Polémique | | 16/11/2017
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Pollution chlorée à Vincennes: derniers rebondissements

Pollution chlorée à Vincennes: derniers rebondissements © Twitter Fabrice Attali

Partagés entre colère de devoir déménager dans la précipitation et inquiétude concernant la réalité de la pollution aux solvants chlorés dans le collège Saint Exupéry, quelques 800 parents et élèves plus ou moins furax ont participé hier à la réunion organisée par la mairie, le département et la préfecture au centre Georges Pompidou de Vincennes, après une manif échauffement entre le collège et le lieu de la réunion. Le matin, une conférence de presse avait été convoquée d’urgence pour répondre aux questions complémentaires.

Pour rappel du contexte, le Conseil départemental a détecté, à l’occasion d’un diagnostic préalable aux travaux de réhabilitation du collège, des taux de trichloréthylène et perchloroéthylène supérieurs à la norme. Des analyses complémentaires, qui n’ont été connues que le 9 novembre dernier, ont conduit l’ARS (Agence régionale de santé) a préconiser de ne plus faire cours dans plus de 60% des salles, ce qui rendait impossible le fonctionnement normal de l’établissement. Le département a donc décidé de transférer les collégiens ailleurs, le temps de dépolluer. Le seul site capable d’accueillir tous les élèves de manière immédiate a été le collège Gustave Monod de Vitry-sur-Seine, à compter du 27 novembre jusqu’aux vacances de Noël. Les élèves y seront emmenés en car et l’emploi du temps devrait être organisé sur quatre jours durant cette période. Les élèves déménageront ensuite à l’ancien collège Camille Pissarro de Saint-Maur-des-Fossés à partir de janvier, car le nouveau collège sera achevé. Par ailleurs, les enfants de la crèche voisine, ainsi que de la cantine de la maternelle et du RAM, seront aussi transférés mais à Vincennes même, ceci dès le 20 novembre. La pollution aux solvants chlorés vient d’une ancienne manufacture d’oeillets métalliques pour chaussure qui a été en service des années 1870 aux années 1960. Cette nouvelle a suscité une vive protestation des parents qui ont déployé dès le lendemain de l’annonce une large banderole devant le collège, disant “Non au projet”. Ce mercredi soir, une manifestation était organisée avant la tenue d’une réunion tendue avec les autorités compétentes.

“A la suite de la réunion qui s’est tenue ce soir en présence des différents interlocuteurs en responsabilité sur le dossier, nous interrogations et nos inquiétudes ne sont pas levées. La communication de l’ARS n’a pas été satisfaisante et très incomplète. Bien que son directeur nous affirme qu’il n’y a pas de risque à laisser nos enfants déjeuner à la cantine les prochains jours, la confiance n’est pas installée. L’espace de restauration est l’un des lieux où a été relevée dans l’air la plus forte présence de solvants chlorés. Le refus des parents d’élèves est total concernant les solutions proposées et présentées par Madame Rabardel, première vice-présidente du Conseil Départemental. Il nous semble que toutes les solutions de relocalisation sur le territoire de la ville, proposées par la maire de Vincennes, n’ont pas été examinées par les instances décisionnelles avec l’attention qu’elles méritaient. Il ressort de cette réunion un sentiment de grand gâchis et un manque de communication, de concertation et de coordination entre les différents interlocuteurs“, indiquent ce matin dans un communiqué les responsables des fédérations de parents d’élèves Peep et Fcpe, qui doivent participer ce jour à une réunion des instances en charge de la gestion de la fermeture du Collège Saint-Exupéry,  pour proposer de nouvelles solutions.

Questions, points de blocage et réponses de la préfecture, l’ARS, le département et la ville

Quel est le niveau précis de la pollution et ses conséquences sur la santé ?
Savoir que les résultats sont au-dessus de la norme sans voir précisément les résultats d’analyse constitue évidemment une source d’inquiétude et un certain nombre de parents exigent de disposer de ces données. Sur cette question, posée hier en conférence de presse, Matthieu Boussarie, délégué départemental adjoint de l’ARS et médecin en santé publique, a rappelé que la présence de trichloréthylène, dont la norme acceptable est en principe de 2 microgrammes par m3 (2µg/m3), a été décelée dans des proportions allant de 20 à 60 µg/m3 dans environ 60% des salles de classe, et autour de 200 µg/m3 dans le réfectoire et les salles de repos. Il a néanmoins indiqué que ces taux restaient dans la limite d’un “risque acceptable” même pour des personnes qui seraient restées 40 ans dans le collège. Le sous-préfet de Nogent-sur-Marne, Michel Mosimann, a également indiqué qu’il n’était pas nécessaire d’aller consulter son médecin, tout en rappelant que ces solvants chlorés étaient cancérogènes et qu’il convenait donc de stopper l’exposition. Lire à ce sujet l’article détaillé sur les normes liées au trichlo et au perchlo et les résultats trouvés au collège.

Les données de l’étude seront-elles rendues publiques et quand ?
Après quelques renvois de balle entre les différents protagonistes, le sous-préfet a tranché en indiquant qu’il n’y avait rien à cacher et qu’il demandait donc à ce que les résultats soient communiqués, après la rédaction par l’ARS d’une notice pour les accompagner. Il s’agit en effet de longues séries de chiffres fastidieux et peu parlants pour le béotien. Les résultats pourraient être transmis dans la journée.

Pourquoi déménager dans l’urgence pour quatre semaines seulement alors que l’on explique dans le même temps qu’il n’y a pas de risque à avoir été exposé à ces solvants pendant quarante ans ? Et que le HCSP (Haut Conseil à la Santé Publique) recommande une remédiation au problème dans les 6 mois en cas de pollution supérieur à 10 µg/m3 de trichloréthylène ? Cela donne l’impression d’un double-message contradictoire et anxiogène pour les parents ?
Sur la nécessité de déménager d’urgence, le sous-préfet a expliqué qu’il n’y avait pas de temps à perdre car il faut désormais mener de nouvelles investigations afin de déterminer les sources de pollution, puis de dépolluer. Cela nécessite une excavation de terres et des travaux assez lourds, qui doivent démarrer le plus tôt possible, afin d’éradiquer totalement la pollution. Or, toutes ces opérations ne peuvent être réalisées dans un collège occupé.

Pourquoi aller à Vitry-sur-Seine,  n’y a-t-il pas de solution plus près ? Du côté de Paris 12e par exemple ?
Dans l’urgence, la solution permettant d’accueillir tous les élèves sans les éparpiller dans plusieurs collèges, est le collège Monod de Vitry qui a déjà accueilli des écoliers de manière temporaire l’an dernier. La maire de Vincennes, Charlotte Libert-Albanel, a néanmoins indiqué qu’elle discutait également avec la ville de Paris.

Combien cela va coûter et qui va payer ?
Difficile de chiffrer pour l’instant le montant des études et travaux de dépollution, mais l’on s’approchera d’avantage du million d’euros que de quelques euros souligne Evelyne Rabardel, vice-présidente du Conseil départemental en charge des collèges. Les travaux sont à la charge des collectivités locales concernées, à savoir le Conseil départemental pour le collège et la ville de Vincennes pour la crèche, le RAM et la cantine.

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