Manifestation | | 20/09/2017
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Le malaise des étudiants en sport entendu à l’Upec

Le malaise des étudiants en sport entendu à l’Upec

Pas assez de place dans tous les sens du terme, c’est ce que déplorent les étudiants en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) qui manifestaient hier dans une vingtaine de villes universitaires dont Créteil, protestant à la fois contre le drastique tirage au sort qui barre l’entrée à cette formation, et l’insuffisance de place physique et de moyens matériels une fois sur le campus.

Alors que rendez-vous était donné au campus du stade Duvauchelle avant une manif au campus centre, le succès de la manif, organisée à l’appel de l’Anestaps (Association nationale des étudiants en Staps), a été en demi-teinte, avec seulement une vingtaine de manifestants. Suffisant néanmoins pour faire entendre sa voix et obtenir le soutien de la direction de l’Upec (Université Paris Est Créteil).

Un tirage au sort aux effets pervers

« Cette année, un étudiant sur deux en Île-de-France qui voulait rentrer en Staps n’a pas pu être accepté, faute de place. On a une augmentation de l’attractivité de ces formations, mais dans le même temps, aucune évolution des structures. Pourtant, l’engouement risque de continuer avec l’organisation des JO 2024 à Paris », expose Thierry Maquet, directeur de l’UFR (Unité de formation recherche). “On peut toujours arguer que cet engouement est déraisonnable, que le taux d’échec en première année justifierait de sélectionner plus rigoureusement les candidatures « sérieuses ». Il n’en demeure pas moins que considérant le boom démographique auquel l’université va devoir faire face et le développement actuel du secteur des métiers du sport et des activités physiques, la demande ne peut que croître et il est nécessaire d’enfin l’anticiper“, argue sur ce point un communiqué de la Conférence des doyens et directeurs de Staps au lendemain de la réunion d’un groupe de travail Staps la semaine dernière.

Une sélection loterie que les étudiants estiment contre-productive, et qui ne rend pas toujours service aux chanceux qui ont été tirés au sort. « J’ai plein d’amis autour de moi avec un meilleur niveau, qui n’ont pas été pris. C’est illogique … Et on a des étudiants qui viennent d’un bac pro hôtellerie et restent un mois ! Le premier jour à l’entraînement, on est 40, puis deux fois moins après » témoigne Esteban, étudiant en première année. Pour la rentrée prochaine, ce sont des prérequis, décidés par la communauté Staps, qui devraient déterminer l’entrée dans la formation.  « Nous espérons que cela donnera quelque chose de moins injuste » espère le directeur de l’UFR. Concernant les pré-requis qui pourraient être exigés, les doyens et directeurs proposent quatre pistes  :   les compétences scientifiques,  les compétences littéraires et argumentaires,   les compétences sportives, et   l’engagement associatif, les compétences citoyennes et la capacité à prendre des responsabilités.

Dans leur communiqué, les doyens et directeurs de Staps plaident aussi pour le maintien des formations spécialisées au sein du cursus Staps : “Il nous paraît évident que si l’université n’a à offrir que des Licences généralistes à l’ensemble des bacheliers, elle se constitue en machine à produire de l’échec. (…) Les STAPS restent attachées notamment aux DEUST, que nous considérons comme des filières professionnelles d’excellence, et qui nous permettent d’accueillir des étudiants aux projets particulièrement affirmés. Le développement de ces formations professionnelles courtes à l’université, permettant éventuellement une poursuite d’étude, nous semble absolument nécessaire.”

Pas assez de moyens une fois dans l’université

Si le nombre d’étudiants en Staps, cette formation qui permet d’accéder à des métiers en lien avec le sport, est limité, les moyens pour les accueillir le sont aussi.  «J’ai réalisé 80 000 euros d’investissement dans l’achat de matériel. J’ai demandé un groupe supplémentaire en natation pour répondre aux normes de sécurité. J’ai rajouté 80 heures de cours supplémentaires, dont le samedi matin. Mais les promesses du gouvernement à toutes les composantes de Staps, d’augmenter la dotation de 1 500 euros pour chaque étudiant accueilli en plus, ne répondent pas à l’amélioration des infrastructures et de l’encadrement. Ce n’est pas qu’une question d’argent », estime Thierry Maquet.

Du côté des étudiants, on digère mal « l’abandon » de la restauration universitaire, « parce que pas suffisamment rentable », qui les oblige à se débrouiller par leurs propres moyens pour le déjeuner. « On se retrouve à devoir manger à la boulangerie ou à Franprix alors qu’on nous apprend à faire attention. On n’a pas le temps d’aller manger au campus central parce qu’en une heure, c’est matériellement compliqué » intervient un étudiant en amphi, excédé. Le conseil d’administration a  voté l’installation d’un foodtruck sur le parking quelques jours par semaine, loin de faire l’unanimité.

Autre grief également : l’éclatement des heures de cours sur différents sites, occasionnant des déplacements qui finissent par coûter cher. « Je fais un plein par semaine », raconte Esteban, qui fait des allers-retours pour suivre les cours entre Créteil et Lieusaint (Seine-et-Marne).

Soutien de la direction de l’Upec

Une délégation de cinq étudiants a été reçue par la direction de l’Upec dans le courant de l’après-midi.  « Nous avons obtenus beaucoup de soutiens du cabinet de la présidence et cela a été constructif. Ils nous ont promis de nous suivre dans nos démarches et de nous aider » se réjouit Lhéo Vincent, président du Beast (le bureau des étudiants en activités sportives au sein de l’Upec). Un deuxième rendez-vous est désormais prévu plus tard dans l’année pour faire un bilan.

“Au sein de l’UPEC, 844 voeux de premier choix en STAPS ont été formulés, pour seulement 251 places en 1ère année. À cet effectif s’ajoutent les redoublants, ce qui monte l’effectif global STAPS à environ 490 étudiants. La capacité d’accueil maximale de l’université sur cette filière est déjà atteinte. Cette augmentation importante des demandes, liée à l’augmentation démographique nationale et au dynamisme du département du Val-de-Marne, se ressent dans toutes les filières de l’UPEC. Ainsi, pour toutes les filières, l’UPEC a atteint sa capacité maximale d’accueil des étudiants pour la rentrée 2017, au regard de la capacité des locaux et des personnels dont elle dispose“, reconnaît la direction de l’Upec dans un communiqué, ajoutant que l’UPEC “prend en compte la gravité de la situation pour les étudiants et a alerté les autorités compétentes“. Et d’ajouter “dans l’attente de la réaction du ministère (de l’ESRI) pour couvrir l’importante hausse des effectifs nationaux, l’UPEC s’engage à tout mettre en oeuvre pour offrir les conditions d’enseignement les meilleures possibles à ses étudiants.
La direction de l’UPEC déplore par ailleurs “le principe même du tirage au sort réalisé par APB”.

Lhéo, Mihai et Esteban au départ de la manif

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