3500 mises à l’abris par nuit, voilà le rythme soutenu de l’activité du SIAO (Service intégré d’accueil et d’orientation) du Val-de-Marne, un service de l’Etat géré localement par la Croix rouge, en cette période de grand froid. Un service entièrement intégré qui comprend aussi bien les maraudes sur le terrain et l’accueil des appels au 115, mais aussi l’organisation du suivi des personnes prises en charge pour les aider à se réinsérer socialement.
“Depuis le début de la vague de froid, aucune personne ne s’est vue refuser une mise à l’abri. Le plus compliqué, c’est de convaincre les personnes qui ne veulent pas venir”, insiste Philippe Le Gall, président de la délégation régionale d’Ile de-France, qui recevait ce vendredi 20 janvier la visite de la vice-présidente de région Ile-de-France chargée de l’action sociale, Farida Adlani, venue voir le fonctionnement du centre sur le terrain dans le cadre des 100 000 euros débloqués d’urgence par la région pour aider les associations d’aide aux plus démunis durant la vague de froid. Fin décembre, deux bâtiments de la DGAC (Direction générale de l’aviation civile), situés dans l’enceinte aéroportuaire, sur la commune de Villeneuve-le-Roi, ont été mis à disposition de la Croix rouge, qui gère le SIAO (Service Intégré d’Accueil et d’Orientation) dans le Val-de-Marne, pour accueillir jusqu’à 70 personnes en cas de nécessité. En juin, un nouveau centre d’accueil de jour et d’hébergement d’urgence de la Croix-Rouge a également ouvert ses portes à Vitry-sur-Seine, qui était inauguré ce mercredi 25 janvier.
Un SIAO complètement intégré
Au service de réception des appels au 115, 85 appels ont déjà été traités ce vendredi vers 10 heures, avec un temps d’attente moyen de 18 minutes. “Le rush, c’est plutôt le soir, et du renfort arrive vers 15-16h”, indique une opératrice. “L’orientation se fait en temps réel, on reste avec la famille le temps de trouver une solution.” S’il n’y a pas de place dans un centre, la personne rappelle plus tard. Les disponibilités des différents centres d’hébergement d’urgence sont indiquées en temps réel.
Dans la pièce voisine, officie le pôle hôtelier, qui rencontre les familles pour faire une première évaluation, et s’occupe aussi de Solibail. Suit le pôle insertion, dans le bureau juste à côté. Là, se préparent les dossiers pour postuler aux places d’hébergement qui dépendent de l’Etat, qui rejoignent les demandes des Espaces de solidarité du département (Eds) et des Comités communaux d’action sociale (Ccas). Environ 200 dossiers passent ensuite en commission chaque mois, et s’ils sont validés, ce qui est le cas de la grande majorité, ils rejoignent la liste d’attente pour intégrer une résidence sociale ou un Chrs (Centre d’hébergement et de réinsertion sociale, qui dispose de travailleurs sociaux pour accompagner les résidents). Le temps d’attente varie autour de 12 à 18 mois en moyenne. “En attendant, les personnes vont dans la famille, à l’hôtel, mais aussi parfois dans la rue“, indique une des personnes de ce service. Au sein du Siao Val-de-Marne, il y a même un service statistique qui rend compte de la tendance et des profils, en les anonymisant, et comptabilise l’activité.
Dernière étape, l’AVDL Insertion (Vers et dans le logement), destiné à accompagner les ménages qui sortent des hébergements très temporaires type Chrs, hébergement d’urgence, nuitées d’hôtel, Maisons Relais, résidences sociales… Un certain nombre relèvent du DALO (Droit au logement opposable). L’équipe prépare également les personnes en amont, en organisant des réunions dans les résidences sociales et Chrs, afin d”expliquer les critères d’accès aux logements HLM. Au total, une trentaine de personnes travaillent au sein de ce SIAO, le plus intégré d’Ile-de-France dans son organisation.
Restent ceux qui ne veulent pas passer la porte d’un centre, ces invisibles que même les maraudes ont du mal à repérer pour aller à leur rencontre. Certains font aussi des allers-retours entre la rue et les centres. “Nous ne considérons jamais un retour à la rue comme un échec. Une personne qui est venue dans un centre a déjà fait une démarche, c’est un premier pas. On peut ensuite continuer à travailler sur la confiance”, indique Françoise Bousquet, en charge de la filière lutte contre les exclusions au sein de la Croix-Rouge. Pour les aider dans l’urgence du grand froid, c’est de vêtements chauds et duvets qu’ils ont besoin.
Comment aider efficacement ?
L’organisation logistique étant complexe, à l’échelle d’une région, le plus efficace pour aider est de donner de l’argent pour permettre d’acheter des duvets, couvertures, gants, car les apports qui arrivent de manière individuelle sont compliqués à gérer, sauf lorsque l’on connaît un centre à côté de chez soi. Pour compléter les équipes de professionnels, l’association recrute aussi des bénévoles qui souhaitent s’engager sur du long terme.
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Juste une interrogation : pourquoi les solutions d’hébergement se trouvent elles toujours dans les villes déjà les plus pauvres ?
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