Avec son large sourire et son sac-à-dos remplis de bouquins, Maïa Musumeci se distingue du personnel soignant et des familles de patients. «Je vais passer dans toutes les chambres pour proposer mes histoires, parfois les parents me disent que ce n’est pas la peine parce que leur enfant est grand et se distrait avec un portable ou une console de jeu. Mais la plupart du temps, ils acceptent et passent un bon moment. J’essaie de semer une petite graine»,
explique cette enseignante en retraite active dans plusieurs associations. «J’ai connu le docteur Amhis lorsqu’il a opéré mon fils au Chic (Centre hospitalier intercommunal de Créteil), je lui dit que lorsque je serai à la retraite et qu’il serait responsable du service, je viendrai faire des lectures. Je viens deux fois par semaines et reste quelques heures». Jean-Yves Fournier a lui aussi été enseignant et vient faire la lecture aux patients les jours où Maïa n’est pas là. Tous deux font partie des 60 bénévoles val-de-marnais de l’association Lire et Faire lire, qui se déplacent dans divers lieux accueillant des enfants et adolescents, pas seulement des hôpitaux, pour leur donner goût à la lecture.
Ce matin là, Juliette, une lycéenne de l’Yonne, entame sa troisième semaine d’hospitalisation après quelques complications. Elle doit passer le bac de français à la fin de l’année scolaire et perd de précieuses journées de travail alitée loin de chez elle. Maïa s’attache donc à lui apporter des livres en lien avec son programme, comme des nouvelles, des romans fantastiques ou des poèmes. «Je n’ai pas beaucoup eu le temps de réviser, c’est beaucoup plus vivant d’entendre quelqu’un nous faire la lecture plutôt que de lire soi-même et en silence», exprime la jeune fille.
Depuis son arrivée à la tête du service de chirurgie pédiatrique, Jamil Amhis fait tout pour mettre l’enfant et la famille au centre, dans les soins comme dans l’accueil. Le service met par exemple en place un système de gratuité du lit accompagnant lorsque les mutuelles ne le prennent pas en charge. Mais pour faire sortir de leur chambre les jeunes, ils faut pouvoir proposer des animations. «Les associations ont du mal à passer le périphérique pour venir dans nos centres hospitaliers, il faut aller les chercher. C’est pour cela que nous avons créé l’association Les p’tits opérés du Chic, qui nous permet de mettre en place quelques initiatives, et d’accueillir d’autres structures».
Plusieurs artistes, dont le docteur Amhis (également peintre), le graffeur Nebay ou la plasticienne Olga Luna, ont ainsi agrémenté le service de fresques et tableaux colorés. Des goûters, des rencontres et ateliers avec des sportifs locaux ou des étudiants sont également organisés. «Pendant ces moments, les enfants viennent avec leur pied à perfusion, ils jouent ensemble quelque soit leur milieu social, les parents se dégagent un peu de temps. Le but est de montrer que malgré l’hospitalisation, la vie continue», motive Jamil Amhis.
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