Société | Val-de-Marne | 05/10/2017
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Ehpad publics du Val-de-Marne : le personnel sonne l’alarme

Ehpad publics du Val-de-Marne : le personnel sonne l’alarme © Usd 94 CGT

Les responsables de la CGT Santé, Action sociale, sont vent debout depuis la séance du dernier conseil d’administration de la Fondation Favier, un Ehpad disposant de locaux à Bry, Nogent, Noiseau et Ormesson.

Réorganisation du temps de travail impliquant une diminution des RTT des aides-soignantes et absence de motion sur l’insuffisance des moyens alloués aux établissements publics ont été perçus par les syndicalistes comme des signaux négatifs.

«Dans l’idéal, pour que le résident d’une maison de retraite bénéficie d’un confort, d’un accompagnement et des soins adéquats, il devrait y avoir un agent par personne. Aujourd’hui, en moyenne dans les Ehpadpublics du Val-de-Marne, c’est du 1 pour 15. Cela équivaut à 6 minutes accordées par patient pour leur faire faire la toilette, les habiller et leur servir leur petit déjeuner. C’est le travail à la chaîne ! La nuit c’est encore pire avec parfois une centaine de résidents pour un ou deux agents», décrit Barbara Filhol, secrétaire générale CGT pour les Ehpad du Val-de-Marne.

C’est dans ce contexte de secteur en tension que s’est tenu voilà plusieurs jour le conseil d’administration de la Fondation Favier. Au cours des délibérations, les membres de l’instance ont acté le principe d’un nouveau protocole de RTT censé supprimer 10 jours de repos aux seules aides soignantes représentant 60% des effectifs, sur une période d’observation d’un an, ceci pour pallier les dépenses dues au remplacement des fonctionnaires absents. «Ce-sont les agents qui sont le plus fragilisés et c’est à ceux que l’on demande le plus d’efforts. C’est du chantage à l’emploi, c’est choquant ! De plus, les conseils d’administration ne peuvent émettre qu’un avis. Un protocole sur les droits des agents doit faire l’objet d’un accord entre les représentants du personnel et la direction», rappelle Barbara Filhol. La secrétaire générale regrette aussi que le conseil d’administration n’ait émis aucune motion pour s’opposer au manque de moyens en faveur des établissements du public. «C’est maintenant qu’il nous faut des appuis politiques pour porter nos revendications au moment où l’on discute le futur budget. Il faut mener un combat politique et la position des administrateurs de la Fondation Favier, qui annonce celle des conseils d’administration des 12 autres Ehpad publics départementaux à venir, n’est pas satisfaisante», poursuit la syndicaliste.
Interpellée par courrier, Brigitte Jeanvoine, vice-présidente du conseil départemental chargée des solidarités et présidente du conseil d’administration de la Fondation Favier, rappelle pour sa part que le Val-de-Marne a cpntribué au paiement de 30% des effectifs d’aides soignantes. «La majorité départementale s’est largement exprimée contre cette nouvelle tarification de l’APA en établissement puisqu’elle a voté un vœu en séance à l’unanimité, dénonçant  les difficultés engendrées par cette loi, touchant particulièrement les  Ehpad publics et demandant un moratoire sur cet article de loi. Le département, contrairement à d’autres, n’a par ailleurs pas appliqué cette nouvelle tarification pour l’année 2017, laissant aux établissement publics dont la valeur du point GIR (correspondant au niveau de dépendance des résidents d’un Ehpad) est au dessus de la valeur du point départemental, la même dotation dépendance qu’en 2016. Durant le CA de la Fondation FAVIER, j’ai, en tant que présidente, sans cesse rappelé notre désaccord avec cette nouvelle tarification, demandé qu’on ne se prononce pas sur un EPRD ( état prévisionnel des recettes et des dépenses ) 2018 en attendant les résultats de démarches que nous menons auprès du ministère et de décisions politiques de l’exécutif départemental», répond-elle.

500 000 euros liés aux absences

S’exprimant sur le nouveau protocole de RTT, l’élue précise qu’il ne s’agit pas d’une mesure en lien avec la nouvelle réforme tarifaire mais plutôt d’une action « visant uniquement à lutter contre l’absentéisme», rappelant que la Fondation Favier serait à l’équilibre financier s’il n’y avait pas 500 000€ de dépenses liées aux remplacements des absences.

Une mission parlementaire dénonce un système kafkaien

La situation sur l’ensemble du territoire national  semble si préoccupante qu’une mission parlementaire s’est déroulée cet été pendant 15 jours. Dans son rapport, la députée Monique Iborra évoque des conditions de travail « particulièrement préoccupantes tant d’un point de vue physique que psychologique notamment pour les aides-soignantes.» Selon le même document, le taux d’accident du travail serait le double de la moyenne nationale. La députée a également évoqué un «système de tarification kafkaïen.»  «Alors que la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement se voulait a priori équitable pour le citoyen en permettant de rapprocher tous les Ehpad d’une norme de financement et, indirectement, d’un taux d’encadrement cible à terme, et en mettant ainsi fin à des inégalités infra-départementales, le décret du 21 décembre 2016 a défini des équations tarifaires extrêmement complexes qui, malgré des mécanismes de convergence progressive, conduisent à accentuer des inégalités territoriales d’un département à l’autre […] Ce décret suscite aujourd’hui une levée de boucliers de l’ensemble des acteurs du secteur public auditionnés.»

La CGT Santé 94 lance une pétition

Pour Barbara Filhol, ce rapport qui ne fait que «le constat d’une situation déjà alarmante» n’a pas eu de réel effet.  «La loi d’adaptation de la société au vieillissement loge à la même enseigne les établissements publics et privés en terme de financement alors que les seconds facturent leurs services plus cher aux résidents et bénéficient de mécanismes fiscaux leur permettant de faire des marges». La CGT Santé, Action sociale demande un moratoire de cette loi qui «met en péril ce service public». En attendant,  la section départementale de cette fédération a lancé une pétition.

 

 

 

 

 

 

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