Alors que vient de débuter la coupe du monde de hockey sur glace en France et en Allemagne, les trois clubs du Val-de-Marne espèrent tirer leur épingle du jeu dans les championnats régionaux mais peinent à se développer faute de moyens, alors que ce sport reste assez méconnu dans l’hexagone.
Peut-être les avez-vous déjà croisés ces enfants et adultes qui portent à bouts de bras de lourds sacs de sports et crosses, en fin d’après-midi ou le soir, autour des patinoires de Champigny-sur-Marne, Vitry-sur-Seine ou Fontenay-sous-Bois. Si le hockey sur glace est plébiscité dans les régions du monde où l’hiver s’éternise (Russie, Canada, États-Unis, Scandinavie), ils ne sont que 20000 à pratiquer ce sport en France, dont 800 en Val-de-Marne.
Des trois clubs présents dans le département, Champigny a le plus gros pedigree, qui a passé près d’une décennie en deuxième division nationale et s’est invité en phase finale de ce championnat en 2014. Confronté à des difficultés financières, le club a malheureusement du déposer le bilan, avant de repartir. « C’est très difficile pour un petit club de banlieue d’assurer sa gestion. Après le dépôt de bilan, nous n’avons pas voulu lâcher l’activité. Le hockey sur glace à Champigny est aussi vieux que la patinoire, soit une quarantaine d’année. Aujourd’hui, nous évoluons au troisième échelon national », résume Philippe Gaubin, le président. De cette glorieuse époque, le CHC conserve son animal totem, l’élan, dont la silhouette frappe le maillot des joueurs et dresse ses cornes sur le logo du club. Cette saison, le Champigny Hockey Club s’est invité dans les phases finales de son championnat, échouant en quart de finale face aux Boxers de Bordeaux. Lors des années en deuxième division, le club comptait dans son effectif des joueurs étrangers, essentiellement des pays de l’Est, mais il n’a plus les moyens de faire jouer ces hockeyeurs. L’équipe se compose en majorité d’éléments formés au club.
« Avec un total d’environ 160 licenciés, c’est très difficile d’exister en région parisienne, les parents et les enfants ont un choix illimité d’activités et le hockey est un sport qui n’est pas à la portée de tous, surtout avec l’équipement. Pour autant, la pyramide des âges est assez large à sa base avec un nombre important d’enfants à l’école de glace, puis chez les u7 et u9. Ensuite, ça se rétrécit avec les études, les déménagements, les copines », témoigne le président du CHC. En mal d’effectifs dans les équipes d’ados, le club prend part à des ententes avec des clubs voisins comme Fontenay-sous-Bois ou Neuilly-sur-Marne. Si certaines villes de province ont une culture de hockey et remplissent leurs patinoires pour les matches, Champigny, à l’instar des autres clubs du département, s’appuie sur la centaine de fidèles supporters qui suivent leurs performances, quitte à prendre le bus lorsqu’ils jouent à l’extérieur.
A quelques kilomètres, les Pumas de Fontenay-sous-Bois revendiquent eux quelques 280 licenciés. « Notre ambition est de pouvoir engager une équipe de joueurs dans chaque catégorie. Pour l’instant, nous n’en sommes pas capable et devons faire des ententes, ce qui n’est pas toujours facile puisque les clubs peuvent avoir des divergences de politique sportive ou des fréquences et des créneaux d’entraînement différents. De plus, les familles voient comme une contrainte le fait de devoir emmener leurs enfants dans une autre patinoire », témoigne Jean-Christophe Turlure, le président des Pumas de Fontenay. « Nous tâchons de nous faire connaître en prenant part à des forums d’associations et organisons deux fois dans l’année des portes ouvertes où nos jeunes ramènent des copains. Nous avons en majorité au sein de nos équipes des Fontenaysiens mais aussi des enfants du Perreux-sur-Marne, Nogent-sur-Marne, Rosny-sous-Bois, Neuilly Plaisance ou Montreuil». Confronté à la difficulté de trouver des entraîneurs, le club fontenaysien a fait le choix du salariat pour Marius, son jeune entraîneur général, là où les autres formations fonctionnent grâce au bénévolat. « J’ai d’abord commencé par un contrat civique, à présent je suis en emploi d’avenir au sein du club. Cela m’a permis entre temps de passer des diplômes et je peux désormais entraîner des jeunes de 3 à 13 ans », explique-t-il. Les Pumas ont également fait appel à d’autres jeunes en service civique pour entraîner et assurer la communication du club.
A l’Ouest, les Vikings de Vitry -sur-Seine ont bénéficié de l’arrivée de joueurs de Yerres. « Nous sommes une dizaine a avoir grandi à Yerres où nous avions un bon club, mais la ville a rasé la patinoire pour en faire un parking. En cinq ans nous avons fait venir des jeunes et sommes passés d’une dizaine de joueurs à 120 licenciés », se réjouit Julien Zanderman, président du hockey club de Vitry. Comptant trois équipes en senior, les profils sont variés avec des hommes de 21 à 60 ans, biberonnés au hockey sur glace ou venus par hasard à ce sport. « L’avantage de la glace, c’est que l’on peut s’y mettre dès trois ans comme à l’âge adulte. Je dis souvent aux parents qu’ils ont frappé à la bonne porte s’ils veulent que leur enfant s’éclate et prenne du plaisir ici, par contre, je les aiguille vers d’autres clubs dès qu’ils recherchent plus de performance. Nous ne pouvons pas grandir, la plupart des infrastructures sportives ferment à 22 heures. Il nous faudrait une quinzaine d’heures de glace supplémentaires pour pouvoir développer le club». L’équipe fanion des Vikings de Vitry évolue en première division régionale et affronte régulièrement l’équipe 2 de Champigny et Fontenay-sous-Bois dans des derbys parfois disputés. «C’est un sport qui pâtit d’une réputation violente mais dans les faits, il y a moins de contact qu’au rugby, et moins de blessures qu’au football. Certains joueurs apprécient ce contact rugueux mais à notre niveau, les mises en échec (charge visant à déposséder le hockeyeur du palet) sont interdites».
Voulant éviter que les parents renoncent à inscrire leurs enfants pour des questions relatives au coût des équipements, les clubs organisent des prêts de matériel les premières années. Si les jeunes désirent continuer la pratique de ce sport de glisse, ils doivent ensuite faire l’acquisition de crosse, casque, protections et patins. Un équipement qui dépasse facilement les 200€, sans compter la licence.
Quid des retombées de la coupe du monde pour ces trois clubs ?
«Lors des JO de 1992 à Albertville, nous avions eu de grands matches de hockey en France, mais cela n’avait eu aucun effet sur le nombre de licenciés. D’ailleurs, la fédération a énormément de mal à vendre ses places, et n’a fait aucun geste pour les joueurs. Ce n’est pas facile pour un néophyte de suivre un match, en Allemagne, les gens connaissent davantage ce sport », estime Julien Zanderman. «Les médias vont en parler pendant les deux semaines de compétition mais la plupart des patinoires ferment au printemps pour ne rouvrir qu’en septembre. C’est compliqué de savoir si l’engouement éventuel du mondial va attirer des jeunes qui devront attendre plusieurs mois avant de venir s’essayer sur la glace», pense Philippe Gaubin. Optimiste, Jean-Christophe Turlure estime pour sa part que la constante progression de l’équipe de France et la professionnalisation de ce sport contribuent à braquer de plus en plus les projecteurs sur ce sport et à attirer un nouveau public vers le hockey.
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