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Société | | 23/10/2017
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Expulsion pré-hivernale des Roms de Bonneuil: et après?

Expulsion pré-hivernale des Roms de Bonneuil: et après? © FB

A peine installées, six familles roms établies sur une friche à l’est du port de Bonneuil-sur-Marne, s’apprêtent à être évacuées, à quelques jours de la trêve hivernale qui démarre le 1er novembre.

Emmitouflé dans sa parka et coiffé d’un bonnet, Eugen*, figure tutélaire du petit groupe de roms du bec de canard à Bonneuil, garde un œil sur le petit chemin qui passe devant leur campement. Il salue les passants habituels qui regagnent leur domicile en empruntant ce raccourci. « Avant que nous nous installions, c’était une décharge. Nous avons beaucoup nettoyé. Il n’y a pas de rats. C’est propre », se défend cet homme qui, depuis son départ de Roumanie au début des années 2000, fait le commerce de la vente de rebuts industriels auprès de ferrailleurs. Eugen et les siens se sont installés dans cette friche située  entre Sucy et Bonneuil, le long de la ligne de RER A, après leur expulsion de  la ZAC Rouget de Lisle à Vitry-sur-Seine il y a quelques semaines. Ils y occupaient des pavillons abandonnés avec d’autres familles depuis plusieurs années.

Rapidement après leur arrivée, le clan construit une première baraque. « Un policier est venu et comme il a vu que les enfants étaient malades a cause du froid, il m’a dit que je pouvais en faire une deuxième », raconte Eugen. Mais les deux abris sont insuffisants pour accueillir la quinzaine de personnes vivant dans le campement. Ils prennent alors l’initiative d’en bâtir une troisième. Cette fois, la police intervient et la démolit, avant qu’un nouveau compromis ne soit trouvé. « Un représentant du port de Bonneuil, propriétaire du terrain, est ensuite venu nous dire que nous pouvions construire une baraque par famille, soit six ». Ces habitations, chauffées avec des poêles à bois sont fabriquées à partir de panneaux de contreplaqué, portes, planches en bois et autres matériaux de récupération. Avertis des risques d’incendies, le groupe s’est aussi doté de plusieurs extincteurs alors que plusieurs appareils nécessaires pour cuisiner sont alimentés par un groupe électrogène.

Avec la rentrée scolaire, deux enfants de 7 et 11 ans sont inscrits dans une école primaire de Bonneuil-sur-Marne. Une jeune fille de 13 ans attend une affectation dans un collège après avoir passé des tests de scolarisation auprès d’un CIO (centre d’information et d’orientation). Les plus petits sont gardés par leurs mères. Épaulés par des membres du collectif Romeurope 94, les familles ont été mises en relation avec la plateforme d’accueil, d’information, d’orientation et de suivi (AIOS), un outil de la préfecture de Région destiné à proposer un accompagnement vers l’insertion économique et le logement de ces populations. L’un des hommes du campement a réussi à obtenir par ce biais une formation (POEC) préparation opérationnelle à l’emploi collective avec Pôle emploi et Uniformation.

A quelques jours de la trêve hivernale, qui pour la première fois cette année, concerne également les bidonvilles, l’installation devrait néanmoins être évacuée dans les jours qui viennent, le temps que la préfecture, qui a commencé par réaliser un diagnostic social pour identifier les personnes fragiles, leur trouve une solution d’hébergement d’urgence, en général des nuitées d’hôtel. « Nous avons adressé une demande au Port de Bonneuil pour qu’ils acceptent de laisser les six familles vivre là. Après tout, les projets d’aménagement de la zone ne doivent commencer que d’ici deux ans», explique Aline Poupel du collectif Romeurope 94, soutenue dans sa démarche par la fédération de parents d’élève FCPE, la Ligue des Droits de l’Homme, ainsi que Denis Laurent, le conseiller écologiste de Saint-Maur-des-Fossés. « Le Port nous a dit que ça ne le concernait pas et qu’il fallait nous tourner vers la préfecture. Malgré quelques échanges qui ont abouti à l’attribution d’une place en hôtel social pour la famille de la personne suivant la formation, il semble qu’un arrêté d’expulsion du campement ait été pris et soit exécuté d’ici peu. C’est une situation absurde. Pour aider ces familles à s’intégrer, il faut leur assurer une stabilité et du temps pour pouvoir obtenir des droits», regrette Aline Poupel.

*le prénom a été changé

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