Transports | Val-de-Marne | 10/11/2017
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Orbival s’inquiète d’un Grand Paris Express au rabais

Orbival s’inquiète d’un Grand Paris Express au rabais

Après s’être mobilisés des années en faveur d’un métro reliant les villes du Val-de-Marne, concrétisé par la ligne 15 du Grand Paris Express, les membres de l’association Orbival, qui réunit des élus de tout bord du département avec pour seul objectif le développement des transports publics, ne veulent pas que la montagne accouche d’une souris.

Réunis en Conseil d’administration extraordinaire ce jeudi 9 novembre, ils ont adopté une motion pour le maintien de tous les projets en cours. Depuis cet été et les résultats des études techniques de réalisation du Grand Paris Express dévoilant des surcoûts sous-estimés de près de 10 milliards d’euros, le gouvernement souhaite prioriser les dépenses, et tout le monde craint des arbitrages défavorables de ce côté de l’Est parisien qui n’accueille pas les Jeux Olympiques.

« Il y a urgence à créer de nouvelles lignes et à moderniser les réseaux existants. Nous ne pouvons plus faire attendre davantage les Franciliens quand dans le même temps, nous les encourageons à se tourner de plus en plus vers les transports collectifs», pose Christian Favier, président PCF du Conseil départemental et président de l’association Orbival. Ce dernier ne cache pas son inquiétude alors que le préfet de région, Maurice Cadot, vient de rendre un rapport au gouvernement, sur l’optimisation des dépenses du Grand Paris Express. « Ma rencontre au mois de septembre avec la cabinet de la ministre des Transports n’avait pas dissipé mes craintes », ajoute l’élu.

Ligne 14 Sud, ligne 15 Sud et 15 Est partiellement menacées de reports, interrogations sur la réalisation concrète des projets inscrits dans le contrat de plan Etat-Région 2015-2020 (tramway T9,  téléphérique Téléval, réseau de bus en site propre Altival ou encore la ligne 5 du T Zen), autant de maillons nécessaires au désenclavement de l’Est parisien. Représentants du monde économique, de la société civile, de l’enseignement supérieur ou des élus locaux ont témoigné de la nécessité de réaliser ces projets tels qu’ils étaient prévus et selon le calendrier initial.

Le monde économique aurait beaucoup à perdre

Gérard Delmas, président de la CCI du Val-de-Marne a rappelé l’enthousiasme des entreprises du territoire qui comptent sur ces nouvelles infrastructures de transports pour doper leur croissance. « La CCI du Val-de-Marne s’est mobilisée en fédérant les entreprises sur ces projets. Elles ne veulent pas être déçues par un non respect des engagements alors qu’elles n’ont pas hésité à participer au financement. La SGP perçoit ainsi les recettes issues de trois taxes dont le coût est essentiellement supporté par celles-ci. Des recettes qui s’élèvent à plus de 500 millions d’euros par an et qui devraient augmenter sur le moyen et long terme. La confiance mutuelle ne doit pas être entachée. »

Pour Dominique Giry, président du Conseil de développement du Val-de-Marne (Codev), le report de la Ligne 15 Est est inconcevable. « L’Est francilien est un territoire essentiel au fonctionnement régional. Il contribue beaucoup sans toujours bénéficier en retour des fruits de cette contribution. Aujourd’hui, la faiblesse du maillage en transport en commun a pour effet de morceler son potentiel en un ensemble de polarités sans beaucoup d’articulations les unes avec les autres. Les liaisons comme la ligne 15 Est ou la connexion RER E / Ligne 15 Sud à Bry-Villiers-Champigny sont indispensables pour structurer l’Est parisien, au plan urbain et économique, et susciter  un nouveau moteur pour le développement économique du Grand Paris.»

L’Université Paris-Est Créteil, implantée sur une quinzaine de sites répartis sur les départements de la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et la Seine et Marne, voit dans ces grands travaux une réponse à la problématique des déplacements de ses 34 000 étudiants. « C’est un enjeu équivalent au logement des étudiants. Le temps passé dans les transports en commun, avec le stress et la fatigue que cela génère, doit être réduit. De même, l’amélioration de la desserte pourrait permettre à nos enseignants-chercheurs une meilleure collaboration avec nos universités « sœurs » de petite couronne », a souligné Christian Tutin, vice-président chargé des prospectives et du développement de l’Upec.

Les usagers veulent des améliorations du réseau dès maintenant

Parmi les représentants d’usagers, Monique Abraham, présidente de l’association Métro Rigollot-Val-de-Fontenay a insisté sur la pertinence de la Ligne 15 Est, rejetant l’argument consistant à dire qu’elle ferait doublon avec la ligne de RER E. « Cette dernière est radiale alors que la 15 Est serait une véritable rocade reliant les banlieues. Nous demandons aussi que la rénovation de la gare de Val-de-Fontenay soit réalisée le plus rapidement possible. Nous ne cessons de rappeler sa dangerosité, elle est sous-dimensionnée. Nous n’en sommes plus à redouter les accidentes mortels mais à les comptabiliser, le dernier mort datant d’il y a moins d’un mois ». L’association a lancé une pétition en ligne pour que l’Est parisien se mobilise pour de meilleurs transports.

Pour Marc Pélissier, vice-président de l’association des usagers des Transports Fnaut Île-de-France, la tenue des Jeux Olympiques en 2024 ne doit pas être un critère déterminant dans les arbitrages qui vont être rendus par le gouvernement en matière de transports. « Cet événement aura lieu en plein mois d’août où la fréquentation est moindre. Le réseau existant, sous réserve qu’il soit fortement modernisé, pourra répondre à l’essentiel des besoins.»  Le vice-président estime que le CPER (Contrat plan Etat Région) est « sous-doté ». « Nous considérons enfin que la ligne 15 du GPE est prioritaire car elle doit avoir des effets significatifs de décharge du réseau existant qui est en saturation croissante. Or, nous avons jusqu’à présent des plannings politiques, nous souhaiterions davantage de transparence sur les plannings techniques des maîtres d’ouvrage pour ne pas créer de désillusion chez les usagers ».

Les participants ont également insisté unanimement sur le fait que les impacts désagréables des travaux sur la population devaient, pour rester acceptables, se plier au calendrier déjà annoncé.

Les élus réclament la contribution des bénéficiaires d’Inventons la Métropole

Après avoir voté à l’unanimité une motion pour le maintien en l’état des projets de transports collectifs notamment pour l’Est francilien,  Jean-Pierre Spilbauer, maire DVD de Bry-sur-Marne, est revenu sur la présentation des lauréats des projets “Inventons la Métropole”. « Il y a sûrement une source de recettes conséquentes dans ces opérations qui profitent de leur situation géographique par rapport à des futures gares du Grand Paris Express. Je pense par exemple aux lauréats de Marne Europe qui ont font de leur proximité avec la gare Bry-Villiers-Champigny un atout.»  Une observation relevée par Jacques JP Martin, maire LR de Nogent-sur-Marne, président de Paris Est Marne et Bois, et secrétaire général d’Orbival. «La valorisation du foncier se fait à partir de ces grands projets, nous devons intervenir auprès d’EPA Marne, qui négocie la vente du foncier, pour que les entreprises qui vont s’enrichir contribuent au coût des travaux.»

Les participants ont aussi rappelé que des efforts devraient s’intensifier en matière de formation et d’apprentissage afin de pallier les déficits de main d’œuvre dans les métiers de l’ingénierie, du BTP et des transports.

 

 

 

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