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Environnement | | 22/09/2017
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Un pas de plus vers la reconstruction de l’incinérateur d’Ivry

Un pas de plus vers la reconstruction de l’incinérateur d’Ivry © Syctom

Le projet de reconstruction de l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine continue de tracer sa route. Alors que le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, ne s’est pas encore positionné sur le sujet malgré les demandes des élus locaux, l’enquête publique visant à mettre en compatibilité le plan d’urbanisme

de la ville avec la nouvelle unité d’incinération des ordures ménagères (UIOM) vient de recevoir un avis favorable du commissaire-enquêteur.

Malgré la tenue de l’enquête publique en début d’été (du 19 juin au 19 juillet), près de 274 observations ont été formulées lors des permanences ou rédigées sur les registres, toutes hostiles au projet sauf une, mentionne le commissaire enquêteur, pour qui l’enquête, “bien que correctement présentée, a généré une confusion entre son objet, la mise en compatibilité du PLU, et le projet de transformation du centre Ivry-Paris XIII proprement dit, une ambiguïté entre la forme, la procédure administrative, et le fond, la démolition-reconstruction d’un équipement de traitement des ordures ménagères.”

La mise en compatibilité du PLU s’inscrit en effet comme l’une des étapes pour faire avancer le projet, après le nouveau vote du Syctom (le syndicat intercommunal en charge de la gestion des déchets pour environ 80 villes de l’agglo parisienne) en janvier dernier et les séances tendues sur le sujet en Conseil municipal d’Ivry. Et même si l’enquête ne portait pas sur le bien-fondé ou non de cette reconstruction, contre laquelle s’oppose une partie de la population et les associations de préservation de l’environnement, elle constituait pour ses détracteurs une occasion d’exprimer leur désaccord, concernant non seulement l’impact urbain du projet mais aussi le projet en lui-même.

Parmi les thématiques récurrentes, les participants ont insisté sur l’absence de mesures de la qualité de l’air sur le site. Le commissaire-enquêteur a indiqué sur ce point qu’. «une étude réalisée par Airparif en 2014 pour caractériser les niveaux de particules et de métaux dans l’air ambiant autour de l’usine Syctom d’Ivry n’ont pas montré d’influences des émissions de l’UIOM sur les données récoltées durant la campagne de six semaines»Les observations ont également souligné l’absence de vues sur le rendu architectural du nouveau centre. Le commissaire-enquêteur rappelle sur ce sujet que la hauteur maximale des constructions et installations de la Syctom dans ce périmètre sont limitées à 51 mètres avec quelques exceptions de déplafonnements pouvant aller jusqu’à 103 mètres pour la cheminée. «L’installation projetée n’atteindra pas nécessairement ce maximum projeté. Quoiqu’il en soit, les services instructeurs de l’Etat et notamment l’Architectes des Bâtiments de France veilleront à la bonne insertion des installations dans le paysage urbain», assure le rapporteur.

De nombreux participants ont aussi pointé le «coût exorbitant» de la reconstruction ou encore de son «incompatibilité avec les recommandations du Grenelle de l’Environnement, de la COP 21 et la loi». Concernant le projet en lui-même, le commissaire-enquêteur a rappelé qu’il ferait l’objet de demandes d’autorisations qui seront examinées par les services de l’État compétents et feront l’objet en temps voulu, d’une enquête spécifique.  

Le Collectif 3R et Zero Waste France, qui ont également participé à cette enquête publique, comptent également sur l’aboutissement de leur recours administratifs pour contester le projet, même s’il n’a pas d’effet suspensif sur les procédures à venir.

Télécharger le rapport du commissaire-enquêteur

L’avis de Nicolas Hulot très attendu

Le 25 juillet dernier lors de l’audition de Nicolas Hulot par la commission pour le développement durable de l’Assemblée Nationale, la députée LFI de la circonscription, Mathilde Panot, avait interpellé le ministre à ce sujet. «Sur ma circonscription, la reconstruction de l’usine d’incinération d’Ivry Paris XIII coûtera deux milliards d’euros d’argent public pour un besoin qui n’a pas été démontré. L’Ademe a d’ailleurs pris position en avril 2017, pour dire que la France avait assez d’incinérateur et que l’avenir était à la réduction et au réemploi des déchets. Alors que des solutions alternatives existent, quels engagements prenez-vous sur les projets d’incinérateurs ?» Mais le ministre de la Transition écologique et solidaire avait du ce jour là quitter l’audition sans répondre aux questions de la députée, pour raisons de santé.

Faute d’avoir pu entendre la position officielle du gouvernement, le maire PCF d’Ivry-sur-Seine, Philippe Bouyssou,  a envoyé une lettre ouverte au ministre cet été. «Il m’apparaît dangereux de remettre en cause la reconstruction de cette usine destinée à traiter 540 000 tonnes de déchets par an  à l’horizon 2023, sauf à prendre le risque de poursuivre et de développer l’enfouissement, ce qui constituerait un véritable drame écologique. Je laisse de côté, avec vous Monsieur Le Ministre, les multiples tentatives d’instrumentalisation politique dont un projet de cette ampleur fait l’objet depuis dix ans à l’échelon local. Je préfère concentrer mon attention sur les arguments portés par les associations (collectif 3R et Zero Waste France) que je résumerai  en deux points :1) les prévisions de tonnage de déchets à traiter sur lesquelles le Syctom appuie son projet de reconstruction, manquent d’ambition et ne sont pas conformes aux objectifs fixés par la LTE (loi de transition énergétique) 2) l’argent public destiné à ce projet devrait être réorienté sur les investissements nécessaires pour améliorer les performances de tri et réduire les déchets. Jusqu’à aujourd’hui, compte tenu du silence de vos prédécesseurs, le débat sur ce projet se trouve donc “coincé” entre les arguments du Syctom et ceux des associations qui y sont opposées, ce qui, à mon sens, ne permet pas d’avoir un regard éclairé sur cette question pourtant essentielle.» 

Le collectif 3R a également envoyé une lettre ouverte à Nicolas Hulot pour lui demander sa position.

L’Etat doit se positionner sur ce sujet”

En cette fin septembre, l’élu n’a toutefois pas encore obtenu de réponse. “Il s’agit pourtant d’un projet à un milliard d’euros qui est très politique et soulève de nombreux débats. L’Etat doit se positionner sur ce sujet et ne pas le laisser gérer uniquement sur le plan administratif par les autorités préfectorales. Lorsque l’on gouverne un pays, il est important d’avoir des points de vue sur les sujets stratégiques importants. Ce silence donne à penser qu’il y a une gêne sur le sujet“, regrette Philippe Bouyssou.

Création d’une mission d’information municipale sur l’Unité de valorisation organique

Alors que le projet comporte deux unités : une unité d’incinération et une autre de création de compost en envoyant les déchets organiques dans des centres de traitement des boues usées du Siaap, à Valenton ou Achères, la ville d’Ivry-sur-Seine va créer une mission d’information municipale pour réfléchir sur cette deuxième tranche du projet, indique le maire de la commune.

Rappel du contexte

Pour mémoire, l’objectif de cette nouvelle usine est de mettre à niveau le centre de tri et d’incinération vieillissant d’Ivry, mis en service en 1969 et qui couvre 38% des capacités de traitement du Syctom, le syndicat en charge de la gestion des déchets ménagers de 84 communes de l’agglomération parisienne. La nouvelle usine prévoit de réduire sa capacité totale de traitement d’un quart (passant de 770 000 tonnes traitées par an à 554 000 tonnes) mais aussi de diminuer la proportion des déchets incinérés de moitié, le reste étant valorisé en séparant la matière organique pour traiter séparément les bio-déchets. Initialement, il était prévu de  faire sur place du compost avec la partie fermentescible des déchets, mais cette option, controversée en raison de sa dangerosité, a été abandonnée. La partie fermentescible devrait être envoyée en méthanisation avec les boues des stations d’épuration tandis que le tri-préparation permettra de générer des CSR (combustibles solides de récupération) qui seront séchés puis brûlés. Après une première étape de concertation publique en 2009, le projet, qui divisait les élus locaux et était fortement contesté par un certain nombre d’habitants réunis dans le collectif 3R,  a  fait l’objet d’une nouvelle discussion entre la fin 2015 et juillet 2016. Des associations comme Zero Waste France, FNE-Ile-de-France et le Collectif 3R ont travaillé sur des propositions alternatives comme le plan B’OM consistant à réduire massivement les déchets afin de rendre inutile la reconstruction de l’usine.  Voir les pistes d’évolution du projet telles que rendues compte par le Syctom au terme de cette nouvelle concertation.  En 2015-2016, une nouvelle concertation sous forme de groupes de travail a eu lieu, avant que le projet ne soit à nouveau entériné par le Syctom en janvier. Une première tranche de travaux a d’ores et déjà été votée.

Travaux dès 2018, mise en service de la première tranche en 2023

Si le projet suit son cours, la prochaine étape concernera l’instruction des demandes de permis de construire et d’autorisation d’exploiter, d’ici la fin 2017. Les travaux de la nouvelle unité de valorisation énergétique pourraient alors commencer en 2018, à côté de l’usine actuelle, pour une mise en service en 2023. A cette date, commencera alors la déconstruction de l’usine d’incinération existante et la construction de l’unité de valorisation organique qui devrait être mise en service en 2027. Le coût de l’ensemble, indiqué par le Syctom, s’élève à environ 1 milliard d’euros. Le groupement retenu pour construire et exploiter l’usine est le groupement conjoint IP13 (mandataire), filiale de Suez Environnement, Eiffage TP, Chantiers Modernes BTP, Inova, Hitachi ZosenInoca, Vinci Environnement, Vinci Energies, Satelec, BG Ingénieurs Conseil et AIA Architectes Associés.

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