Sécurité | | 01/10/2017
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Meurtre à Vitry : la colère des habitants de la cité Fabien

Meurtre à Vitry :  la colère des habitants de la cité Fabien

Durant plus de deux heures ce samedi, dans le préau bondé de l’école Eugénie Cotton qui fait face à la cité Fabien de Vitry-sur-Seine, les habitants ont laissé libre cours à leur colère, invités à une réunion publique organisée par le maire après le meurtre d’un habitant de Malakoff venu en voiture déposer un proche dans la cité dans la nuit du 23 au 24 septembre.

Près de 200 personnes, pour la plupart habitants de la cité ou des alentours, ont profité de cette occasion de rencontrer le maire mais aussi la dirigeante de la Semise (l’OPH de Vitry bailleur de la Cité Fabien), et des responsables de la police nationale, pour vider leur sac. Les témoignages à cran s’enchaînent sans discontinuer. Voitures brûlées, rodéos, bandes intimidantes… chacun conte sa mésaventure et sa colère, accusant la Semise et la police de ne pas réagir, de ne pas être présents sur le terrain. “Il a fallu un drame, un meurtre, pour que vous réagissiez. Maintenant on veut des réponses concrètes tout de suite”, lance un habitant de la cité Fabien.

Voir aussi article sur les réponses apportées aux habitants par la Semise, la mairie et la police.

“On se sent délaissé par la Semise et par la police”, résume une locataire. “Il y a quelques années, ma voiture a été brûlée sur le parking, tout ce que j’ai reçu quelques semaines plus tard est une lettre me demandant de rembourser 2000 euros car j’avais endommagé le parking!”, rappelle-t-elle, précisant n’avoir pas eu au final à régler l’addition.

“Le 13 juillet, il y a eu pas mal de voitures brûlées, et bien il a fallu des semaines pour les évacuer Pourquoi cela prend-il autant de temps ?”, relève un habitant. Une autre locataire raconte ses quatre pneus crevés quelques jours après avoir interpellé un jeune en train d’essayer de siphonner son réservoir d’essence. “Aujourd’hui quand je descends travailler, la première chose que je vérifie est que je n’ai pas de pneu crevé”, témoigne-t-elle. “Comme le parking en sous-sol n’est pas sécurisé, on se gare à l’extérieur. Par contre, on paie le parking dans nos charges!”

Pas de lumière

Parmi les griefs envers la Semise, les pannes d’éclairage. “Il y a un mois, je suis rentrée d’une soirée salsa un peu tard, l’immeuble était plongé dans le noir total. J’étais tétanisée de peur. J’ai attendu une demi-heure qu’un voisin vienne pour m’accompagner dans l’ascenseur”, témoigne une jeune femme. “C’est vrai que le 37 a été plongé dans le noir total”, confirme une habitante. “Mais quand on appelle la Semise, on n’a jamais d’interlocuteur, jamais de réponse”, se lasse une locataire.

Rodéos de motos

Autre irritant, les rodéos de moto dans la rue. “L’autre jour en rentrant de l’école avec ma fille, nous avons failli nous faire écraser sur le passage piéton alors que le feu était vert pour nous, la seule réaction que j’ai eu est un doigt d’honneur”, raconte un habitant réclamant une réponse de la police. “C’est vrai que lorsque l’on appelle la police pour un rodéo, c’est tout juste si l’on nous rit pas au nez”, confie un élu de la majorité, en marge de la réunion publique. La directrice de l’école maternelle, elle, prend la parole pour demander une meilleure sécurisation du trajet des enfants pour aller au gymnase ou à la ludothèque.

Sécurité dans la rue vers le métro Villejuif Aragon

Côté piétons, le chemin vers le métro Villejuif Aragon est aussi évoqué comme insuffisamment sécurisé. “Je prends le métro tous les jours pour aller travailler mais il y a des bandes sur le chemin et l’on se fait insulter. Y-a-t-il un travail de coopération entre Villejuif et Vitry-sur-Seine ?”, demande une habitante du la rue Tremblay. “A l’arrêt de bus du 185, sur le plateau, il y a des guetteurs, et j’ai déjà vu un homme se faire casser la figure gratuitement”, ajoute une habitante de la rue Julian Grimaud.

Si beaucoup d’habitants se gardent de faire l’amalgame entre les incivilités à répétition émanant de groupes de jeunes ou moins jeunes, et l’origine des populations, d’autres se lâchent carrément. “C’est injuste, c’est toujours l’Afrique qui est accusée de tous les maux”, soupire une dame dans la salle, après qu’un homme ait conclu son témoignage par un “aujourd’hui dans l’immeuble, on se croirait en Afrique”. “C’est complètement faux”, reprend-elle, heurtée.

D’autres pointent une accumulation de la misère. “Il y a déjà une grande concentration d’habitants en situation de précarité et l’on continue à construire de nouveaux logements au même endroit. Des arbres ont été rasés pour faire place à un nouvel immeuble qui sera juste en vis-à-vis des appartements. Où est l’intimité ?”, s’interroge une habitante, travailleuse sociale. Certains locataires encore, cherchent l’origine de leurs maux dans le transfert d’habitants de la cité Balzac, détruite il y a quelque années.

 

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