipes INSERM – dans un contexte de transplantation multi-organes au sein d’un GH qui est aujourd’hui le premier site de prélèvement en Ile de France et le 5e au plan national.) Le transfert de de l’activité chirurgicale à Paul Brousse représente une menace forte pour les autres activités de transplantation et au-delà pour les autres spécialités impliquées dans la greffe“, ont ainsi exposé les professeurs lors de cette commission.
Ces derniers ont également recensé les activités et les structures impactées en cas de transfert d’activité, comprenant une quinzaine d’impacts lourds (voir le compte-rendu complet de la CMEL). “Il y a donc indiscutablement un panel d’activité qui s’est développé autour de la transplantation hépatique depuis 15 ans et qui ne peut être remis en question du fait du seul départ d’hommes. Trois pistes ont été identifiées pour surmonter cette difficulté : renforcer le recrutement des maladies hépatiques en étendant la filière de recrutement des hépatites virales C à l’ensemble des maladies hépatiques (77-91-94); renforcer à très court terme l’équipe de chirurgie hépato-biliaire pour assurer la pérennité de la prise en charge des patients en attente de gestes de résection ou transplantation hépatique, et continuer à développer l’axe multi-organes, avec un maintien de la transplantation hépatique et maintien des transplantations multi-organes”, ont détaillés les professeurs P Grimbert et A Luciani.
Préserver l’expertise globale de Mondor
Concernant les positionnements respectifs des deux hôpitaux, ils ont également insisté sur le fait que “Paul Brousse est un centre de transplantation hépatobiliaire d’excellence, alors que la spécificité de Mondor est de pouvoir présenter un centre intégré de la prise en charge des maladies du foie dans un CHU de transplantation multi-organes, donc un service médical rendu dans sa globalité.”
“En terme de qualité, un certain nombre de publications émanant du service d’hépatologie du CHU Mondor ont impacté très significativement la politique générale de transplantation hépatique au plan national et international” et “le modèle de Mondor pour le cancer primitif du foie a été adopté par l’Agence de la Biomédecine et d’autres pays pour piloter les indications dans ce domaine”, a également insisté le professeur Duvoux.
Le professeur Rahmouni, lui, a rappellé que “le projet médical d’établissement inclut depuis plus de 30 ans la transplantation du foie“, s’interrogeant sur “le caractère surprenant de la suppression d’une activité chirurgicale de Mondor à la veille de la mise en oeuvre de RBI pour le déporter sur le site de Paul Brousse, structure isolée dont la fermeture à terme a été évoquée à plusieurs reprises au cours des dernières années.”
Projet bi-site : “une menace majeure”
Concernant la perspective d’un projet bi-site, le professeur Grimbert le considère comme “une menace majeure sur l’ensemble du parcours de soins du patient transplanté, hépatique dans l’immédiat, et probablement d’autres organes demain.”
Le professeur JC Merle encore, estime “que le départ de la transplantation hépatique représente une catastrophe annoncée, notamment pour l’anesthésie-réanimation“.
Au terme de leur commission, c’est à l’unanimité que les professeurs présents ont adopté une motion en trois points : “le caractère stratégique de l’axe de transplantation hépatique et le souhait de renforcement du recrutement de patients dans cette filière, la demande un renforcement rapide de la chirurgie hépato-biliaire, et la vision du GH d’un centre intégré mono-site qui fait de la greffe multi-organes.”
Voir le compte-rendu complet de la CMEL
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