Doyen de la faculté de médecine de l’Upec, Jean-Luc Dubois-Randé, chargé de co-animer un groupe de travail sur le transfert de la greffe hépatique de Henri Mondor à Paul Brousse se garde de prendre une position tranchée pour ou contre le projet, préférant rappeler le contexte, expliquer les enjeux du groupe de travail, et inviter à en attendre les conclusions attendues fin février 2018. Entretien.
“Il convient d’abord de rappeler que ce sont des conflits humains internes entre médecins, chirurgiens, qui ont fragilisé le service de chirurgie et hépatologie d’Henri Mondor. C’est en raison de ces conflits qu’un arbitrage a été demandé à l’AP-HP et il y a eu une forme d’audit local qui a considéré qu’il y avait des sujets et a demandé à un chirurgien de rejoindre Paul Brousse dont il était issu”, rappelle le doyen, interviewé par téléphone ce mercredi 13 décembre. Impossible toutefois, diplomatiquement, de proposer un échange standard, qui n’aurait pas été bien perçu à Paul Brousse. Si le départ du professeur en question n’est pas encore effectif, il devrait donc rejoindre l’hôpital villejuifois à l’issue du processus de transfert du centre, avec un adjoint, selon les plans de l’AP-HP. Entre temps, un autre chirurgien a trouvé un poste à Genève et sera lui effectivement parti fin décembre. “La situation reste néanmoins compliquée car l’ARS (Agence régionale de santé) autorise toujours 5 centres de transplantation hépatique dans la région. Le cancer du foie est en effet en grande progression et fait partie des grandes priorité médicales des 20 prochaines années, en raison de l’alimentation trop riche et de l’alcool. Cette épidémiologie forte et en croissance pose la question de savoir s’il ne faut pas garder les centres de transplantation hépatique. Ceci d’autant plus qu’il faut soigner des formes aiguës et fulminantes qui peuvent aller jusqu’à la transplantation. Tout cela est un ensemble compliqué de chirurgie, réanimation, radiologie de pointe, biologie de pointe, très technique qui existe actuellement à Mondor et qui constitue l’une des grandes forces du CHU. Compte tenu de ces forces en place, nous n’aurions jamais du nous trouver dans cette situation s’il n’y avait pas eu ces conflits internes, poursuit le doyen. Dans ce contexte, pourquoi ne pas discuter avec Paul Brousse. Derrière cela, il y a de la recherche qui peut être amplifiée sur deux sites. Les patients doivent en revanche y comprendre quelque chose. Pourquoi passer par Mondor si l’on est opéré à Paul Brousse ? Et Paul Brousse peut-il accueillir toute la cohorte de Mondor ? Nous n’avons pas les réponses sur ces questions aujourd’hui. Il s’agit d’un dossier technique. Ce que nous demande l’AP-HP est de renforcer l’identité d’un centre bi-site. Le transfert ne concernerait pas toute la transplantation mais seulement l’acte chirurgical, le patient revenant dans la foulée à l’hôpital.”
Ce projet inédit d’opération sur deux sites n’est-il pas ubuesque ? “Si c’est impossible, il faudra qu’on le montre, c’est pour cela qu’un groupe de travail se met en place. Il faut que les politiques comme les professionnels puissent s’appuyer sur un rapport, pour comprendre si cela a un sens ou pas.”
Il semble également dans les tuyaux de développer la chirurgie du pancréas à Mondor, qu’en est-il ? “Nous souhaitons recruter un chirurgien qui soit capable de porter à la fois la chirurgie hépatique et du pancréas, puisse monter en charge rapidement, et soit également capable, dans l’hypothèse d’un centre bi-site, s’il est avéré que cela ait un sens, de gérer des patients qui reviendraient. Il faut recruter un chirurgien un peu plus polyvalent, rapidement, car il ne restera plus qu’un seul chirurgien. Il faut être vigilant pour préserver l’approche du cancer du foie dans son ensemble.”
Quel est l’impact de cette réorganisation pour la faculté ? “Il n’est pas négligeable car nous investissons beaucoup sur l’hépatique dans le domaine universitaire. En cas de transfert, beaucoup de fonctions support et d’universitaires de pointe partiraient. Ces impacts figureront également dans le rapport.” Comment l’université pourrait-elle rebondir ? “Si l’on part sur un service hépato-médical renforcé avec par exemple des axes nouveaux sur le métabolisme ou certains domaines de l’oncologie, qui constituent des axes universitaires majeurs.”
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