A l’occasion de la semaine de l’Industrie, Christophe Sirugue, secrétaire d’État chargé de l’Industrie, du Numérique et de l’Innovation, était en visite à Ivry-sur-Seine pour rencontrer les responsables de Pollen AM, une jeune entreprise spécialisée dans l’impression 3D. Enthousiasmé par le savoir-faire de la startup ivryenne, il a annoncé plusieurs mesures pour encourager les PME et TPE à se tourner davantage vers cette activité en plein développement.
C’est à l’abri des regards, dans le calme d’un quartier résidentiel, que Pollen AM a installé son laboratoire et ses bureaux. Sur la façade de cet ancien cabinet d’architecte de la rue Marceau, rien ne trahit la présence d’un site d’industrie de pointe. Il faut passer la porte et descendre quelques marches pour en prendre véritablement conscience. Au sous-sol, un léger bruit grinçant se fait entendre à chaque mouvement de deux imprimantes 3D qui s’activent. Méthodiquement, plusieurs têtes déposent une matière liquide immédiatement refroidie sur un plan de travail en fonction des formules mathématiques saisies dans les cerveaux des machines. Petit à petit, une poignée de guidon de vélo antidérapant prend forme.
Après cinq ans de travaux en recherche et développement, Cédric Michel, un astrophysicien, et Victor Roux, un designer, ont fondé Pollen AM et déposé plusieurs brevets relatifs à leur procédé d’impression multi-matériaux, permis grâce à un approvisionnement de la matière en granulés. Une technologie révolutionnaire qui permet de fabriquer des pièces complètes, sur mesure. «Dans certains secteurs industriels, les constructeurs vont utiliser des moules dans lesquels ils vont injecter un matériaux pour former des pièces détachées. Or, ces moules coûtent cher et prennent du temps à développer. Nous pouvons proposer des solutions plus avantageuses à ces industriels via l’impression 3D. Nous travaillons également avec un opticien qui, grâce à une imprimante 3D, peut faire un modèle très simple de lunettes afin de vérifier leur adaptation sur le visage du client », illustre Victor Roux.
Faute d’investisseurs, la filière tentée par l’étranger
Alors que ce formidable outil industriel offre de belles perspectives d’avenir, les entrepreneurs pourraient bien être tentés par un départ à l’étranger. «Dès le début, nous nous étions dit que nous devions fonder notre société aux États-Unis parce que cela ne pouvait que réussir là-bas. Puis, nous avons entendu d’autres voix nous parlant de la bienveillance de la France à l’égard des startups et de son écosystème économique. Nous ne regrettons pas d’avoir choisi de rester puisque nous avons bénéficié du statut de jeune entreprise innovante, reçus des fonds du CICE, du crédit impôt-recherche. En trois ans, nous avons réussi à lever 1,5 millions d’euros auprès de nos business angels. Mais il nous faut toujours davantage d’investissements pour poursuivre notre croissance et les investisseurs qui se trouvent aux États-Unis ou en Allemagne demandent en contrepartie de déménager notre activité chez eux», souligne Cédric Michel. Désireux de conserver ce savoir-faire en France, Christophe Sirugue a profité de sa visite à Ivry pour annoncer le lancement du dispositif 3D start TPE. «Seulement 3 % du parc d’imprimantes 3D se situe en France contre 47 % aux Etats-Unis. Le but de ce dispositif est d’encourager les petites et moyennes entreprises à utiliser cette nouvelle technologie. En parallèle, nous souhaitons populariser l’impression 3D chez les jeunes, et former des salariés capable de travailler sur ces machines», motive le secrétaire d’Etat. Il y a quelques années, le ministère avait lancé le dispositif Robot Start PME, un appel à projets pour financer une partie de l’investissement et de l’accompagnement autour de la robotique.
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