Déjà 106 personnes ont été embauchées en insertion au 31 août 2017 sur l’ensemble de la ligne 15 sud, selon la Société du Grand Paris, maître d’ouvrage du Grand Paris Express, laquelle s’est engagée à ce que 5% des heures de travail dédiées au nouveau métro soient réservées à des personnes en insertion. Principale difficulté pour passer de la théorie à la pratique :
organiser les liaisons entre les demandeurs d’emploi concernés et les entreprises. Une travail de connexion territoriale qui faisait l’objet fin septembre d’une conférence de la direction de l’emploi du Conseil départemental auprès des spécialistes de l’insertion professionnelle. Occasion d’échanger sur les différentes conventions de partenariat pour l’emploi dans les différents territoires de la métropole.
«La Société du Grand Paris s’engage à verser 60 000€ par an et par projet de territoire dès lors qu’ils signent une convention de partenariat pour le développement de l’emploi. Ces contrats mettent en place un dispositif d’accompagnement des entreprises, qui, orientées par un référent territorial, sollicitent les ressources nécessaires localement. Cet acteur unique doit assurer la coordination avec les missions locales, organismes de formation, chambres consulaires, fédérations professionnelles, services de l’Etat et collectivités. Le référent, qui orchestre les parcours d’insertion et de formation doit également veiller au respect de l’exécution des clauses auprès de la SGP», explique en détail Yvonne Neckenig, chargée de mission emploi auprès du cabinet de la présidence de la Société du Grand Paris.
Le territoire Grand-Orly Seine Bièvre par exemple, est en charge des 146 000 heures d’insertion et 161 millions d’euros pour l’accès des PME, du lot T2A entre les gares Villejuif Louis-Aragon et Créteil l’Echat, attribuées au groupement Horizon. C’est Eric Valy qui coordonne la mission aux côtés de Sarah Valin, référente clauses sociales, clauses PME, emploi et formation. Pour Paris Est Marne et Bois, Jacques Brac et Isabelle Martin sont les référents locaux, épaulés par Kela Matrapazi, facilitatrice, l’autre nom pour les personnes en charge de la gestion des clauses sociales. Le territoire assure la gestion du lot T2C, entre la gare Bry-Villiers-Champigny et Champs-sur-Marne avec 60 000 heures de clauses sociales et 72 millions d’euros pour l’accès aux PME. «Depuis mars, une vingtaine de personnes ont déjà été recrutées dans des métiers de génie civil, comme agent d’entretien ou gestionnaire de déblais. Ce sont trois structures d’insertion qui réalisent ces heures de clause sociale», explique la facilitatrice. Enfin, dans le Grand Paris Sud Est Avenir, c’est Philippe Gobillon qui chapeaute les clauses du tronçon attribué à savoir, le T2B entre Créteil l’Echat et la gare de Bry-Villiers-Champigny, pour un total de 240 000 heures d’insertion et 159 millions d’euros pour l’accès aux PME. Chacun des référents a rappelé qu’au-delà des seuls travaux du Grand Paris, les territoires allaient également piloter un certain nombre de chantiers qui doivent profiter à l’emploi local comme les projets ANRU 2 ou les zones d’aménagement.
Un travail similaire de centralisation a été réalisé au niveau des agences Pôle emploi. Dans le territoire Paris Est Marne et Bois c’est l’agence de Saint-Maur qui assure le rassemblement des candidatures et offres, l’agence de Créteil pour le Grand Paris Sud Est Avenir puis l’agence de Vitry-sur-Seine pour le Grand-Orly Seine Bièvre.
Anticipation et pré-qualification
La SGP a donné quelques indications sur les personnes embauchées en insertion au 31 août 2017 sur les chantiers : 106 personnes dont 90 hommes et 16 femmes, habitants tous en Île-de-France, 34 sont des demandeurs d’emplois de longue durée, 24 des jeunes de moins de 26 ans, 15 des bénéficiaires du RSA et 7 ont plus de 50 ans. Les trois-quart d’entre eux occupent des fonctions propres aux chantiers (aides-foreurs, aides-coffreurs, aides-ferrailleurs, laveurs foreurs, mousses, documentalistes), une partie gère l’entretien, les autres font de l’électricité, du gardiennage ou de l’administratif. Ils sont employés le plus souvent via des ETTI, entreprise de travail temporaire d’insertion (61% des embauches), ou des structures d’insertion par l’activité économique (23%) et agences d’intérim (8%).
Expliquer les métiers aux intermédiaires
Avec l’intensification des travaux toutefois, les offres pour des métiers méconnus vont abonder et les acteurs de l’insertion vont devoir s’adapter pour pouvoir mettre en adéquation leurs publics avec les pré-requis des entreprises. Mineur boiseur, opérateurs tunneliers, monteur de réseau, ne sonnent pas comme une évidence pour les agents des missions locales, agences pôle emploi ou structures d’insertion. Des actions sont donc envisagées comme Eiffage et Razel Bec par exemple, qui proposent aux référents emplois de se rendre sur le terrain afin qu’ils comprennent ces professions et puissent en expliquer les contours à leurs publics. Cette gestion prévisionnelle doit permettre à des personnes éloignées de l’emploi de bénéficier de pré-qualifications pour coller au mieux aux besoins des entreprises. Et si pour l’heure, la plupart des activités concernent le secteur du BTP et s’adressent principalement à des hommes, les femmes pourraient bénéficier d’offres d’emplois sur un certain nombre de fonctions supports aux grands travaux : secrétariat, entretien, services.
Quid de l’emploi à long terme de ses travailleurs en insertion ? Sophie Rican, directrice des ressources humaines chez Bouygues en charge du groupement Horizon apporte un élément de réponse. «Au terme des deux ans de contrats, nous avons investi du temps et de l’argent dans la formation de nos employés travaillant dans le tunnelier, il n’y a pas de raison de nous séparer d’eux. Par contre, je ne garantis pas que le prochain gros chantier se déroulera aux portes de chez eux.”
Le maillon : un outil pour faciliter l’intermédiation
Pour permettre à tous les acteurs de l’insertion d’être mis dans la boucle, des offres d’emploi et aux structures relais d’accéder à ces offres et de positionner leurs candidats, la Direction de l’emploi, de la formation et de l’innovation sociale du Conseil départemental du Val-de-Marne a mis en place un logiciel nommé « le Maillon ». Chaque structure relais peut être équipée gratuitement.
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