Entreprises | | 10/10/2017
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A Villeneuve-le-Roi, la CCI initie une médiation difficile entre entreprises et maire

A Villeneuve-le-Roi, la CCI initie une médiation difficile entre entreprises et maire © FB

Mis à jour le 11 octobre. Alors que le nouveau PLU de Villeneuve-le-Roi prévoit de développer du logement dans la zone de la Carelle, au grand dam des entreprises déjà installées sur place le président de la Chambre de commerce du Val-de-Marne, Gérard Delmas,

a tenté ce mardi d’initier une délicate médiation entre les entrepreneurs locaux et le maire LR de la ville, Didier Gonzales, à l’occasion d’une visite chez Paprec.

Spécialisé dans le recyclage, le groupe Paprec s’est installé à Villeneuve-le-Roi dès 1996 pour centraliser le traitement des déchets de ses clients du sud de l’Île-de-France. Au fur et mesure de sa croissance, l’agence Paprec IDF Sud 94 s’est dotée de machines et de centres de tri dédiés pour valoriser les déchets. « Aujourd’hui, seulement 25 % des déchets que nous réceptionnons et trions partent pour l’incinérateur à Villejust (Essonne). Sur les 75 % restants, nous vendons énormément de carton (80€ la tonne) avec l’essor de la vente en ligne qui requiert des colis et du papier blanc (250€ la tonne) pour produire des feuilles A4 très demandées par les nombreux utilisateurs d’imprimantes. Un tiers de nos clients se trouvent en France, un autre tiers en Europe, et le dernier tiers pour la seule Chine», souligne Philippe Fanartzis, directeur des relations institutionnelles de Paprec. Afin de poursuivre sa démarche de valorisation, Paprec IDF Sud 94 a acquis au début de l’année une parcelle voisine, sur l’ancien emplacement de l’usine Facom pour y déployer une unité de traitement de déchets électroniques. Or, le zonage de ce site dans le nouveau PLU empêche l’entreprise de lancer la construction du nouveau centre.

Pour Erwan Le Meur, directeur général adjoint de Paprec, l’entreprise ne peut donc plus innover et créer des emplois “non délocalisable” à Villeneuve-Le-Roi. «Nous n’avons pas été avertis de l’ouverture de l’enquête publique et lorsque nous avons demandé la documentation aux services de la mairie, vous nous les avez refusé. Nous avons été pris de vitesse. Tout ce que nous demandions, c’était de pouvoir entamer un dialogue sur la modernisation de la zone d’activité. A Gennevilliers, où nous détenons également une part de nos activités, nous avons co-construit un PLU qui étaient soumis comme ici à des plans de prévention. Nous avons un savoir-faire en la matière. Alors, accepteriez-vous de revoir le PLU avec nous ? »  demande directement le dirigeant au maire.

© Fb

Didier Gonzales et Gérard Delmas

La réponse est un non ferme. Didier Gonzales, estime de son côté que le projet entamé il y a six ans a fait l’objet d’une période de concertation suffisamment longue et relayée pour qu’ils puissent y participer, et  il n’a aucune intention de revenir dessus. «Je ne comprends pas que l’on s’obstine a vouloir poursuivre une activité industrielle dans un cul-de-basse-fosse mal desservi à proximité d’un site SEVESO 2, en zone inondable. Toutes les recommandations préfectorales indiquent que les zones autour des gares doivent être densifiées, et l’État nous impose de créer 110 logements par an sur la commune. En contrepartie, le nouveau PLU ouvre une frange de 7 hectares aux franges de l’aéroport», insite-t-il.

Les entreprises de La Carelle, elles, entendent bien continuer à se mobiliser, et pas seulement Paprec.  Les chantiers de la Haute Seine, l’entreprise de recyclage Chabany, le transporteur TPF, le dépôt pétrolier GPVM ou encore Emulithe ont décidé de faire bloc et indiquent regretter un manque de dialogue avec la municipalité. « Il y a 13 ans que l’on demande une sécurisation du site où les dépôts sauvages sont récurrents », rappelle Sylvain Chabany. « L’état de la voirie est déplorable, certains camions crèvent en empruntant ces routes défoncées. Le maire n’a aucune volonté d’entretenir la zone», abonde Jean-Jérôme Gazeau, dirigeant d’Emulithe, qui est justement spécialiste des enrobés de voirie.  Nous avons lancé une nouvelle étude, la troisième, sur la sécurisation de la zone, nous envisageons un contrôle d’accès au moyen de gardiens. Nous avons déposé une demande de financement à la région. En revanche, pour la chaussée, je ne financerai pas les travaux. Cela représente 10 millions d’euros à trouver alors que la ville ne perçoit plus les recettes des taxes aux entreprises», tranche Didier Gonzales.

« Il est difficile pour une ville de concilier les intérêts des entreprises de son tissu local avec ceux de la population. La chambre entend faire en sorte que ces deux mondes puissent se parler. Il ne faut pas perdre de vue que l’enjeu c’est de construire ensemble les conditions pour que là où l’on créé des logements, il y ait aussi de l’emploi à proximité », plaide Gérard Delmas, président de la CCI du Val-de-Marne.

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En images

Une dizaine de tonnes de déchets passe sur ce tapis roulant toutes les heures. Travaillant en deux-huit, cinq jours sur sept, les agents séparent les différents matériaux qui sont ensuite traités individuellement par des machines.

Les presses à balles compactent le carton par grand bloc qui sont ensuite vendus comme matière première à des fabriquants.

Philippe Fanartzis, directeur des relations institutionnelles de Paprec (au centre), explique le fonctionnement de la chaîne de tri à Gérard Delmas, président de la CCI94 (à gauche) et au maire de Villeneuve-Le-Roi, Didier Gonzales.

 

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