Politique locale | | 29/09/2017
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Les départements refusent de disparaître dans la métropole

Les départements refusent de disparaître dans la métropole

Alors que les présidents des 12 territoires qui composent la Métropole du Grand Paris s’organisent pour défendre leur vision d’une fédération de territoires qui coopèrent contre une métropole centralisée, les départements de toute la région s’unissent également face aux appétits métropolitains. A l’occasion de son déjeuner de presse de rentrée hier, Christian Favier, président du Conseil départemental du Val-de-Marne, a donné le coup d’envoi de la rébellion. 

“Ce n’est même plus une fusion des trois départements de petite couronne  (ndlr, Val-de-Marne, Hauts de Seine et Seine-Saint-Denis) mais bel et bien une suppression de ceux-ci qui est désormais envisagée“, indique le président du Conseil départemental. Les compétences seraient alors entièrement redistribuées à la métropole, la région, l’Etat. “Je ne nie pas le fait métropolitain. Il existe en effet des sujets qui doivent être coordonnés à l’échelle métropolitaine”, admet l’élu, qui craint toutefois “que cette réforme par la suppression des départements au sein de la Métropole conduise à supprimer toutes les politiques publiques originales développées dans nos départements de petite couronne.” Et l’élu PCF de défendre la dimension d’expérimentation de politiques publiques des départements, citant la mise à disposition des ordinateurs au collège, les crèches départementales… “Nos collectivités contribuent aussi à l’investissement”, insiste l’ancien sénateur, évaluant à environ 1 milliard d’euros par an l’investissement des trois départements de petite couronne et rappelant les quelques 350 millions d’euros d’investissement annuel du Val-de-Marne.  “Cette logique libérale tend à faire croire que ce dont les populations ont besoin c’est que Paris rivalise avec Londres, New-York ou Tokyo et non d’un emploi stable, d’un logement accessible et de transports efficaces. Personne n’est dupe. Ce n’est pas par une réforme technocratique que l’on fait « rayonner » le Grand Paris. C’est par l’investissement public pour des équipements structurants, c’est par l’amélioration du cadre de vie et tout ce qui fait que la vie est plus agréable, de l’espace vert à la place en crèche, de l’accès au très haut débit à la qualité de l’air”, appuie le patron du département.

Départements de grande et petite couronne font tribune commune

Pour défendre leur cause, les trois départements de petite couronne ont trouvé des alliés au-delà de la métropole. Car les départements de grande couronne (Yvelines, Seine-et-Marne, Essonne, Val d’Oise), même s’ils ne sont pas menacés de disparition, ne goûtent guère à la construction de cette métropole qui s’arrête à leurs frontières, d’autant que l’idée circule à nouveau d’une métropole qui englobe le pôle de Saclay et l’aéroport de Roissy, les deux gros pôles économiques de la grande couronne. Pour se prémunir de cette nouvelle barrière périphérique, les Hauts-de-Seine et les Yvelines ont décidé de fusionner, mais cette union a peu de chances d’être validée par l’Etat. Dans ce contexte, les départements de grande couronne ont tout intérêt à faire la mêlée avec leurs voisins de petite couronne. D’ores et déjà, date a été prise le mardi 10 octobre. Les 7 départements de la région se sont donné rendez-vous au siège de l’Assemblée des départements de France pour faire une déclaration commune. Reste à savoir quelle sera la position de Paris, qui a déjà fusionné son conseil départemental et municipal. La région, elle, ne manque de faire savoir régulièrement tout le mal qu’elle pense de la métropole, considérant que le Grand Paris doit coller au périmètre Ile-de-France.

Quelle concertation avec les élus ? avec les citoyens ?

Si les actions collectives de la part des élus commencent à s’organiser, aussi bien du côté des présidents de territoire que des départements, les informations concernant les perspectives d’évolution tombent au compte-goutte, à l’occasion de fuites ou conversations à moitié formelles, ce qui contribue à l’agacement. “Malgré l’engagement pris par le Président de la République de tenir une « concertation approfondie », les informations en notre possession sont issues de confidences et d’échos de la presse ce qui ne constitue pas – vous en conviendrez – ni une concertation approfondie, ni une méthode respectueuse des élus“, s’agace Christian Favier qui envisage également une mobilisation de la population, comme cela fut le cas il y a quelques années, alors que les départements de petite couronne étaient déjà sur la sellette. 

Alors que les trois départements de la petite couronne emploient environ 20 000 agents, dont 8 000 en Val-de-Marne, le président du Conseil départemental a également indiqué qu’il rencontrerait les syndicats ce matin.

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