Polémique | | 08/11/2017
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Polémique sur le transfert de la cantine à Choisy-le-Roi

Polémique sur le transfert de la cantine à Choisy-le-Roi © Eleonore H

Ce mercredi soir, le Conseil municipal va voter le transfert de gestion de sa cuisine centrale, en charge des cantines et des repas aux personnes âgées, au syndicat intercommunal Siresco. Une décision qui fait polémique en ville.

Pour la commune, ce choix est motivé par la nécessité de mutualiser un certain nombre de dépenses afin d’améliorer la qualité des produits, développer la quantité de bio et les circuits courts, sans augmenter les coûts. “Si nous conservons une gestion interne, nous serons obligés d’augmenter les coûts. Rejoindre un syndicat intercommunal nous permettra d’obtenir de meilleurs prix sur les commandes et d’améliorer notre démarche de produits labellisés tout en maintenant les coûts des repas. La proportion du bio va ainsi passer de 0% à 15% des plats”, explique Didier Guillaume, maire PCF de Choisy-le-Roi. “La cuisine centrale restera basée à Choisy-le-Roi et je souhaite même qu’elle cela devienne un lieu de formation du CFNPT. Nous avons également obtenu la garantie que l’ensemble des agents puissent être repris dans le cadre du Siresco. Par ailleurs, la facturation restera effectuée par la mairie et la commune sera administrateur du Siresco dont nous représenterons plus de 20% de la production. La commission restauration restera l’organe référent et de lien avec le Siresco, et je souhaite que cette commission soit élargie avec plus d’usagers et d’élus”, poursuit l’élu.

Pour cadrer le contexte, la cuisine centrale sert entre 3300 et 3500 repas chaque jour (604 770 sur une année), destinés principalement aux scolaires (à hauteur de 86,5%) mais aussi aux personnes âgées en Ehpad ou en livraison à domicile. La cuisine centrale est aussi un lieu de restauration du personnel. Le coût de production des repas est actuellement de 3,57 €, et le coût complet de la pause méridienne par enfant (comprenant les agents et le service) est de 10,67€. Le Siresco est un syndicat intercommunal qui regroupe actuellement 19 villes (Arcueil, Aubervilliers, Bobigny, Brou-sur-Chantereine, Champigny-sur-Marne, Compas, Fosses, Ivry-sur-Seine, La Courneuve, La Queue-en-Brie, Marly-le-Ville, Roissy-en-Brie, Romainville, Tremblay-en-France, Villetaneuse…) et sert environ 40 000 repas par jour.

Pour un certain nombre de parents, réunis au sein du Collectif Bien manger à Choisy-le-Roi, ce transfert intervient de façon précipitée et sans concertation. Dès janvier 2017, les associations FCPE de trois écoles (du Parc, Jean Macé et Danièle Casanova) ont écrit au maire pour s’inquiéter de ce projet, craignant qu’il n’éloigne le “niveau de décision“, appelant à une concertation pour évoquer ce sujet et le développement du bio dans les cantines. Dans les cuisines, les agents se sont aussi mobilisés et ont fait grève durant deux semaines au mois de juin. “La mairie a fini par nous accorder la création d’un groupe de travail mais dès la première réunion, un représentant du Siresco pour nous vendre le projet. Ce n’était pas la règle du jeu que nous attendions alors que nous souhaitions poser tous les problèmes et que le Siresco soit une option parmi d’autres. Du coup, nous avons quitté la réunion“, raconte Antoine Rémond, membre de la FCPE et l’un des porte-paroles du collectif Bien manger à Choisy-le-Roi. Le maire, lui, rappelle que l’instance de concertation concernant la cantine est la Commission restauration.

Mi-octobre,  le groupe écologiste de la ville, Mieux vivre à Choisy, a organisé une réunion-débat avec des représentants du collectif des parents, des agents, et des parents d’autres villes, représentants des collectifs “Sauve ma cantine”  (qui s’est battu contre la centralisation des caisses des écoles à Paris), et “Pas d’usine, on cuisine“, un collectif de parents des Lilas. “Cette réunion nous  a aussi permis de rencontrer des parents de villes adhérentes du Siresco et nous avons réalisé que les plats étaient préparés plusieurs jours à l’avance et congelés“, reprend Antoine Rémond. Quelques jours plus tard, le collectif lance une pétition sur Change.org, réclamant de suspendre l’adhésion au Siresco et dénonçant des oeufs élevés en batterie, un manque de traçabilité et des produits congelés. A ce jour, la pétition a obtenu un peu plus de 550 signatures.

Une offensive à laquelle le maire réagit fin octobre par un courrier à la population, rappelant que les raisons de son choix, notamment l'”introduction significative de marqueurs qualitatifs (Bio, Label rouge, circuit court)” et une “meilleur utilisation des ressources”, le maintien dans la commune de la cuisine centrale et le maintien de la gestion publique, précisant que le Siresco regroupe uniquement des structures publiques et s’est engagé dans la démarche de “restauration responsable” initiée par Restau’Co et la fondation Nicolas Hulot. Et l’élu de regretter une “campagne faite d’informations erronées” et de préciser que l’adhésion sera bien proposée au Conseil municipal de ce 8 novembre, ajoutant qu’il invitera ensuite les représentants des Conseils d’école et des Conseils de résidences pour personnes âgées à échanger autour des enjeux du projet.  La réponse du collectif ne s’est pas faite attendre. “M. le Maire souligne que le Syndicat intercommunal Siresco est gage de qualité. Mais il ne fait que relayer sans nuance la présentation faite par le Siresco sur son propre site Internet, à tel point que cela s’apparente à un copié-collé“, s’agace le collectif.

De son côté, la CGT a également adressé une lettre ouverte aux élus, rappelant la genèse du projet dès 2015 et les inquiétudes des agents, avec une première grève dès septembre 2015, pour réclamer “qu’une expertise soit faite sur les pratiques de la régie restauration collective et les  éventuels bienfaits du passage à un syndicat public intercommunal, avec pour critères d’évaluation :  circuits-courts d’approvisionnement, centrale d’achat, lutte contre le gaspillage alimentaire,  introduction de produits Bio”.  Pour le syndicat, le compte n’y est pas car l’étude qui a été réalisée et présentée en mai 2016 n’était “qu’une comparaison entre deux syndicats publics  intercommunaux : Siresco et Sidoresto”.  “La conclusion reste néanmoins édifiante : l’outil ainsi que le personnel sont performants et les gains de  l’externalisation seraient moindres“, pointe le syndicat. “Certes le contexte économique actuel nous oblige à trouver de nouvelles pistes d’économies mais assurément  pas au détriment de la qualité du service rendu aux choisyens. Pour toutes ces raisons, nous vous réitérons notre demande d’engager une réorientation qualitative de la  restauration collective avec pour prérequis son maintien en régie municipale“, appelle Nathalie Garnier, secrétaire générale des CGT territoriaux de Choisy-le-Roi.

Le débat divise aussi la majorité municipale, les écologistes s’opposant au projet en l’état. “Cette décision, lourde de conséquence, n’a pas fait l’objet d’une véritable concertation élargie aux parents d’élèves et à toute la communauté éducative de la ville. La gestion municipale directe, c’est la garantie de plus de proximité, plus de qualité et plus de démocratie”, enjoint Ali Id Elouali, maire-adjoint EELV.

Ce soir, le débat promet d’être animé… La séance du Conseil municipal se tient à 19h30 au Royal, 13 avenue Anatole France.

Voir tout l’ordre du jour. La question de la cantine devrait être traitée vers 20h30.

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