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Education | | 26/11/2017
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Les (H)êtres: une école du 3ème type ouvre à Arcueil

Les (H)êtres: une école du 3ème type ouvre à Arcueil © FB

Ce lundi 27 novembre 2017, c’est la rentrée des classes à Arcueil. Les (H)êtres, une école “démocratique”, dite “école du 3ème type”, ouvre ses portes. Rencontre.

Dans le sillon des pédagogies actives, les écoles du troisième type laissent entièrement aux enfants le choix des sujets qu’ils souhaitent découvrir, apprendre, expérimenter, sans programme imposé. Le nom et le concept ont été définis par Bernard Collot, ancien instituteur et pédagogue inspiré du mouvement Freinet. Voilà comment ce dernier définit l’école du 3ème type sur son site Internet : «Une école sans horaires, sans leçons, sans cahiers, sans programme, sans évaluation, ouverte en permanence aux parents, à d’autres adultes pendant et hors du temps scolaire, y compris pendant les vacances.» Un concept qui commence à essaimer, dans une forme plus ou moins adaptée aux habitudes de notre société et aux exigences de l’Education nationale. Car même lorsque l’on crée un établissement d’enseignement privé hors contrat, il faut respecter un certain nombre de conditions, notamment en termes d’évaluation.

Apprentissages au gré de la curiosité naturelle des enfants

Parmi les fondatrices de l’école Les (H)êtres d’Arcueil, Lucie Decock (à gauche sur la photo), précédemment professionnelle de l’éducation populaire dans plusieurs collectivités locales, défend le bien-fondé de cette approche pédagogique. «Pour nous, l’école doit préparer les citoyens de demain, leur permettre de rebondir dans la société, et nous nous sommes par exemple amusés à regarder les offres d’emploi pour voir les compétences requises. On y retrouve généralement l’autonomie, la créativité, le travail en équipe… Autant de compétences qui ne sont pas naturellement développées dans les écoles classiques où m’on vous dit quand aller faire pipi, quand s’asseoir…  De même,  les élèves ne savent même pas à correspondent une facture d’électricité, d’eau… Notre objectif est de les rendre autonomes, de les responsabiliser, et de les aider à développer les compétences pour apprendre ce dont ils ont besoin. Personne n’apprend jamais tout et nous partons du principe que les élèves des écoles traditionnelles apprennent beaucoup de choses qu’ils oublient durant leur scolarité. Les enfants  ont une curiosité naturelle, spontanée. Ils ont envie de toucher à tout et de goûter à tout. Notre rôle est de les accompagner dans ces envies d’apprentissages en mettant les moyens à leur disposition, en leur permettant d’expérimenter, avec par exemple une salle de musique, d’arts, de gymnastique, une bibliothèque, une cuisine, une salle multimédia…» 

Inspiration Summerhill

Pas question en effet de cours magistraux mais d’expérimentation. «La marche et le langage font partie des choses les plus compliquées à acquérir et pourtant, il n’y a pas de cours de marche, cela se fait naturellement, reprend Lucie Decock. L’école a pour modèle la Summerhill School, une école démocratique fondée il y a plus de cent ans au Royaume-Uni, ainsi que les écoles Sudbury aux Etats-Unis. Leurs élèves n’ont aucun mal à passer l’équivalent du baccalauréat chez nous et à réussir leurs études supérieures. En dotant les enfants de leur propre outil d’apprentissage, ils seront capables de s’adapter à n’importe quel environnement.»

Pour les fondateurs de l’école, il s’agit aussi de faire revenir des élèves qui ont été malheureux à l’école classique. «Il y a aujourd’hui 30% de jeunes qui quittent le système scolaire sans aucun diplôme. En travaillant dans le secteur de la formation professionnelle, je rencontre ces personnes et je me rends compte qu’elles ont développé une véritable souffrance vis-à-vis des apprentissages. Ils les ont assimilés à quelque chose de négatif pendant leurs études parce que le savoir leur était imposé», souligne Christine (à droite sur la photo), l’une des “facilitatrices d’apprentissage” de l’école.

De l’informel au formel

Afin de s’adapter aux exigences de l’Education nationale, qui veille à ce que tous les élèves d’une même génération maîtrisent un socle commun de connaissances et compétences à la fin de leur scolarité obligatoire, l’école s’appuie sur une plate-forme logicielle (Athena) développée par un des fondateurs de l’Ecole dynamique, une école démocratique parisienne, qui permet de rendre compte régulièrement, de manière formelle, des compétences acquises via l’apprentissage informel.

Les élèves à rôle égal dans la gouvernance

Au-delà de ces apprentissages , l’école, qui revendique aussi le qualificatif de «démocratique»,  s’applique une gouvernance qui inclut non seulement les parents mais aussi les élèves, afin de les responsabiliser, notamment sur les aspects matériels, et leur apprendre le fonctionnement démocratique. «L’autogestion est totale et chaque personne a une voix, quelque soit son âge. Cela permet aux enfants de s’impliquer et de prendre conscience des contraintes, des factures à payer en fonction de l’électricité et de l’eau qu’ils consomment, des choix à faire car on ne peut pas tout a acheter…», développe Lucie Decok. De même, un Conseil de justice se réunit pour traiter des entorses au règlement intérieur, composé des jeunes et des adultes. «A l’école dynamique du 14e arrondissement de Paris, un adolescent est resté un mois chez lui. Puis, il est revenu, il s’était rasé la tête et avait décidé qu’il n’était plus le même. Depuis, avec ses camarades, il tient un café à l’intérieur de l’école le dimanche dans le but de récolter de l’argent pour faire un voyage.»

Des prix qui restent très élevés

C’est dans un ancien cinéma de quartier d’Arcueil, sur l’avenue Raspail, que la nouvelle école a élu domicile. Le bâtiment de trois étages s’étend sur 500 mètres carrés et comprend également une cour.  Pour démarrer,  l’école ouvre avec huit enfants issus de quatre familles différentes, mais la structure est prévue pour accueillir jusqu’à 80 jeunes de 3 à 18 ans. «Plusieurs élèves étaient déjà non-scolarisés avant de rentrer dans cette école», précise Lucie Decock. Pour faire découvrir l’école, des réunions d’information sont prévues tous les quinze jours, et des portes ouvertes seront organisées régulièrement. Les frais d’inscription, fixés à 5500 € par an  et par enfants, avec des dégressifs sur les fratries et un paiement au pro rata en cas de rentrée en cours d’année, reste en revanche élevé, du fait que l’école est hors-contrat.  «Pour proposer des tarifs accessibles aux foyers à faible revenu, nous sommes en train de créer une bourse d’étude alimentée par un fonds solidaire et allons démarcher les entreprises pour l’abonder», explique Lucie Decock. La nouvelle école s’est aussi appuyée sur les dons pour s’équiper et une campagne de financement participatif est toujours en cours sur Helloasso. Elle a également bénéficié de mobiliers issus de la ressourcerie La Mine d’Arcueil.

L’emploi du temps est prévu de 9 heures à 18 heures, du lundi au vendredi, avec une césure le mercredi. Lorsque l’école sera inoccupée par les élèves, les membres de l’association Les (H)êtres souhaitent proposer sur place des séances de développement personnel, de communication non violente ou encore d’hypnothérapie. L’équipe de l’association compte huit personnes dont une formatrice de formateurs, une ancienne enseignante, une spécialiste de l’éducation populaire, une infographiste, une hypnothérapeute.

Eudec, un réseau d’écoles du 3ème type

Encore émergentes, les premières écoles de 3ème type ont déjà commencé à se fédérer dans un réseau, Eudec, qui recenses les initiatives existantes. Voir le site et la carte des implantations.

En savoir plus sur l’école des H(êtres)

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