Rarement un café n’a aussi bien porté son nom. Le Victoria, sur le boulevard Anatole France, à Vitry-sur-Seine, est le lieu où s’entraînent des champions de France de football de table. Les Rebels, se retrouvent plusieurs soirées dans la semaine pour s’adonner au baby-foot, jeu populaire que les passionnés ont transformé en véritable discipline sportive.
Le bruit caractéristique des petites figurines de joueurs en aluminium contre les balles en liège est resté dans beaucoup de mémoires. Pourtant, le baby-foot autrefois si répandu dans les bistrots de quartier a disparu progressivement, entraînant avec lui dans l’oubli, flippers, fléchettes, billards ou encore jeux d’arcade. Heureusement, certains bars conservent ces reliques qui font encore le bonheur de joueurs occasionnels de tout âge.
Et ces dernières années, un nouveau type de joueur a fait son apparition : le fou de baby. «J’ai commencé à jouer au collège avec un camarade de classe. Bien plus tard, alors que nous étions allés dans un bar, nous avons vu deux personnes patientant devant un baby-foot. Nous les avons affrontés et avons découvert ce qu’était le haut niveau. Impressionnés, nous nous sommes décidés à nous investir davantage dans cette discipline », raconte Cyril Deschenes, originaire du Plessis-Trévise. Après avoir fait leurs armes chez les Coyottes d’Evry, l’un des meilleurs clubs de France, Cyril et André Forges décident, en septembre 2016, de fonder leur propre équipe plus proche de chez eux : Créteil Football de Table. Rapidement, les deux compères se mettent à la recherche d’un lieu d’entraînement. Si de nombreux clubs ont la chance de pouvoir occuper des gymnases et salles de sport, les Rebels, comme ils se surnomment, frappent, eux, à la porte du Victoria, un petit bar situé tout en haut du quartier du Port à l’Anglais à Vitry-sur-Seine. Roberto, le propriétaire, leur donne son feu vert et acquiert un deuxième baby-foot que les adhérents du club entretiennent. « Je trouve que cela met de l’animation, sans gêner les autres clients. Je préfère que les gens, en particulier les jeunes, viennent jouer ici au calme plutôt que de traîner dans la rue!» En dehors des deux jours d’entraînement dont les membres disposent, ils paient le reste du temps 3€ de l’heure.
La pratique sportive du babyfoot s’appuie en France sur une communauté d’environ 2000 licenciés qui se retrouvent tous les weekends dans des tournois organisés sur l’ensemble du territoire. Ces initiés qui passent des heures à s’entraîner ou à décortiquer des retransmissions de rencontres sur Youtube, préfèrent la dénomination football de table au terme de babyfoot. « Une fois le seuil de la technique franchi, c’est un autre jeu qui commence. C’est un peu comme aux échecs où l’on met en place une stratégie pour tenter de piéger son adversaire. La façon de positionner ses joueurs, de frapper la balle, rien n’est anodin », explique Sandy Penegry qui s’entraîne quotidiennement plusieurs heures. Cette maman Ivryenne est devenue vice-championne du monde le mois dernier, aux côtés de Sophie Martinez, licenciée dans l’autre club du Val-de-Marne, l’US Fontenaysienne.
Le club compte dans ses rangs une vingtaine d’adhérents, parmi lesquels certains avaient déjà un bon niveau et d’autres étaient néophytes. Si le plaisir et la bonne humeur constituent l’essence de Créteil Football de Table, ses membres n’en restent pas moins compétiteurs. Ainsi, au terme de leur première saison, les Rebels sont devenus champions de France en ligue Nationale après avoir pris le meilleur sur leurs voisins de Fontenay-sous-Bois. Ils évolueront l’année prochaine en deuxième division.
ça promet des crampes du poignet
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