Service public | Val-de-Marne | 18/04/2017
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Le ministre confirme l’accélération des suppressions de bureaux de Poste en Val-de-Marne

Le ministre confirme l’accélération des suppressions de bureaux de Poste en Val-de-Marne

La scène a choqué ce mardi matin à  la Poste des Joncs Marins du Perreux-sur-Marne. Deux jours avant la date officielle de sa fermeture au public, du personnel chargé de venir embarquer timbres, colis et imprimés était sur place dès 7h40, avant l’arrivée même des agents, rapporte Jean-Louis Berlatier, délégué Sud PTT. Un peu plus tard, ce-sont les ordinateurs qui ont été embarqués en présence des employés, poursuit le syndicaliste.

Cela les a beaucoup choqués. C’est humiliant”, s’indigne le délégué syndical.

Cinq nouvelles fermetures d’ici fin 2017

Ironie du sort pour les agents, c’est ce même jour que le président du Conseil départemental, Christian Favier, a réagi par communiqué au courrier que lui a adressé le ministre de l’Aménagement des territoires, Jean-Michel Baylet le 6 avril, en réponse au vœu adopté adopté à l’unanimité par les élus du département contre les fermetures de bureaux de Poste. “Sensible à votre démarche, j’ai sollicité le préfet du Val-de-Marne qui m’indique qu’aucune fermeture d’établissement n’interviendra au cours de l’année 2017“, rassure en préambule le ministre avant d’annoncer cinq nouvelles fermetures de bureaux. “Quatre bureaux de poste ont ou vont faire l’objet de transformations au cours du premier semestre 2017. Il s’agit de ceux de Charenton Liberté, Le Perreux Joncs Marins, Fontenay-sous-Bois et Noiseau. Les transformations devant intervenir au deuxième semestre concernent cinq autres bureaux de poste : Villejuif les Lozaits, Saint-Maur la Varenne Champignol, Boissy Saint Léger L’Orangerie, Fresnes la Vallée et Villeneuve le Roi les Vœux”, détaille le ministre.

Concrètement ces “transformations” consistent en la fermeture des bureaux concernés. Ces derniers sont remplacés par un service postal à partir d’autres commerces ou établissements, comme par exemple les bureaux de tabac. Les agents des bureaux supprimés, sont pour leur part réaffectés au sein de leur établissement principal. Aux Joncs Marins par exemple, ils rejoindront la Poste centrale du Perreux. “Dans un deuxième temps, cela permet de ne pas remplacer les futurs départs à la retraite et donc de diminuer les effectifs”, indique Jean-Louis Berlatier.

Déménagement sans prévenir et infos au compte-goutte exaspèrent

Pour ce dernier, c’est la manière de procéder qui est devenue insupportable. “On ne nous dit rien à l’avance, et le courrier du ministre, qui annonce de nouvelles fermetures dont certaines n’ont jamais été évoquées, comme par exemple Champignol à Saint-Maur-des-Fossés, confirme le mépris total envers le personnel et les usagers, comme l’atteste également le fait de déménager le matériel sans prévenir, deux jours avant la fermeture, alors qu’un temps était officiellement prévu pour les transferts, entre la fermeture au public du bureau Jonc Marins le jeudi midi et l’ouverture du bureau central le vendredi à 14 heures!”

Champignol crée la surprise

Alors que Sud PTT communique depuis plusieurs mois sur des potentielles fermetures de 20 à 30 bureaux de la Poste (entre un quart et un tiers des bureaux du département) d’ici à 2020, le délégué voit aussi dans ces nouvelles annonces une confirmation de ses craintes. Quatre des nouvelles fermetures annoncées par le ministre concernent en effet des agences qui figuraient parmi la vingtaine encore sur la sellette, selon le syndicat. “Pour nous, les bureaux les plus fragiles sont ceux qui ne comptent qu’un seul agent en journée, mais le cas de Champignol qui en compte deux vient encore changer la donne“, s’alarme le délégué syndical, pour qui la fermeture de cette agence, située juste en face du RER A de Champigny, pénaliserait de nombreux usagers.

Les élus réagissent

Du côté des élus, dont une délégation était reçue à Bercy il y a à peine un mois, suivie d’une longue missive du secrétaire d’Etat Christophe Sirugue, à la direction territoriale de La Poste, les réactions ne se sont pas faites attendre, à commencer par le destinataire du courrier, Christian Favier. “Je suis particulièrement surpris de ces informations car la direction du Groupe La Poste n’en a aucunement fait état dans les éléments demandés par le secrétaire d’Etat Christophe Sirugue suite à la délégation d’élus du Val-de-Marne reçue au ministère le 15 mars dernier. Ces perspectives provoquent chez de nombreux habitants et leurs élus un émoi légitime. De telles fermetures se traduiraient par un éloignement supplémentaire des services publics et par une rupture de la continuité de la mission d’accessibilité bancaire, vitale aux plus fragiles et utile à tous. Dans la logique financière mise en œuvre par le groupe La Poste, ces bureaux seraient supprimés au profit de “relais” chez un commerçant. Or, de tels “relais” ne remplacent en rien un bureau de poste. Des pans entiers de services ne seraient plus assurés dont les opérations bancaires. Par ailleurs, les bénéfices du groupe La Poste et l’argent public qu’il reçoit – dont 641 millions d’euros de CICE pour 2014 et 2015 – ne justifient en rien cette fuite en avant. Je demande donc au groupe La Poste des explications sur sa stratégie dans le Val-de-Marne et sur la diffusion au compte-gouttes des informations qui entretient l’inquiétude des personnels et des interrogations sur la feuille de route réelle du groupe La Poste dans le département”, tonne le patron du département. Sur place, les élus locaux des villes concernées par les nouvelles fermetures réagissent aussi, de Pierre Garzon, conseiller départemental PCF de Villejuif qui s’inquiète pour Les Lozaits, tout comme la candidate à la députation Catherine Dos Santos, à Daniel Guérin, conseiller départemental de Villeneuve-le-Roi, qui défend le bureau Les Voeux et vient d’écrire au président du groupe La Poste, Philippe Wahl, en personne.

Le point sur les bureaux fermés, bientôt fermés, ou sur la sellette

Déjà fermés
Noiseau
Fontenay Joffre
Charenton Liberté

Fermeture imminente
Joncs Marins au Perreux

Fermetures confirmées d’ici fin 2017 par le ministre
Boissy-Saint-Léger L’orangerie (fermeture qui était déjà annoncée)
Fresnes La Vallée (Etait sur la sellette, selon les syndicats)
Saint-Maur Champignol (Ne figurait pas dans la liste des bureaux menacés d’après les syndicats)
Villejuif Les Lozaits (Etait sur la sellette, selon les syndicats, en balance avec Lagrange)
Villeneuve-le-Roi Les Voeux (Etait sur la sellette, selon les syndicats)

Toujours sur la sellette, selon Sud PTT
Champigny Stalingrad
Champigny Plateau
Gentilly Chaperon Vert
La Queue en Brie
Mandres
Marolles
Orly Les Saules
Rungis Ville
Santeny
Saint-Maurice Montgolfier ou Leclerc
Thiais Grignon
Villejuif Lagrange
Villeneuve-Saint-Georges Gravier

“Nous sommes particulièrement inquiets pour Rungis Ville car il n’aura plus qu’un agent à la rentrée, et  pour Villejuif Lagrange car il ne sera plus ouvert que le matin à partir de septembre“, indique Jean-Louis Berlatier.

Pour rappel du contexte, c’est un référé de la Cour des comptes de février 2016 qui a alerté les ministres des Finances et de l’Economie sur la nécessité d’accélérer la reconfiguration du réseau en supprimant des agences, notamment en zone urbaine, arguant de la diminution de l’activité postale et du nombre croissant d’opérations dématérialisées. Les ministres avaient alors indiqué à la Cour des comptes que la transformation du réseau était en cours et se poursuivrait dans le cadre du contrat de présence postale territoriale 2017-2019 qui devait être signé par l’Etat, l’AMF et la Poste. Voir article détaillé. Sur le terrain, les élus, confrontés aux  usagers en colère contre ces changements d’organisation, voient les choses d’un autre oeil.

Pour concilier les recommandations de la Cour des comptes et la position des élus locaux sur le terrain, un contrat de présence territoriale 2017-2019, signé en janvier 2017 après d’âpres négociations, stipule les conditions de transformation d’agences en points de contact ainsi que les conditions de concertation avec les communes. Concernant le Val-de-Marne, une rencontre entre les élus locaux et la Poste autour de ce contrat de présence territoriale s’est tenue le 23 mars.  Sollicité sur la question lors d’un point presse, le nouveau préfet, Laurent Prévost, avait indiqué qu’il n’était pas question de réduire la présence postale et que la transformation de bureaux de Poste de plein exercice en points de contact ne constituait pas des fermetures. « Les grands réseaux de services au public doivent s’adapter, a indiqué le préfet. J’aurai en revanche un point de vigilance concernant la transparence dans ces évolutions», indiquait le préfet. Voir article

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