Environnement | | 07/07/2017
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En attendant le grand plouf dans la Marne en 2022, la baignade sauvage fait des émules

En attendant le grand plouf dans la Marne en 2022, la baignade sauvage fait des émules © Andrey_Arkusha

La qualité de l’eau de nos rivières s’est considérablement améliorée au cours des dernières décennies, et les réticences à tremper les pieds voire à piquer une tête dans la Marne cèdent progressivement du terrain. 

Pour autant, les autorités préfectorales, Agence régionale de santé et collectivités territoriales reconnaissent qu’il reste encore du travail à accomplir pour ouvrir sur la durée les cours d’eau d’Île-de-France à la baignade. Réunis ce jeudi dans le cadre du forum Objectif Baignade organisé par le syndicat mixte Marne Vive et la métropole du Grand Paris, à l’hôtel de ville de Saint-Maur-des-Fossés, société civile, représentant du monde de l’entreprise, élus et institutionnels ont martelé l’objectif de rendre ces cours d’eau au bain dès 2022 pour la Marne et 2024 pour la Seine, juste à temps pour les Jeux olympiques…

Mais en matière de baignade, les usages précèdent les réglementations. Dans les années 70, lorsque les arrêtés interdisaient de nager dans les cours d’eau des grandes villes à cause de la pollution, les baigneurs, si nombreux pendant la première moitié du siècle avaient déjà commencé à déserter la Marne, moins appétissante. Aujourd’hui, à l’arrivée des beaux jours, jeunes et parfois moins jeunes n’hésitent plus à braver l’interdiction pour se rafraîchir lors des fortes chaleurs. La baignade urbaine a désormais le vent en poupe.

“Paris plage c’est bien, Paris nage ce serait encore mieux !”

Habituée à organiser des baignades au bassin de la Villette ou dans le canal de l’Ourcq, Julie Pacaud du collectif Laboratoire des baignades urbaines expérimentale se remémore ses premiers événements, quand les Parisiens assis le long des quais regardaient un peu interloqués ces aventuriers parcourant à grandes brassées canaux et plans d’eau. «Maintenant, les gens sont de moins en moins surpris et nous rejoignent parfois. A travers ce genre d’action, nous faisons renaître le désir de baignade là où l’on avait oublié que c’était possible». Même constat pour Roberto Epple, ce Suisse qui se bât pour la sauvegarde des fleuves en Europe,  initiateur du Big Jump, un grand plongeon en eau vive qui se tient le même jour de juillet chaque année partout en Europe (cette année le 9 juillet). «Paris plage, c’est bien, mais Paris nage, ce serait encore mieux! L’idée du Big Jump est que les citoyens se réapproprient leurs cours d’eau pour qu’ils prennent davantage en considération les enjeux environnementaux. Et puis, c’est un vecteur de paix que tout ce brassage d’hommes et de femmes, de tous âges, de tous horizons», s’enthousiasme le Suisse.  Si Laurent Neuville, ancien nageur professionnel et organisateur de la traversée de Paris à la nage rappelle que la baignade en eau libre est un exercice dangereux,  recommandant une surveillance accrue, il partage cet enthousiasme sur la qualité de l’eau, effectuant lui-même des relevés, et estime que l’on pourrait même «boire la Seine à certains endroits».

Attention aux pollutions bactériologiques

Les représentants de la direction régionale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE) en Île-de-France, et de l’Agence Régionale de Santé se sont montrés en revanche plus circonspects et ont tenté d’expliquer pourquoi, à l’heure actuelle, la perspective d’une autorisation de baignade sur une longue durée restait inenvisageable.

«Si nous nous opposons pour l’instant à l’ouverture de la baignade, c’est que l’indicateur fixé par la directive européenne relative à la qualité de l’eau n’est pas observé. De manière générale, le texte impose quatre années consécutives de qualité suffisante d’eau pour délivrer une autorisation. Sur les milliers de prélèvements réalisés tous les jours dans les cours d’eau de la région, nous récupérons des plages de données que nous analysons. Il nous est impossible à l’heure actuelle de réaliser une série de quatre années consécutive de qualité suffisante à cause des épisodes de pluie qui charrient dans les fleuves et rivières des produits polluants», tranche Nicolas Le Pen de l’ARS Île-de-France. «Il y a encore des efforts à faire. Les stations d’épuration traitent les pollutions chimiques mais ne sont pas assez efficaces en matière de pollutions bactériologiques alors que les eaux usées peuvent être contaminées par des bactéries d’origine fécale. A cela s’ajoutent les collectivités qui n’ont pas mis en place la séparation des eaux usées des eaux pluviales, les déversoirs d’orages, les bateaux qui accueillent du public et qui ne sont pas toujours raccordés au réseau d’assainissement. Pour y réduire l’impact des épisodes de pluie, il faut mettre en place des outils d’absorption de l’eau à la source (toitures végétalisée, arrêter l’imperméabilisation,…)», explique Julie Percelay de la DRIEE Île-de-France.

Des baignades ponctuelles en attendant 2022

Collectivités locales et entreprises estiment que la présence de baigneurs dans la Marne et ses affluents constituerait une formidable vitrine pour le territoire. En attendant une autorisation préfectorale, la baignade relève de la responsabilité du maire. «Nous sommes très attentifs lors de la période estivale. Nous savons que les jeunes se baignent dans la Marne et je demande aux policiers municipaux une présence accrue sur les bords de Marne. Pendant des années, nous avons soigné ces cours d’eau, il sera bientôt temps d’en profiter», assure Sylvain Berrios, maire de Saint-Maur-des-Fossés, et vice-président du Grand Paris chargé de la GEMAPI, gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations, catalysant les initiatives prises par tous les acteurs du territoire pour améliorer la gestion et la qualité de l’eau.

Mise en bouche ce dimanche 9 juillet dès 15 heures au Beach La Varenne pour le Big Jump de Saint-Maur, à l’initiative de la municipalité et du syndicat Marne Vive, pour faire trempette dans la rivière, et participer à des animations et promenades.

 

 

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