Culture | | 11/07/2017
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Le street-artiste Potato Nose s’attaque à l’avenue Barbusse à Vitry-sur-Seine

Le street-artiste Potato Nose s’attaque à l’avenue Barbusse à Vitry-sur-Seine

Sa première oeuvre de street-art, c’était sur un bâtiment criblé de balles du coeur de Beyrouth. Cette semaine, l’artiste libanais Potato Nose a investi la haute façade d’un immeuble de l’avenue Barbusse à Vitry-sur-Seine, à côté du guerrier Bantu…

Les doigts noircis par l’utilisation de bombes tout au long de ce lundi, Potato Nose contemple le début de son projet qu’il a déjà baptisé “Connexion”. Au terme d’une première journée de travail, il est plutôt satisfait de sa progression malgré une météo capricieuse ce lundi 10 juillet. L’œuvre doit être terminée mardi. Toute l’après-midi, l’artiste a dessiné de petits personnages, qu’il a conçu dès son plus jeune âge, gravitant autour d’une forme géométrique chaude et ronde (un soleil et/ou un œil). Perché sur une nacelle à plusieurs dizaines de mètres de hauteur, Potato Nose de son vrai nom, Jad el-Khoury reconnaît avoir essuyé quelques reproches de voisins par rapport aux nuisances sonores. D’autres riverains et passants ont été plus aimables et ont gratifié l’artiste de compliments, allant même jusqu’à lui offrir un café. L’un des habitants de l’immeuble adjacent, déjà recouvert par un guerrier Bantu de Kouka, a proposé de faire quelques prises de vue avec son drone le lendemain. «C’est très important pour moi de rencontrer des gens même si c’est difficile à une quarantaine de mètres de haut. Pendant quelques jours j’ai pu me balader dans Vitry et ses alentours. J’ai apprécié son aspect cosmopolite. J’ai aimé également découvrir autant d’œuvre de street-art. C’est étonnant de voir que ça fait l’objet d’une certaine organisation quand chez moi au Liban, c’est une pratique beaucoup moins institutionnalisée».

Ce projet “Connection” a été réalisé par l’entremise de Vitry’n Urbaine et l’OPH de Vitry-sur-Seine. Jean-Philippe Trigla, président de l’association de valorisation de l’art urbain dans les rues vitriotes a tenu à ce que Potato Nose s’investisse au contact de la population locale. «Jad a participé à un atelier avec des jeunes de Villeneuve-Saint-Georges et a également participé au festival du Gros Paris. Il faut se saisir de cette opportunité pour les artistes locaux et nos jeunes d’entrer en contact avec des artistes de renom, et d’entreprendre des collaborations internationales pérennes. Ce n’est que de cette manière que l’art urbain à Vitry et sur ce territoire continuera à se développer».

Architecte d’intérieur au Liban, Jad el-Khoury quitte du jour au lendemain sa profession pour se lancer dans le street art, il a alors 26 ans. Aidé par des camarades, il descend en rappel sur un bâtiment de Beyrouth criblé de balles et recouvre ces stigmates de la guerre civile de couleurs vives. «Les libanais ont tendance à baisser la tête devant les impacts de balles et de bombes comme s’ils voulaient refouler ou oublier le souvenir des affrontements. Pourtant, la fin du conflit n’a pas réellement débouché sur une résolution des dysfonctionnements de notre système politique. A travers cette œuvre, je voulais que les gens se souviennent de ce qui s’est passé pour pouvoir agir et mettre en place les conditions d’une paix durable». Dès lors, l’artiste gagne en notoriété et réalise d’autres œuvres dans plusieurs pays du Moyen-Orient tel que le Bahreïn ou le Koweït. Potato Nose est également invité à Genève aux Nations Unies pour participer à une conférence.

Désormais, l’artiste grapheur a des contacts pour un projet avec l’Institut du monde arabe (Ima) et doit revenir en Europe dans le courant de l’année pour une résidence d’artiste à Venise et une exposition à Amsterdam. Heureux de voyager et de multiplier les rencontres artistiques, Jad el-Khoury reste néanmoins très attaché au Liban, source propice d’inspiration et environnement familier où il s’estime le plus légitime en tant qu’artiste.

Vous pouvez retrouver les ouvres de Potato Nose sur son compte instagram.

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