Apprendre l’Anglais en faisant, en s’amusant, en vivant, tel est l’objet de la jeune entreprise Homelike, développée par Odile Bonnefoix. Portrait.
L’international a toujours tenté Odile Bonnefoix. Tout juste diplômée d’un bac littéraire option langues en 1992, la jeune femme se destine d’abord au commerce international, et commence par passer le BTS correspondant. Mais les débouchés la déçoivent. “Les opportunités consistaient essentiellement en des postes de secrétaire de direction import-export, mais moi, je voulais voyager, alors je suis partie en Angleterre avec mon sac à dos, dans l’idée de trouver des petits boulots et de passer mon Toefl”, se souvient-elle.
Cet article s’inscrit dans le cadre de la rubrique Histoires d’entreprises et d’entrepreneurs, rédigée – en toute indépendance – grâce au soutien de la CCI du Val-de-Marne. Voir tous les articles publiés dans cette rubrique.
Après une paire d’années en immersion, la jeune femme est sûre d’une chose : elle aime la langue anglaise, elle veut l’enseigner. Retour sur les bancs de la fac, maîtrise d’Anglais, la route semble alors tracée. Mais en stage dans un lycée, c’est la douche froide. “J’ai vu la professeure que j’accompagnais être exténuée par la gestion de la discipline, l’accueil des élèves en retard, ceux à qui il fallait demander de retirer leur casquette, laisser leur téléphone portable… J’ai vu les classes trop nombreuses pour être dynamiques. A l’époque, je travaillais à temps partiel comme chargée de clientèle chez SFR et du coup, j’y suis passée à plein temps, je ne me suis pas projetée dans l’Education nationale”, confie Odile Bonnefoix. Du service client au service fraude en passant par la gestion de projets et la formation, la jeune professionnelle passera finalement 17 ans chez l’opérateur télécom.
Reconversion et diplôme pour asseoir sa légitimité
L’envie de transmettre, de former, reprend néanmoins le dessus, lentement mais sûrement. “J’ai suivi une formation en Fongecif pour être formatrice d’adulte et décidé de me reconvertir. Au début, je pensais faire seulement de la formation professionnelle, et puis je me suis dit “pourquoi pas les enfants?” moi qui ai beaucoup parlé en Anglais à mes propres enfants depuis qu’ils sont petits.” Une transition professionnelle qui s’effectue en douceur, avec un passage à temps partiel avant de prendre tout à fait son élan. “J’ai passé un diplôme de formatrice d’adultes pour asseoir ma légitimité et commencé à enseigner via le Greta. J’ai aussi été professeure dans une école privée de BTS communication, Suptek, à Créteil.Et en parallèle, j’ai commencé à tester des ateliers d’Anglais auprès des amis de ma fille le dimanche, par groupe de sept enfants de 5 à 7 ans, afin d’éprouver ma méthode. Mon objectif était d’apprendre par le vécu, sur le terrain.”
Apprendre en vivant
Odile Bonnefoix plonge dans le grand bain en 2014. L’entreprise est créée en octobre et tout s’enchaîne alors assez vite, autour d’un concept longuement mûri. “Aujourd’hui, on a une vision trop académique de l’apprentissage de la langue. J’ai voulu le rendre concret, avec des sorties pédagogiques, des visites culturelles, des ateliers.” Apprendre les expressions autour de la cuisine en faisant un gâteau, les noms d’animaux en allant au zoo… Pour Odile Bonnefoix, une langue vivante s’apprend en vivant, et en voyageant. L’entrepreneure va ainsi jusqu’à organiser une journée à Londres avec un programme précis, qui multiplie les occasions de se familiariser avec la langue et la culture, à commencer par la capacité à se repérer dans le métro. Un voyage proposé en compagnie des parents.
Impliquer les parents
“Je veux montrer qu’une langue s’apprend partout et cette pédagogie doit aussi s’effectuer auprès des parents pour qu’ils fassent un travail en parallèle à la maison, permettant d’intégrer dans le quotidien des moments de contact avec la langue, en ne la considérant pas simplement comme une activité extra-scolaire. Aujourd’hui, je suis du reste en train de créer un guide pratique pour les parents.”
Bientôt une application mobile
Autre projet dans les cartons : le développement d’une application Homelike pour que les enfants puissent s’amuser en apprenant avec les mêmes méthodes pédagogiques. “Nous allons aussi développer des ateliers interactifs à distance car il existe plein de choses sur Internet mais cela ne marche pas s’il n’y a pas de vrais interlocuteurs en face. Nous allons donc le développer avec nos méthodes, pour permettre à des enfants plus éloignés de participer à des ateliers.” A venir aussi : le soutien scolaire, à partir du mois de janvier.
Deux implantations à Thiais et Ivry-sur-Seine
Pour accueillir ses élèves, Homelike a d’abord disposé d’un espace à Thiais, où l’entreprise accueille actuellement 150 enfants les mercredi et samedi. Et depuis peu, elle a pris un local à Ivry-sur-Seine, où 50 enfants sont déjà inscrits. Le siège, lui, est basé à Vitry-sur-Seine.
Après l’Anglais, le Japonais ?
Et les autres langues ? “On y pense. Nous avons déjà des demandes en Espagnol, Italien et aussi, surtout, en Japonais!” indique Odile Bonnefoix. Aujourd’hui, Homelike emploie 5 personnes à temps partiel.
Le réseau, le réseau, le réseau…
Un conseil ? “Développer son réseau, construire son projet avec les autres, ceux qui nous donnent des conseils, nos futurs partenaires, prendre le temps de le faire”, insiste la cheffe d’entreprise, qui a été épaulée par le programme ExcEllence de la CCI, un programme de coaching et réseautage destinée à promouvoir l’entrepreneuriat féminin dans le département.
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