C’est une première depuis leur élection le 18 juin dernier à l’Assemblée nationale. Quatre députés val-de-marnais de la majorité présidentielle ont rencontré des chefs d’entreprise du territoire à l’initiative du Medef de l’Est parisien ce mardi matin,
à l’invitation d’Hervé Allart de Hees et Pascale Luciani-Boyer, respectivement président et vice-présidente du Medef 93-94.
Sur place, les patrons n’avaient pourtant pas tous voté pour les candidats La République en Marche ni Modem et ne s’en sont pas cachés. «J’aurai préféré qu’un autre candidat remporte la présidentielle, mais nous allons devoir travailler ensemble», avoue Muriel Acat-Vergnet, PDG de Prova, entreprise familiale experte en arôme, au député de la deuxième circonscription du Val-de-Marne, Frédéric Descrozailles. «Il faut que vous nous donniez les moyens de relever le défi», plaide-t-elle.
Pendant plus de deux heures, Maud Petit (Modem), Laurent Saint-Martin, Albane Gaillot et Frédéric Descrozailles (LREM) ont échangé avec des dirigeants d’entreprises de tailles diverses. A l’approche du vote de la loi d’habilitation à modifier par ordonnance le code du travail, les élus de la majorité présidentielle sont venus avec pour leitmotiv de rassurer ces patrons sur leurs intentions, n’hésitant pas à prôner l’application de «ce qui fonctionne» [pour le] secteur privé, où ils ont tous fait carrière, à la fonction publique.
«Aujourd’hui je suis contrainte d’embaucher des consultants indépendants parce que j’ai énormément de mal à recruter des salariés à cause de la lourdeur des cotisations sociales. Certains candidats me disent que les 2600€ brut que je propose sont indécents. Je comprends que la vie en région parisienne requiert des ressources importantes mais nous sommes limités par les prélèvement pour envisager toute augmentation. Je pense également qu’il y a un énorme décalage entre les compétences présentes sur le marché de l’emploi et les besoins réels des entreprises. Il faut que le monde de l’entreprise et l’Education nationale se réconcilient. Les études supérieurs ne sont faites pas pour tout le monde, il faut promouvoir les filières techniques», juge Sandrine Beaulieu dirigeante fondatrice d’Acérola Carrière, un cabinet de recrutement et un centre de bilan de compétences basé à Neuilly-Plaisance et Montévrain.
«Il y a un effort de simplification à réaliser. Plutôt que de nous faire bénéficier de dispositifs de crédits d’impôts comme le CICE, l’État devrait nous faire bénéficier des allègements directement. Au final, nous perdons le bénéfice de ses mesures en devant se payer les services d’experts comptables et de consultants pour justifier que nous sommes éligibles à la réduction d’impôts. Il faudrait également que la législation soit beaucoup plus souple sur les CHSCT et les CE qui sont des tracasseries pour une ETI. Nous avons bien conscience que la baisse des charges sociales est limitée par les politiques en matière de baisse de la dépense publique. Il faut sanctuariser les domaines qui créent de la valeur comme la justice ou la santé, mais il y a d’autres secteurs dans lesquels des efforts pourraient être réalisés», considère Muriel Acat-Vergnet.
Pour un dirigeant de PME de Villiers-sur-Marne, il faut s’inspirer d’outils déjà existants en matière de simplification pour recruter. «J’aurai aimé bénéficier du dispositif d’aide à l’embauche Sylae. Or, pour bénéficier des baisses de charges sociales, il fallait réaliser tout un tas de démarches administratives qu’un dirigeant de PME n’est pas tout le temps capable de réaliser. La plupart des gens abandonnent, découragés par cette usine à gaz. Puis, finalement, vous vous rendez compte que l’on vous demande de payer pendant les trois premiers mois de période d’essai le salarié à un salaire normal avant de bénéficier le quatrième mois des réductions de charges. Ce sont des délais beaucoup trop long pour la trésorerie d’une entreprise de taille moyenne. Quand je vois la simplicité d’utilisation des chèques emploi service qui ont largement convaincu les ménages à ne plus recourir au travail au noir, je me demande pourquoi un tel outil ne nous est pas proposé », se demande-t-il.
«C’était un dialogue franc, nous avons échangé de façon concrète et sans complaisance. Les rencontres de ce type sont salutaires puisqu’elles nous permettent d’évaluer la pertinence des politiques en cours d’élaboration. Plus généralement, nous sommes favorables à l’introduction d’une dose de vocabulaire du monde de l’entreprise au sein de l’administration : indicateur de performance, notion de service aux usagers. Nous sommes prêts à simplifier le code du travail pour libérer ses entreprises de ses contraintes administratives et qu’elles puissent se focaliser sur leur cœur de métier et leur croissance», analyse de son côté le député Frédéric Descrozailles.
De nouvelles rencontres sont prévues à la rentrée.
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