Sport | | 25/02/2017
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Rencontre avec Camille Serme, squasheuse cristolienne sur le toit du monde

Rencontre avec Camille Serme, squasheuse cristolienne sur le toit du monde

Dominant le squash féminin français depuis les catégories juniors, Camille Serme, aujourd’hui âgée de 27 ans, est devenue la deuxième joueuse mondiale grâce à plusieurs succès dans des compétitions internationales. 

Fidèle au club de l’US Créteil et à son entraîneur Philippe Signoret, l’athlète, qui a déjà réalisé un parcours extraordinaire, n’est plus très loin de réaliser son rêve, devenir championne du monde et monter sur la première marche du classement des meilleures squasheuses.

A quelques minutes de la fin de son entraînement, Camille Serme enchaîne les échanges avec deux jeunes squasheurs. L’athlète se donne à fond et ses partenaires d’entraînement semblent à la fois épuisés et enthousiastes d’apprendre aux côtés de cette championne. Fin janvier, la jeune femme a remporté le Tournament of Champion, un tournoi majeur de squash joué sur un court placé au centre de la gare de Manhattan, à New-York. En octobre 2016, elle s’est imposée lors d’une autre compétition internationale, l’US Open à Philadelphie. La Cristolienne est la première Française à remporter ces opens, comparables à des tournois du grand chelem en tennis.

C’est du reste la petite balle jaune qui a attiré, dès l’âge de quatre ans, la petite Camille Serme, vers le centre sportif Marie-Thérèse Eyquiem.  «A sept ans, ma meilleure amie avec qui nous jouions au tennis observait les cours de squash, elle voulait essayer, je l’ai suivie. Rapidement, l’entraîneur, Philippe Signoret a décelé des qualités d’écoute et de travail, ce sport nous plaisait, puis nous avons eu nos premiers bons résultats», se remémore la jeune femme, dont l’amie d’alors n’est autre que Coline Aumard, numéro deux  française, originaire de Villeneuve-Saint-Georges.

Se confronter à plus fort que soi pour progresser

En France, Camille Serme est rapidement au-dessus de ses adversaires et remporte la plupart des championnats de France dans les catégories jeunes. Lorsqu’elle souffle ses douze bougies, son entraîneur l’emmène sur le circuit international où l’adolescente se confronte à des joueuses plus fortes.  «Il a voulu me montrer qu’il y avait encore une grande marche à franchir pour être performante au haut niveau, chaque année je participais à 4 ou 5 tournois internationaux, puis, de retour à Créteil, je jouais les matches du championnat de France et Philippe me surclassait pour que j’affronte des adultes, le but étant de toujours progresser».

Au collège, l’athlète est dans une classe où les cours finissent un peu plus tôt pour pouvoir participer à ses trois jours d’entraînement hebdomadaires. Les sessions d’entraînement sont particulièrement éprouvantes avec des exercices pour travailler son endurance ou sa technique pendant près de deux heures. Aujourd’hui, Camille Serme réalise deux session d’entraînement par jour. «J’ai eu de la chance d’être tombé sur Philippe, parfois on s’engueule mais ça se passe bien. Je me souviens qu’à l’adolescence, il y avait parfois des tensions, mais une fois rentrée à la maison, je regrettais mon comportement et lui écrivais un mail pour m’excuser» se souvient-elle. Camille emmène dans son sillage le club de l’US Créteil, dont les installations hébergent le pôle France autour de Philippe Signoret, devenu entraîneur national. Ainsi, des squasheurs venus d’Île-de-France et du reste du pays viennent prendre part à des sessions et des tests sur les cours du centre Marie-Thérèse Eyquiem.

Camille Serme intègre ensuite l’Insep au niveau lycée et obtient à 23 ans une licence de journalisme avec un parcours aménagé pour poursuivre ses entraînements et déplacements sportifs. A la fin de ses études, l’athlète intègre le service multimédia du Conseil départemental, qui offre quelques postes à des sportifs professionnels du département. «C’est difficile de vivre de ce sport et cet emploi m’a offert une indépendance et une sécurité financière. Même si je n’y travaille que les lundi et mardi, cela me permet de voir un autre environnement. Je suis agréablement surprise par l’enthousiasme de mes collègues qui suivent mes performances. Je leur ai ramené le champagne après ma victoire à New-York».

La place de numéro une mondiale à portée de raquette

Le classement mondial des meilleures squasheuses est établi en fonction des résultats obtenus dans les principales compétitions internationales. Depuis quelques années, Camille Serme fait partie du top 8 et n’a cessé de gravir les échelons pour prendre début février, la deuxième place de ce classement. «Auparavant, il y avait une squasheuse de Malaisie qui remportait toutes les compétitions, aujourd’hui, il y a une grande homogénéité et à chaque tournoi, les cartes sont rebattues. Je considère que je suis au pic de ma carrière sportive mais je ne veux pas m’arrêter là. Je suis déjà fière d’avoir marqué l’histoire du squash français mais je souhaite devenir championne du monde et grimper sur la première marche du classement des meilleures joueuses», ajoute la jeune femme qui jusqu’à récemment, pensait arrêter sa carrière pour se consacrer à sa famille et ses projets professionnels.  «Je m’étais fixé la barre des 30 ans, mais je me suis rendue compte que ça me limitait plus qu’autre chose. Parfois, lorsque l’on ne réalise pas les résultats attendus, on pense au temps qui passe, on se voit vieillir. Mon compagnon est aussi sportif de haut niveau et ne me met pas la pression, aussi, je ne me fixe plus de limite, et puis, les résultats me souriant, la retraite n’est pas encore pour maintenant!» juge la sportive, qui rappelle que certaines squasheuses du circuit ont dépassé la trentaine.

Son cocon, en tout cas, restera Créteil,  où elle s’est toujours sentie soutenue, et où elle compte rester jusqu’à la fin de sa carrière sportive. Son frère, Lucas, lui aussi squasheur professionnel, de trois ans son cadet, est beaucoup plus mobile, après avoir baroudé au Royaume-Uni et en République Tchèque. «Nos parents aiment le sport, mon père a fait du basket au niveau régional mais rien ne nous prédestinait à faire carrière dans le squash. Ils sont heureux, mais ça n’est pas toujours facile d’être parent de sportif de haut niveau. Il faut trouver un juste milieu dans le soutien et s’adapter en fonction de nos performances».

Aujourd’hui encore, malgré le développement de cette pratique sportive et les succès de Camille, le squash peine à se faire une place dans le paysage sportif. La Cristolienne veut aussi participer au développement de cette discipline en France mais ne s’interdit pas de partir quelque temps aux Etats-Unis où le squash prend de plus en plus d’ampleur.

Ci-dessous, moment de liesse du dernier point de Camille Serme en finale du Tournament of Champion à New-York.

 

 

 

 

 

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