Rencontre avec Aurélia Wolff, artisan ivryenne spécialiste de la teinture végétale

Un grand métier à tisser, des bobines de fil de toutes les couleurs, du linge de lit et des coussins empilés un peu partout. A peine entré dans l’atelier d’Aurélia, le visiteur est immergé dans l’univers de la créatrice. Biberonnée à la conception textile artistique et colorée au contact de Renata, une créatrice couture et mobilier, Aurélia Wolff, qui se définit comme autodidacte, a lancé sa propre marque de prêt-à-porter féminin dès 2008, Rosa Tapioca, un nom bien coloré déjà ! en clin d’œil à une personne de sa famille, couturière et à l’avant-garde.  C’est comme cela qu’elle est tombée dans la couleur. «Après les premières collections, je recherchais de nouvelles nuances et me suis intéressée aux teintures végétales. Je lisais des livres et j’essayais dans mon coin de faire des essais et de tenter des recettes en faisant chauffer, cuire, filtrer des extraits de plantes, de légumes… appliquant les pigments sur le tissu. J’ai aussi pu me former auprès de Michel Garcia, un spécialiste en matière de teinture végétale”, dévoile la créatrice. Suit une campagne de financement participatif pour acquérir le matériel de teinture.  Les collections commencent à se structurer autour de l’univers de la chambre, de la décoration, de l’enfant et du bébé. Et c’est un univers complet qui se présente à Salon et Objet en 2014.

“Certaines plantes sont plus capricieuses que d’autres à travailler, témoigne la créatrice de 32 ans. Suivant la récolte des feuilles, l’acidité de l’eau, la teinte ne va pas être tout à fait la même sur toutes les pièces, c’est ce qui fait aussi l’originalité de nos produits qui sont tous uniques». Dans le panier : garance, gaude, indigo, campêche de Guadeloupe, rhubarbe européenne, cochenille des Canaries ou encore pelures d’avocat d’où l’on extrait un pigment rouge qui teinte de rose les tissus. Les additifs aussi sont végétaux et minéraux (acide citrique, tanin, fer), et dispensés en petite quantité contrairement aux sels métalliques et adjuvants utilisés dans l’industrie. Pour ce qui est du fil et des tissus, ils sont issus d’artisans essentiellement locaux.  «Ce qui plaît notamment, c’est que nous proposons des pièces que nous sourçons, nous mettons en valeur le travail de l’artisan pour que notre client comprenne d’où vient l’objet et prenne conscience de sa qualité», insiste Aurélia.

Whole vend à présent à l’export, en Asie, en Europe du Nord et en Amérique via le e-commerce et les boutiques spécialisées. Si la manufacture est désormais à Paris, le siège est resté à Ivry et l’entrepreneure est épaulée par la CCI, la Chambre des métiers de l’artisanat et le Matériaupôle de Vitry. Fin févier, elle a fait partie des premières créatrices à bénéficier du dispositif Impuls’heure, destiné à accélérer le développement des jeunes pousses le temps d’une réunion d’une heure avec des chefs d’entreprise et professionnels de la finance, du marketing, de l’innovation, de toutes les filières présentes sur le territoire. Et ce lundi 14 mars, elle a été l’une des lauréate des Oscars des entreprises artisanales innovantes du Val-de-Marne, remis à la Chambre des métiers.