1845 en Irlande, les cultures de pommes de terre sont terrassées par le Mildiou, provoquant une famine qui fera près d’un million de morts et poussera à l’exode des familles entières. Invités à étudier cette période de l’histoire,
les élèves de seconde européenne du lycée Robert Schuman de Charenton-le-Pont ont décidé de raconter sur twitter la formidable aventure de Molly Managhan, personnage fictif, partie émigrer aux Etats-Unis pour échapper à la disette. Une idée, initiée par une élève, Maxine Marchand, à laquelle non seulement ses camarades se sont pris au jeu, mais aussi la ville de Skibbereen – dont est originaire l’héroine, désormais accro au fil twitter rédigé en Anglais par la classe.
“Il y a quelques temps, j’avais vu un reportage TV sur une classe d’un lycée toulousain qui a créé le compte twitter de Frédéric B. ,un poilu ayant vraiment existé, et qui tient son journal depuis 2014. J’avais trouvé le concept génial, et lorsque notre professeur de DNL (Anglais en discipline non linguistique, dispensé 2 heures par semaine en plus du cours de langue) nous a indiqué que nous allions travailler sur cette période, j’y ai repensé“, explique Maxine Marchand.
Je suis assez inquiet de la réussite : la position de l’ennemi est formidable. Les mitrailleuses boches crachent. Combien arriveront ? pic.twitter.com/kg2Y58UO38
— Frédéric B. (14-18) (@FredericB_1418) 23 mars 2017
Avant d’ouvrir le compter sur Twitter, la classe a envisagé les autres réseaux sociaux, mais Snapchat rendait impossible un projet suivi dans le temps, Instagram était trop exclusivement orienté images, Facebook semblait plus adapté pour des publications plus longues, la création d’un blog impliquait une organisation lourde… “Avec Twitter, c’est comme si elle était vraiment dans le bateau, en temps réel. Ce qui est dommage, ce que cela reste un outil très professionnel, beaucoup de lycéens n’ont pas de compte“, témoigne l’élève.
Contrairement au poilu toulousain, c’est un personnage fictif que décide de créer la classe. “On a voté pour que ce soit une fille, puis on a choisi ensemble le prénom et le nom”, indique Maxine. Une élève, Mathilde Bouder, dessine le portrait de la jeune fille, une jolie rousse aux yeux verts, pour créer le profil twitter, Céline, une autre élève, s’attelle à dessiner le mildiou de la pomme de terre, et toute la classe se rend en salle informatique pour faire des recherches, trouver des images d’archive, enrichir le contexte. “Nous avons aussi écrit à l’office du tourisme de Skibbereen, ville d’origine de notre personnage qui a été très touchée par le fléau et dispose d’un musée de la famine, pour leur demander des images d’archives. Ils nous ont répondu et se sont abonnés à notre fil twitter ! Cela fait plaisir.”
February 1846.I think it will be very difficult to survive and I already feel that the atmosphere is very tense#Skibbereen#hungry#ireland pic.twitter.com/Z6HcghdytF
— Molly Managhan 1846 (@MollyManaghan) 1 mars 2017
Pour que tout le monde puisse participer, la classe s’est créée un fichier texte commun sur Google drive. Les grandes étapes du récit ont été définies à l’avance mais chacun peut décider de rajouter des éléments ou des anecdotes. Chaque élève peut proposer un tweet sur le Google doc. Le professeur valide la syntaxe et l’orthographe et indique lorsqu’un tweet est prêt à publier. Tous les élèves ont également accès au compte twitter et peuvent publier leur tweet validé.
“Pendant les vacances de Noël, un petit groupe a fait un journal de bord et un autre a écrit une lettre, dont nous allons bientôt poster les photos. Nous avons prévu une trame de tweets espacés de quelques jours chacun, ce qui nous permet d’intercaler des anecdotes si l’on veut. Là par exemple, elle va embarquer pour l’Amérique, peut-être raconterons-nous des détails du voyage“, expose Maxine.
Le projet désormais lancé, il n’occupe plus les cours d’Anglais européen où l’on est passé à un autre sujet d’étude. “On prend seulement quelques minutes de temps pour creuser une piste ou relancer une idée.” Car des idées nouvelles pour enrichir le fil, il y en a régulièrement, comme par exemple celle de rajouter des liens vers des informations contextuelles sur certains tweets, ce qui devrait être fait prochainement.
Reste désormais une question en suspens : quid de Molly Managhan à la fin de l’année scolaire ? A cette date, la jeune fille devrait être arrivée à New-York. Qui racontera la suite de ses aventures ? “On ne sait pas encore ce qui va se passer, comment passer le relais ou continuer. Nous allons nous réunir d’ici le mois de juin pour décider.”
Pour suivre l’épopée de Molly Managhan, qui ne fait que commencer, rendez-vous sur Twitter…
Immense plaisir de constater que notre projet @FredericB_1418 ait pu inspirer des initiatives d’une telle qualité ! Bravo à Maxine Marchand et tous ses camarades.
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