Formation | | 19/01/2017
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Hausse du numerus clausus? Paroles d’étudiants en médecine

Hausse du numerus clausus? Paroles d’étudiants en médecine

Ils sont environ 1200 étudiants en première année de médecine à l’UPEC de Créteil, rêvant de décrocher le Graal: passer en deuxième année.  Cette année, le numerus clausus de la fac de Créteil a augmenté de 20 places, ce qui élève le nombre de candidats admis en deuxième année à 175. Une petite avancée jugée trop “timide” pour les étudiants.

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Jasmine, 19 ans, “Vu la difficulté du concours, 20 places en plus, ce n’est presque rien.”

Jasmine a 19 ans. Après un Bac scientifique, option spé maths, elle décide de s’inscrire en fac de médecine. Très vite la charge de travail s’accumule. Jasmine, qui était une très bonne élève au lycée, a du mal à faire face. “J’ai appris à travailler 10 heures par jour, et ça, même quand on vient de S, c’est vraiment très difficile.” explique la jeune fille. La hausse du numerus clausus? “C’est déjà cela de gagné. Mais avec la difficulté du concours, ce n’est presque rien. Ce ne sont pas 20 places par-ci par-là qui vont changer le problème des déserts médicaux“. Quand à la méthode de sélection, qui se fait principalement par de l’apprentissage par coeur, Jasmine n’est pas convaincu, “C’est à celui qu’y en retiendra le plus.  Cela n’a rien à voir avec les qualités d’un vrai médecin.

Kaina, 18 ans “Notre avenir est incertain, on est obligés de s’inscrire sur APB.”

Kaina veut faire médecine depuis longtemps, mais elle n’a pas encore d’idée précise de son éventuelle spécialisation. “Si j’y arrive à passer la première année, c’est déjà quelque chose. Après, on ne choisit pas forcément la filière, il faut être bien classé” regrette-elle. Les vingt places en plus lui paraissent bien dérisoires. “C’est toujours cela, mais ce n’est vraiment pas assez. On est quand même 1026 à la fac de médecine de Créteil.” Prévenante, la jeune fille veut assurer ses arrières en cas d’échec. “On est obligés de se réinscrire sur APB, parce qu’on ne sait pas ce qui va se passer.” déplore Kaina.

Juline, 18 ans, “Ce n’est pas en apprenant par coeur chaque tissu du coeur qu’on fera de bons médecins!”

Juline s’est inscrite en première année de médecin car elle souhaite devenir sage-femme. Sur 1200 places, il n’y a que 10 places pour exercer cette spécialité. “Je suis obligée de passer ce concours et il y a tellement peu de places…” soupire la jeune fille. La hause du numerus clausus sera bénéfique pour Juline, qui estime elle aussi, que le nombre de place en plus reste toujours insuffisant, “Vingt places, c’est toujours un plus. Il ne faut pas le nier. Mais on est tellement nombreux.” déplore-t-elle. “Il y a des gens qui n’arrivent pas à apprendre par coeur, c’est impossible. De toute façon les médecins oublient certaines choses, c’est impossible de tout retenir.” poursuit Juline.

Jean-Baptiste, 20 ans, “Redoubler sa première année, ça fait mal à la tête. C’est vraiment dur.”

Jean-Baptiste est en deuxième année de médecine, il a réussi à passer le cap difficile de la première année et se voit bien, comme beaucoup, en chirurgien ou médecin d’urgence. Jean-Baptiste le reconnait, la première année de médecine est la plus difficile, d’autant plus que l’étudiant l’a raté une fois. “Deux ans de P1, ça fait mal à la tête, c’est vraiment très dur. Mais ça vaut le coup.” explique le jeune homme, philosophe.  La hausse du numerus clausus? “Forcément” il est pour. “Je trouve que c’est bien. On manque de médecins, débloquer des places  permettra d’avoir plus de médecins pour les envoyer dans les déserts médicaux” justifie-t-il. L’apprentissage par coeur, Jean-Baptiste considère qu’il est justifié en première année. “La P1 : ce -ne sont que des cours théoriques,  pas de la médecine” admet-il. “Après on commence à rentrer dans le médical. Mais il faut bien faire la sélection!“conclut-il.

Xavier, 20 ans, “La fac n’est déjà pas foutue de gérer 1200 étudiants, alors en rajouter, ça ne va qu’aggraver le problème.

Xavier, étudiant en troisième année de médecine, est mitigé. “On manque beaucoup trop de médecins, mais il faut que la fac suive et s’adapte“, explique-t-il. Concernant les méthodes d’évaluation, Xavier en est certain, pour que ce soit vraiment équitable,”il n’y a pas d’autres moyens que d’évaluer les élèves sur le par coeur, c’est le seul moyen équitable.” Même s’il reconnait que l’apprentissage est un peu rébarbatif. “Je déteste le par coeur, mais la rédaction, c’est subjectif. Le QCM, c’est vrai ou faux. Ce serait peut être bien de mettre en place des entretiens. Le métier de médecin, c’est aussi le relationnel, c’est un métier social.” explique le jeune homme.

Laura, 20 ans, “Sylvia Pinel dit qu’elle veut enlever le numerus clausus, mais ça n’est pas possible.

Laura est en deuxième année et voudrait devenir chirurgien. La hausse du numerus clausus, elle est “évidemment pour“. Mais elle ne souhaite pas l’abolir, comme l’a proposé Sylvia Pinel. “J’ai regardé la primaire de gauche, ils disaient qu’ils voulaient enlever le numerus clausus, c’est juste impossible. Les médecins ont des responsabilités importantes, ils sauvent la vie des gens. C’est normal qu’il y ait une sélection importante.” se défend l’étudiante.

Pierre, 20 ans, “Ce n’est pas en ajoutant 20 places qu’on va lutter contre les déserts médicaux.

Pierre est en deuxième année de médecine et souhaite devenir neurochirurgien. La hausse du numerus clausus, Pierre le voit comme quelque chose de positif, “Oui, je trouve ça bien. Mais ce n’est pas en ajoutant 20 places qu’on va lutter contre les déserts médicaux. Il faudrait encore l’augmenter. Il y a une pénurie de médecins, on est obligés de recruter à l’étranger. Et à l’étranger les gens ne sont pas toujours formés” se justifie le jeune homme.

Jade, 20 ans, “Il y a des gens qui vont rater et se réorienter alors qu’il aurait pu faire de bons médecins? C’est un peu injuste.

Jade est elle aussi en deuxième année de médecine. L’étudiante prône une formation plus pratique et démocratique, “Le fait que tout le monde puisse tenter, je trouve ça bien“, insiste-elle. “Mais la médecine, c’est pas du par coeur, il s’agit pas juste d’apprendre par coeur, il faut aussi comprendre“, explique Jade. Elle reconnait que la sélection n’est pas toujours juste: “Il y a des gens qui vont rater et se réorienter alors qu’ils aurait pu faire de bons médecins. C’est un peu injuste, mais il faut bien un moyen de faire la différence avec les gens.

 

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