S’il est parfois impossible de proposer une place au chaud à toutes les personnes sans domicile qui appellent le 115, il est aussi des cabossés de la vie qui ne veulent plus rejoindre un centre d’hébergement. Dans le Val-de-Marne, le SIAO (Service intégré d’accueil et d’orientation) opéré par la Croix rouge en a recensé 145.
« Au départ, il y a souvent une rupture familiale, la perte d’un emploi, une addiction qui fait que la personne quitte son domicile. La plupart du temps, leur installation n’est pas anodine. Certains restent à proximité de leur ancien domicile pour apercevoir de loin leurs enfants grandir, d’autres s’installent non loin de leur ancien lieu de travail», explique Françoise Bousquet, directrice du pôle lutte contre les exclusions du SIAO du Val-de-Marne, géré par la Croix-Rouge. Au fil des années, les équipes des maraudes de jour et de nuit empruntent des itinéraires pensés sur mesure pour aller aux moments les plus opportuns à la rencontre de ces personnes qui ménagent leur invisibilité, cachées dans des friches, sous des tentes, ou abritées par un peu de végétation.
Au cours des dernières décennies, les membres de la Croix-Rouge ont vu ces personnes se déplacer, quittant les communes limitrophes de Paris pour gagner le cœur du Val-de-Marne, bien desservi en transport et offrant quelques espaces de tranquillité comme certains centres commerciaux ou la plateforme aéroportuaire d’Orly.
Face à leur réticence à l’idée de dormir dans un centre d’hébergement, les équipes des maraudes leur proposent de venir y prendre un repas, pour ensuite les ramener “chez eux”. «Donner à manger à ces personnes revient à les maintenir dans la rue. Alors à travers ces tentatives, nous tentons de les encourager à aller vers ces lieux de vie commune. S’ils ne souhaitent pas rester dormir, nous les ramenons. C’est très important sinon, nous casserions le lien de confiance que nous avons établis et nous le mettrions en danger, loin de son abri», poursuit Françoise Bousquet.
Les équipes respectent aussi le sommeil, difficile à trouver, de ces publics, se contentant de prendre leur température tympanique sans les réveiller lorsqu’elles les trouvent endormis. «Au bout de trois nuits de grand froid consécutives en général, ils acceptent l’offre d’hébergement. Nous disposons notamment de 14 places à l’hôpital Albert-Chenevier pour ces personnes qui refusent d’aller en hébergement classique. Ils peuvent y entrer et sortir un peu comme ils l’entendent, disons qu’il y a un seuil un peu plus élevé de tolérance.»
Sur les 145 personnes recensées par les maraudes comme des sans abris “chroniques” en Val-de-Marne, la grande majorité sont des hommes. 24 sont considérées comme très vulnérables et font l’objet d’un suivi régulier. Avec le déclenchement du plan grand froid, les deux équipes de jour qui tournent du lundi au vendredi de 10h15 à 18h15 puis les deux équipes de nuit qui effectuent leur maraude tous les soirs entre 17h30 et 2h30, sont renforcées par des équipes de bénévoles.
Ces activités ainsi que les autres missions du SIAO (Service intégré d’accueil et d’orientation) du Val-de-Marne étaient présentées au préfet, Laurent Prévost, lors de sa visite ce vendredi dans leurs locaux de Créteil ce vendredi 1er décembre. Avec la baisse des températures, la préfecture de région a accéléré l’ouverture de places d’hébergement supplémentaires mobilisées au titre de la campagne hivernale, débutée le 1er novembre dernier, afin d’être en capacité d’assurer la mise à l’abri des personnes à la rue. A l’heure actuelle, près de 100 000 personnes en Île-de-France bénéficient d’un hébergement. 4284 places de renfort hivernal (dont 1279 places pour familles) ont été identifiées dans la région pour compléter ce dispositif.
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