Les chats de Bonneuil atttendent d’être fixés sur leur sort

La dirigeante de l’association, Floriane Chamignon (ça ne s’invente pas !) explique avoir développé cette activité pour subvenir aux dépenses de nourriture, de soin et d’entretien des pensionnaires du refuge. Le parquet mène son enquête sur des soupçons d’enrichissement personnel.

Créée en 2011 dans le but premier d’éviter la prolifération des chats en procédant à la stérilisation et à la vaccination des félins errants, l’association Bon oeil bon chat s’est progressivement transformée en havre de paix pour de nombreux animaux chassés de chez eux. Assez régulièrement, l’association organise depuis des années des lotos dans une salle de la ville, pour contribuer aux ressources de l’association. «En général, les animaux sont nourris, amenés chez le vétérinaire aux frais de l’association jusqu’à ce qu’ils soient adoptés par une personne ou une famille», défend Muriel, bénévole dans l’association après y avoir adopté son propre chat.

Dimanche dernier toutefois, la loterie s’est terminée au poste, après que la police ait interpellé la responsable du refuge, Floriane Chamignon, ainsi que ses filles, placées en garde à vue jusqu’au lendemain pour être interrogées. Selon le code général des impôts, au-delà de six loteries par an, l’association n’est en effet plus exonérée de ses cotisations fiscales et la justice réclame des comptes sur quelques 300 000 euros récoltés par ce biais depuis plusieurs années. La dirigeante de l’association, elle, plaide sa bonne foi. “A quoi servent les bénéfices de nos lotos ? Ils nous permettent d’en faire plus pour les animaux, notamment dans la recherche de leur maladie ! “, défendait-elle sur sa page Facebook en avril dernier, avant le loto du 30 avril. Pour les participants, ces lotos étaient aussi l’occasion de faire de bonnes affaires grâce aux lots de belle facture, de la centrale vapeur au téléviseur en passant par des bons d’achat.

En attendant, les amis du refuge s’inquiètent pour les félins laissés en déshérence. Sur ce point, le parquet de Créteil indique que les animaux vont faire l’objet d’une saisie pour être confiés à la SPA (Société protectrice des animaux) dans l’attente des résultats de l’enquête qui doit se prolonger encore quelques mois avec l’étude détaillée des transferts d’argents pour attester ou non d’un enrichissement personnel. Au terme de la procédure, les chats pourront être restitués au refuge, ou resteront définitivement dans les centres de la SPA. «Nous avons peur qu’ils soient euthanasiés», s’angoisse Muriel.

De son côté, la ville n’a pas eu à se plaindre de l’association, au contraire, car le refuge a rendu bien des services en prenant soin des chats errants. Denis Ozturun, premier adjoint, n’a pas manqué de rendre visite à ce paradis des chats durant sa campagne pour défendre la cause animale et l’une des filles de la dirigeante de l’association siège dans la majorité municipale. En mairie, on reste néanmoins prudent. «Du point de vue du traitement des chats, nous sommes satisfaits du travail réalisé par l’association. Le refuge a toujours répondu aux conditions sanitaires imposées et nous n’avons pas hésité à mettre des locaux à disposition. Sur le volet judiciaire, nous n’avons pour l’instant aucune information et laissons la justice suivre son cours. Nous accompagnons les associations de notre ville mais elles n’en restent pas moins indépendantes et seules responsables», indique-t-on au cabinet du maire.