Ce jeudi 26 janvier, le maire d’Ivry-sur-Seine, Philippe Bouyssou, votera pour la reconstruction de l’incinérateur d’Ivry au Conseil du Syctom, le syndicat intercommunal en charge des déchets. Hier, il a obtenu la majorité du Conseil municipal à 21 voix pour, 18 contre (CCI, PS, EELV, FDG) et 3 abstentions. Le groupe de droite n’a pas pris part au vote.
En octobre dernier, le maire s’était retrouvé en minorité sur ce sujet, suite à voeu contre le projet déposé par les écologistes et voté par les opposants PS, LR et UDI. Entre les deux votes, l’élu avait donc demandé au Syctom de surseoir au vote du lancement de la construction et consulté les autres villes du syndicat intercommunal, qui se sont prononcées pour, soit à l’issue d’un vote soit via des lettres de soutien du maire. Seules trois villes n’ont pas répondu.
“Je n’en retire aucune gloire. A l’automne comme ce soir, c’est la droite qui a joué les arbitres, commentait le maire PCF en sortant du Conseil. Mais nous avons eu un débat de fond. J’avais invité le collectif 3R et la CGT du site à venir s’exprimer et ils ont pu exposer leurs arguments de manière étayée. Nous avons discuté pendant deux heures. La reconstruction de cet incinérateur n’empêche pas de poursuivre nos actions pour réduire les déchets. Je suis totalement en accord avec le plan Bom et nous allons lancer à la rentrée le tri à la source dans les écoles. La capacité de l’incinérateur sera réduite de moitié par rapport à l’actuel et nous avons obtenu que les fours soient réversibles pour diminuer encore cette capacité à terme et faire en sorte que les fours puissent alors aussi brûler de la biomasse. Mais en attendant les effets du plan Bom, nous avons besoin de ce nouvel incinérateur. Je rappelle qu’il y a encore 150 000 tonnes enfouies en Seine-et-Marne“, motive l’élu.
“Nous sommes déçus mais le combat continue. Samedi nous inaugurons la Maison de l’écologie d’Ivry, un local destiné à porter et à accueillir les questions du développement durable“, se console Mehdy Belabbas, deuxième adjoint EELV farouchement opposé à cette reconstruction. Dans un communiqué, les élus écologistes ont dénoncé cette nouvelle délibération, regrettant la tenue du Conseil un jour avant la date habituelle pour permettre au maire de se prononcer lors du Conseil du Syctom qui se tient ce matin, et regrettant que le sujet ait été mis à nouveau sur la table alors que le voeu EELV avait été voté à la majorité en octobre. “Ce vœu a été voté à la majorité, conduisant le Maire à proclamer qu’il respecterait l’expression démocratique. À peine trois mois plus tard, force est de constater que les choses ont bien changé et que les revirements politiciens ont eu raison de l’intérêt général.”Et d’indiquer que les élus EELV du Conseil syndical continueront à s’opposer au projet.
“Je regrette que les pressions reçues aient conduit la droite a revenir sur son vote malgré l’enjeu“, estime encore Sandrine Bernard, élue d’opposition PS.
“Notre groupe n’a pas remis en cause son vote mais nous avons contesté l’usage du Conseil municipal pour faire passer une délibération identique au voeux d’octobre dernier. Nous n’avons des lors pas jugé bon de nous reprononcer et nous n’avons pas pris part au vote. Nous déplorons l’incapacité du maire à garder sa majorité municipale. Le conseil de ce soir à montré des dissension assez forte au sein de la majorité”, se défend Sébastien Bouillaud, président du groupe d’opposition de droite. Complément de position mis à jour le 27 janvier, suite à un communiqué : “Sur le fond, nos doutes subsistent sur le futur projet dont la complexité est évidente et dont le coût financier est à affiner, bien qu’il soit bien inférieur au deux milliards annoncés par les détracteurs au projet. Nous regrettons profondément l’architecture de ce site que le prédécesseur du Maire, Pierre Gosnat, avait imposé dès le début des années 2000 et sur lequel l’opposition municipale de droite s’était déjà positionnée contre. Bien que le SYCTOM se soit engagé à renforcer sa politique de tri et de recyclage, nous déplorons la disparition, sur le site d’Ivry-sur-Seine, du centre de tri et de la déchèterie. Ce sont ces nombreuses réserves qui ont conduit notre vote en octobre dernier. Ces réserves n’ont pas été levées. Cependant, notre groupe des élus de la droite et du centre, contrairement aux groupes PS, EELV et CCI (Convergence Citoyenne Ivryenne), fait preuve de responsabilité dans l’intérêt général et dans l’intérêt des Ivryens. En effet, l’usine actuelle, a été construite en 1969 pour une durée de 40 ans. Depuis 2009, cette usine est donc en sursis et son existence sera donc prolongée de plus de 10 ans avant qu’une nouvelle usine, plus moderne, sorte de terre. Il est donc aujourd’hui urgent d’agir.”
Pétition en ligne
Sur Internet, la lutte se poursuit contre le projet. Le groupe international SumOfUs, qui se présente comme “une communauté de personnes engagées pour limiter le pouvoir grandissant des entreprises à travers le monde” a lancé une pétition qui a dépassé les 20 000 signatures.
Jean-Luc Laurent questionne le gouvernement concernant l’avenir de la politique de déchets
De son côté, le député MRC de la circonscription, Jean-Luc Laurent, rappelle qu’il a déposé une question au gouvernement début novembre, actuellement toujours sans réponse. Il y interrogeait le ministère de l’Environnement pour demander des éclaircissements sur la politique des déchets pour pouvoir se projeter de manière précise dans le futur. “Cette capacité prospective conditionne des choix d’investissements lourds comme la reconstruction de l’usine d’incinération d’Ivry-sur-Seine dans le Val-de-Marne. Ce projet porté par le Syndicat intercommunal de collecte et traitement des ordures ménagères (Syctom) est à l’étude depuis plus de dix ans et fait l’objet d’un débat légitime. Le projet arrêté a été récemment modifié pour intégrer la valorisation de la biomasse et écarter le traitement biomécanique afin de tenir compte de la loi de transition énergétique. Le calibrage du projet, qui est au service de 84 communes, doit être assuré au plus juste afin d’éviter deux écueils : la surcapacité qui serait coûteuse en ressources publiques et la sous-capacité qui conduirait à l’enfouissement ou à une externalisation hors du territoire métropolitain, ce qui est souvent la solution de facilité” témoignait l’élu, demandant au gouvernement les éléments de perspective et de prospective dont dispose le ministère en matière de traitement, d’élimination et de recyclage des déchets ménagers.
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