Education | | 02/10/2017
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Comment l’université de Créteil gère l’afflux massif d’étudiants

Comment l’université de Créteil gère l’afflux massif d’étudiants © Fb

Des milliers d’étudiants ont désormais fait leur rentrée dans l’un des sites de l’Université Paris-Est-Créteil, dont les capacités d’accueil arrivent à saturation. Le point sur la question avec Yann Bassaglia, vice-président de l’Upec.

Combien d’étudiants seront accueillis à l’Upec cette année ?

Il nous est pour l’instant impossible de donner un chiffre précis étant donné que les inscriptions se terminent fin septembre pour les licences, et en octobre pour les masters. Cela dit, nous constatons qu’un millier d’étudiants en plus se sont inscrits par rapport à l’année dernière à la même époque. Ont-ils répondu à la pression médiatique ? S’agit-il du développement des procédures d’inscription en ligne qui facilitent la démarche ? Toujours est-il que sur ces dernières années, le nombre d’inscrits s’est stabilisé autour de 32 000 étudiants. Nous ne pouvons pas aller plus loin, nous sommes complètement pleins.

Les doyens de certaines composantes se sont plaints de la taille des classes de travaux dirigés (unités d’enseignement en groupe réduit pour approfondir les connaissances théoriques). Jusqu’à présent, elles se composaient d’une trentaine d’étudiants auxquels s’ajoutaient des redoublants. Cette année les classes pourraient être une quarantaine.

Comment sont fixées les capacités d’accueil au sein des filières de l’Université ?

A la fin de chaque année civile, nous avons des discussions avec le rectorat au sujet de ces seuils qui n’ont jamais fait l’objet d’une baisse. Ces chiffres ont été fixés à l’époque de façon très optimistes alors que des filières avaient moins de succès auprès des étudiants. Mais aujourd’hui, avec l’afflux massif des candidats, nous atteignons ces capacités d’accueil très tôt.

Est-ce que des candidats aux études à l’Upec ont été tirés au sort par admission postbac ?

Nous avons eu des discussions tout au long du processus d’attribution des formations avec le rectorat pour que, dans l’intérêt des étudiants, il y ait le moins de tirage au sort. L’algorithme appelle les étudiants par lots, ainsi nous retrouverons les bacheliers ayant formulé le même vœux, ayant fait les mêmes études dans le même secteur géographique. Pour que le maximum d’étudiants voient leurs vœux acceptés, le rectorat nous a encouragé à surcharger nos capacités. Nous aurons des chiffres définitifs à la fin des inscriptions mais cette manœuvre ne devrait pas avoir de conséquences sur les effectifs étant donné que tous les étudiants ne viennent pas s’inscrire malgré leur acceptation dans une filière.

La ministre de l’Enseignement Supérieur a évoqué des pré-requis pour éviter aux étudiants d’échouer faute de connaissances suffisantes, y a-t-il des formes de sélection à l’Upec ?

Le mot sélection n’est jamais prononcé et nous attendons que la ministre précise sa position concrète. D’après ce que nous avons compris, elle propose de vérifier comme condition d’inscription des pré-requis. A l’Upec, certaines composantes proposent des tests aux étudiants pour vérifier qu’ils répondent à des pré-requis. S’il ne les remplit pas, nous proposons des séances de remise à niveau à la rentrée. L’étudiant reste inscrit quoi qu’il arrive.

Que pensez-vous de l’augmentation du budget de l’enseignement supérieur ?

Nous allons attendre de voir comment l’enveloppe sera répartie et utilisée mais c’est une bonne nouvelle. Cela pourrait servir notamment à poursuivre nos investissements pour la sécurisation de nos nombreux campus. Ces dernières années nous avons fait d’importantes dépenses pour nous équiper d’un système de caméras et la multiplication des rondes de nos agents de sécurité. C’est quelque chose que nous prenons très au sérieux, d’autant que le Campus centre ou Mail des mèches sont ouverts sur la ville.

Quelles solutions mettez-vous en œuvre pour accueillir ces étudiants nombreux ?

Il est très difficile d’apporter une réponse immédiate à l’augmentation croissante de la population étudiante. Il y a des projets immobiliers d’extension de nos sites actuels mais même avec des capacités de financement, il n’est pas facile de trouver dans la région des bâtiments répondant aux besoins et usages d’une université. Nous souhaitons également poursuivre les recrutements d’enseignants, ce qui n’est pas non plus chose aisée.

Pour la surpopulation étudiante, c’est triste à dire, mais il y a un écrémage qui s’effectue au cours des premières semaines et nous sommes conscients que parmi les abandons, il y a de nombreux étudiants qui se découragent. En médecine, des amphithéâtres ont été doublés grâce à une retransmission vidéo mais cela ne remplace pas le contact direct avec l’enseignant, et puis nous n’avons malheureusement pas assez d’amphis pour proposer ce dispositif à toutes les composantes qui en font la demande.

Nous avons en revanche considérablement réduit les longues files d’attente devant les services d’inscription à la fac grâce à la dématérialisation des dossiers pour la plupart des filières. Malgré tout, il reste de nombreux étudiants qui continuent à remplir des dossiers papiers et imposent une certaine logistique avec le recrutement de vacataires.

Un an après l’interdiction du weekend d’intégration de la faculté de médecine, de nouvelles mesures ont-elles été prises pour lutter contre le bizutage ?

Nous avons réagi vigoureusement après ces épisodes malheureux. Aujourd’hui, il existe un numéro vert dans le livret remis aux étudiants en début d’année. De même, nous avons demandé à chaque directeur de composante de faire de la sensibilisation lors de leurs discours de bienvenue. Nous avons également modifié la charte de nos associations pour interdire expressément les bizutages. Il reste néanmoins difficile de contrôler ces événements, mais nous sommes prêts à intervenir à nouveau.

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