Le duel Valls-Hamon a cristallisé les divergences au sein des sympathisants socialistes. Le PS, écartelé entre ses gauches depuis des années, s’en remettra-t-il ? Les sympathisants croisés hier sur le chemin de leur bureau de vote veulent y croire sans nier la difficulté.
«Pendant cette campagne, nous avons vu s’affronter un réalisme malheureux et un idéalisme irréalisable. Il va falloir faire preuve d’un peu de compréhension mutuelle pour que les deux camps se réunissent, sinon c’est la mort du PS. Peut-être que cela passe par de nouvelles personnalités, mais cela n’empêchera pas un certain nombre de socialistes, sympathisants comme élus, de voir ce que propose Macron», analyse Francis, retraité, descendant le perron du collège Jules Ferry à Maisons-Alfort. «Je ne suis pas pour le principe des primaires, mais bon, on a assisté à des affrontements, maintenant il faut se réunir, et cela doit passer par le dialogue, c’est comme dans un couple!», enjoint Joël, depuis le bureau de la maison de la citoyenneté Rousseau d’Ivry-sur-Seine. «Le gagnant va vraisemblablement donner au PS la direction qu’il entend lui donner, de là à parler de réconciliation, cela fait beaucoup de morceaux à recoller!» estiment encore deux retraités devant bureau de l’école du Port aux Lions à Charenton-le-Pont.
A Vitry-sur-Seine, devant la maison de quartier du Port-à-l’Anglais, Laura et Karima, deux sœurs, se retrouvent après avoir voté. «Nous avons voté par dépit, aucun candidat ne nous a semblé vraiment solide, il n’y avait pas d’homme de la situation. A la limite, Valls incarnait un peu l’autorité et un projet réaliste, mais pendant ce quinquennat, il y a des points sur lesquels on a pu constater qu’il n’y avait pas eu assez de réflexion, comme par exemple sur la déchéance de nationalité, les heures supplémentaires ou la réforme de la complémentaire santé. Tout cela a manqué de lisibilité. Au moins, cela fait plaisir de voir qu’il y a encore des électeurs qui se déplacent pour défendre les valeurs de gauche», se consolent-elles. Quentin, lui, reste confiant. «On n’est pas opposé sur tous les plans, nous partageons des objectifs communs. Je suis informaticien et je pense que le débat qu’il y a eu sur l’automatisation d’un certain nombre d’activités était intéressant. Des questions de société ont été engagées dans cette campagne et nous pourrons avoir un bon projet si nous prenons le temps de dialoguer pour proposer des solutions à notre société en pleine mutation.»
Certains se préparent déjà à l’échec lors de la présidentielle, et se projettent au-delà. «J’ai écouté ce qu’avaient à dire les sept candidats de cette primaire et trouvé qu’il y avait des bonnes choses dans tous les projets. Cela prouve que l’on peut faire front commun ensemble, bâtir un programme, et revenir plus fort dans cinq ans», suggère ainsi Fabienne, à proximité du bureau de la rue des Violettes à Alfortville. Venu voter en famille à Charenton-le-Pont, Thierry veut y croire malgré tout : «Il y a et il y aura toujours cette fracture au sein du PS, mais d’ici les prochaines échéances électorales, nous allons trouver une personnalité capable de réaliser des synthèses improbables…»
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le PS est un parti majoritairement centriste
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