Justice | | 06/01/2017
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Des petits trafics de stup au meurtre, dernier jour de procès pour Mohamed Y.

Des petits trafics de stup au meurtre, dernier jour de procès pour Mohamed Y.

Je voudrais présenter mes condoléances à la famille de la victime, présente ici. Je vais m’exprimer devant la Cour, sans excuser mon acte“,  déclare Mohamed Y. devant les jurés. L’homme comparait devant la Cour d’assises du Val-de-Marne pour le meurtre prémédité de Hatim L, depuis mercredi et jusqu’à aujourd’hui.

Les faits remontent à plus de trois ans. Dans l’après-midi du 29 octobre 2013, Hatim L,  prend un verre au Bougnat Bar, à Saint Mandé, accompagné deux amis. Mohamed Y. débarque dans le bar, braque son arme sur la victime et tire. La victime reçoit une balle en pleine tête et décède sur le coup.

Le tireur est aujourd’hui âgé de 41 ans. Il a tout de suite reconnu les faits qui lui sont reproché. L’arme de point avec laquelle il a tiré, un pistolet semi-automatique de calibre 45 (une arme “typique des milieux de voyous” dira un officier en charge de l’enquête au premier jour du procès), ne contenait qu’une seule balle. Une balle pour tuer un seul homme, se défend Mohamed Y. “Sinon, il y aurait eu un carnage dans le café.” se justifie l’accusé. Mohamed Y. avait déjà été condamné pour trafic de stupéfiants, escroquerie et détention d’arme. Cet acte irréparable était bien préparé, Mohamed Y ne s’en cache pas. Et de motiver son geste en invoquant une “pression“, une menace de Hatim L. et ses acolytes. L’accusé aurait reçu plusieurs menaces de mort, en raison d’une dette liée à un butin de 800 000 euros correspondant à plusieurs importations de cannabis provenant directement du Maroc et interceptées par la police.

L’enfance difficile de Mohamed Y.

Mohamed Y est né en 1983 au Maroc. Il a 8 ans lorsqu’il vient rejoindre ses parents, déjà installés en France. Il ne cessera d’expliquer aux jurés que l’absence de ses parents l’a profondément marqué, qu’il s’est senti “abandonné“. Son père est magasinier, sa mère, femme au foyer. Lorsqu’il arrive en France, Mohamed ne parle pas un mot de Français. Mais il comprend vite, c’est un bon élève. Il passera un bac STT (Sciences et Technologies Tertiaires) à l’âge de 19 ans. Il est naturalisé français à 16 ans. Malgré la réussite scolaire, la vie est dure à la maison. “Mon père était violent vis à vis de sa femme et de ses enfants.” explique-t-il à la Cour. À l’adolescence, Mohamed Y. commence le trafic de stupéfiants, même s’il assure ne jamais avoir consommé de drogue ni d’alcool. “Mon père était un fumeur de Haschisch, c’était naturel. Il en fumait tous les jours.” se défend-il, tout en assurant avoir commencé à dealer pour “se payer un sandwich“. Puis les camarades de classe commencent à lui demander du cannabis, c’est le début du trafic. Il entreprend un BTS mécanique qu’il arrête au bout de quelques mois. “Financièrement, ce n’était pas ça. Je n’avais nulle part où dormir.” À l’époque, Mohamed affirme avoir fui le foyer familial. “Mon père était violent vis à vis de sa femme et de ses enfants“. Il vit chez sa compagne, Delphine G. Il reprend  une entreprise d’import export mais revend son affaire en 2005, au décès de sa soeur, seule personne de sa famille dont il est vraiment, proche. Il doit alors s’occuper de ses deux nièces. En 2005, il rachète une entreprise de transport voyageurs qu’il revend deux ans plus tard pour se consacrer à la location de véhicule. En 2010, il achète cette fois premier garage puis deux autres, dans la foulée, sous la même enseigne. C’est en commandant une porte de voiture que l’accusé indique avoir retrouvé un kilo de cocaïne dissimulée, avoir essayé de le revendre et s’être fait  arrêter par la police. “Ce n’est pas banal ça, M. Y., ça arrive dans les films mais dans la réalité…” lui répond la présidente de la Cour, dubitative. Incarcéré de février 2012 à avril 2013 pour trafic de stupéfiants, il reprend ensuite un restaurant avec sa nouvelle compagne, Christelle. C. L’expert psychologue explique pour sa part avoir eu du mal à analyser l’accusé, dont la personnalité défensive “empêche toute analyse psychologique pertinente“. Il conclut “Il apparaît comme quelqu’un qui veut et qui sait maîtriser les choses.”

Hatim L., délinquant “discret

Né dans les années 1980 à Casablanca, au Maroc, Hatim L a été condamné plusieurs fois par la justice pour trafic de stupéfiants, recel et conduite en état d’ivresse. Après avoir interrogé la mère de Hatim L. ses deux soeurs et ses deux ex-épouses, l’enquêtrice le présente comme un homme “effacé“, “isolé” avec des “difficultés importante dans l’autonomisation“. La mère du défunt avait inscrit son fils unique dans une école privé catholique, malgré ses modestes moyens. Le père, lui décède en 1992. L’enquêtrice révèle une relation “très forte” voire “fusionnelle” avec sa propre mère. Les deux mariages de Hatim L lui donnent deux enfant mais se soldent par un échec. Il retourne alors habiter chez sa mère. Ses soeurs évoquent une homme “gentil“, “attentionné” et “non-violent“. “Hatim L. est resté le fils, le frère plutôt que l’homme, le mari“, conclut l’enquêtrice.

Histoire d’indics

Ce jeudi, c’est la face B des deux trafiquants, leur rôle parallèle d’indic potentiel, officieux, qui était aussi évoqué. Y-a-t-il eu dénonciation ? Le meurtre ressort-il finalement de la vengeance? Le dernier jour de procès se tient ce vendredi. Mohammed Y. risque jusqu’à 30 ans de prison.

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