Après avoir travaillé pendant une quinzaine d’année dans des cabinets d’architecture et d’urbanisme parisiens, Claire Schorter s’est lancée en solo en 2013 à Vitry-sur-Seine. Cette année, le cabinet a remporté tous les appels d’offre auxquels il avait candidaté. Une reconnaissance pour cette professionnelle qui met le “bon voisinage” au cœur de ses projets.
«Je suis convaincue que les gens s’approprient un espace si le projet est ancré à un territoire, et pour mettre en pratique cette approche, il faut aller sur place et appréhender les enjeux stratégiques et environnementaux mais aussi les aspect les plus banals de la vie quotidienne», défend-elle.
Alors qu’elle étudie à l’Ecole d’architecture de Paris Val de Marne UP4, initialement située à Charenton-Le-Pont, la jeune femme originaire de l’Essonne, se confronte au concret dans des petites agences. «J’ai été l’unique salariée d’une petite agence, je participais aux concours d’architecture et faisais beaucoup de dessin, mais aussi du suivi de chantier. J’ai également travaillé comme économiste-métreur dans une entreprise du bâtiment où je chiffrais les projets d’architectes». L’étudiante explore aussi les us au-delà de l’Atlantique, en rejoignant pendant 6 mois à Toronto les bénévoles de Habitat for Humanity, une ONG qui œuvre pour le logement des sans abris et mal-logés. Pour eux, elle supervise la rénovation d’une vieille bâtisse. «C’était une aventure humaine, je souhaitais approfondir mon Anglais professionnel et avoir une pratique du chantier. Grâce à toutes ces expériences, j’ai eu dès la sortie de l’école la conviction que l’acte de construire, ce n’est pas juste dessiner mais comprendre que d’autres personnes vont se servir de vos plans!»
Claire Schorter passe ensuite une quinzaine d’année auprès d’agences d’urbanisme parisiennes (Paul Chemetov, Reichen et Robert & associés). Une étape qui lui permet se s’attaquer à l’échelle urbaine. «L’architecture, c’est l’acte de concevoir des espaces pour des utilisateurs alors que l’urbanisme répond à un projet plus politique avec la prise en compte de l’écologie et du social». C’est à quarante ans, en 2013, que l’architecte décide qu’il est temps de se lancer toute seule. «C’était un défi parce que s’arrête la vie de salarié où l’on est nourri de projets et l’on gagne un salaire tous les mois. Il faut repartir de zéro…»
Vitriote depuis douze ans, c’est dans l’espace de co-working de la rue Guy Moquet qu’elle installe son cabinet. «Je me suis autofinancée, je ne voulais pas prendre le risque de solliciter les banques et surinvestir. J’ai fait les trois-huit à la recherche des premiers projets. Dans l’urbanisme, on s’investit beaucoup et à perte dans les candidatures. Je les ai donc ciblées auprès de collectivités qui connaissaient mon travail d’une manière ou d’une autre, et j’ai fait des «castings» pour monter des équipes adéquates autour des projets (paysagistes, bureaux d’études, ingénieurs,…) ». Une fois que j’ai su que l’un des projets avait été choisi, j’ai embauché une première salariée. C’était de l’investissement pur.» Aujourd’hui, l’agence Architecture et urbanisme de Claire Schorter compte 6 personnes et bientôt 8, et son nom est cité dans des projets emblématiques comme l’Ile de Nantes, un vaste projet de réaménagement de 80 hectares où elle est à la barre avec la paysagiste Jacqueline Osty.
«Nous faisons en sorte que nos projets soient équilibrés en termes social, que l’on puisse rencontrer son voisin, être épanoui parce qu’on a des lieux de rencontre, de discussion. Cela paraît bête mais il suffit d’une largeur de trottoir trop étroite ou des commerces trop distendus pour que cela ne fonctionne pas. Le cabinet travaille à la fois sur des projets de renouvellement urbain. Nous intervenons alors dans des quartiers pensés il y a 30, 40, 50 ans, qui requièrent un nouveau regard pour réaménager les espaces publics, les logements et apporter une meilleure connexion avec les transports en commun. Nous avons un projet de ce type à Château Malabry.»
Dans le Val-de-Marne, c’est à un projet mixte logements et agriculture que l’architecte s’est attelée, dans le cadre de la plaine Montjean à Rungis, avec un nouveau quartier complet de logements neufs donnant sur la plaine, sous l’égide de l’Epa-Orsa.
«J’aime le côté dynamique de la gestion de l’entreprise, je prends souvent l’image du navire. Il faut prendre des tempêtes, garder le cap, mettre à profit les temps calmes. Je suis très fière d’employer des gens avec lesquels je suis sur la même longueur d’onde. Depuis 2013 nous étions dans une phase de développement, puis à la fin 2016, nous avons gagné tous les concours auxquels nous avions répondu. Pour l’heure, je souhaite que nous restions une structure proche de ses projets, je veux personnellement m’impliquer dans chacun d’entre-eux. Mais je souhaite ensuite permettre à mes employés de prendre davantage de responsabilité au sein du cabinet et cela passer par la création d’une société», anticipe l’urbaniste actuellement installée en profession libérale.
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