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Formation | | 27/10/2017
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Pourquoi l’université de Créteil ne peut boucler son budget

Pourquoi l’université de Créteil ne peut boucler son budget

Vendredi 20 octobre, le Conseil d’administration de l’université de Créteil (Upec) a voté à l’unanimité une motion alertant sur son impossibilité de boucler un budget conciliant maintien de ses dotations actuelles et de l’ensemble de ses missions de service public. Une situation qui s’explique par un effet de ciseaux de plus en plus écartés entre l’augmentation des effectifs et le calcul des dotations. Explications.

Les inscriptions en master ne sont pas encore terminées mais d’ores et déjà, ce-sont 1300 étudiants supplémentaires qui se sont inscrits par rapport à l’an dernier. “Toutes les filières sont actuellement en tension. En dehors du droit qui est presque stable. les autres filières sont en progression d’effectifs d’entre 5 et 10% par rapport à l’an dernier. Et en sciences, nous sommes à + 13%”, indique Yann Bassaglia, vice-président en charge de la formation et la vie universitaire.“Rien qu’en première année de licence, nous avions 425 élèves de plus, en date du 20 octobre, reprend le vice-président. 425 personnes, cela n’a pas l’air de grand chose sur un effectif de plus de 30 000 étudiants, mais cela représente 10 groupes de TD supplémentaires qui requièrent chacun 300 heures dans l’année, soit au total 3 000 heures. Alors qu’un poste d’Enseignant chercheur (EC) assure 192 heures de TD par an, cela représente donc 16 postes d’enseignants chercheurs.

Dans la réalité, cela fait longtemps que bon nombre d’heures de cours ne sont pas assurés par des enseignants chercheurs. “Nous devons d’assurer 500 000 heures mais le nombre d’enseignants permet d’en prendre en charge 270 000. Le différentiel repose donc à la fois sur des heures complémentaires réalisées par les enseignants, de l’ordre de 130 000 heures, et des vacataires extérieurs, de l’ordre de 100 000 heures”, explique Frédéric Gervais, vice-président du Conseil d’administration. Les coûts sont en effet très différents. Pour assurer 3000 heures de cours par exemple, l’emploi de 16 maîtres de conférence revient à environ 1,3 millions d’euros alors que le coût des vacations est estimé à 180 000 euros. Pour le bon fonctionnement et l’image de marque de l’université, qui passe par des projets de recherche de pointe et une certaine constance dans les équipes, il est nécessaire de disposer d’une équipe pérenne. “Tout ne peut reposer sur les vacataires, les enseignants chercheurs constituent l’équipe pédagogique, développent la recherche, assurent la mémoire…”, pointe le vice-président.

Certes, la subvention allouée à l’université pour charge de service public évolue en fonction d’un certain nombre de paramètres dont le nombre d’élèves, mais dans des proportions qui ne suivent pas. L’an dernier, il y a eu par exemple 6 postes supplémentaires alloués, ce qui correspond en termes de subvention à des masses salariales type de 59 000 euros annuels (toutes charges comprises) par poste, qu’il s’agisse personnels administratifs dont le coût salarial est moins important, ou d’enseignants dont le coût salarial est largement au-dessus de 59 000 euros (83 000 euros pour un maître de conférence, 120 000 euros pour un enseignant chercheur). “Sur les 6 postes, nous avons recruté un professeur agrégé, un professeur des universités, et quatre supports administratifs, mais même en ne recrutant que deux enseignants, nous avons dépassé la dotation correspondante”, témoigne Frédéric Gervais. Au sein de l’Upec, la marge de manoeuvre liée au poste ressources humaines est particulièrement serrée. La masse salariale représente déjà 187 millions d’euros sur les 246 millions d’euros de budget total de l’université, et croit automatiquement, même sans nouveau recrutement, en raison du fameux GVT (glissement vieillissement technicité) lié aux changements d’échelons et promotions. En 2016 par exemple, le GVT constaté a donné lieu à une augmentation de la masse salariale de 930 000 euros par rapport à 2015, indique Frédéric Gervais.

Au-delà des ressources humaines, l’université doit aussi pousser les murs. “Nous essayons de trouver des solutions et d’optimiser l’occupation des locaux, mais nous avons déjà fait beaucoup et il n’y a plus guère de marge de manoeuvre, détaille Yann Bassaglia. Alors que l’on considère que des locaux sont bien occupés à 78% de taux d’occupation, nous en sommes à plus de 85%. Désormais, nous travaillons sur l’extension des plages horaires mais cela pose des problèmes car nous rayonnons sur un territoire extrêmement large et les étudiants qui dépendent des transports se retrouvent en difficulté lorsque les cours s’achèvent à 21 heures. Quant au samedi, ce n’est pas non plus une solution car beaucoup de nos étudiants ont un job. Nous essayons donc de trouver de nouveaux locaux mais c’est très difficile à Créteil où l’urbanisme est déjà dense. D’autres sites sont envisageables mais sur du long terme.

Alors que les baby-boomers de 2000 n’arriveront à l’université qu’à la rentrée 2018, les dirigeants de l’université s’alarment d’avance de la situation. Une pointe passagère qui ne durera que quelques années ? “Mais il faut que les services fonctionnent au moment où les étudiants sont là, et qu’il y ait des salles pour les accueillir. Nous devons affronter la réalité”, pointe Frédéric Gervais.

L’année dernières, une dotation complémentaire exceptionnelle de 1,89 millions € a permis de financer les vacations et heures supplémentaires nécessaires pour faire face à la progression des effectifs étudiants. “Mais nous n’avons pas la certitude qu’elle sera reconduite”, indique Frédéric Gervais.

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