A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, l’ordre des avocats de Créteil organisait un colloque sur les violences faites aux femmes et aux filles, la lutte contre le sexisme, la prostitution et les violences conjugales. L’occasion de rappeler les enjeux du plan de lutte contre les violences faites aux femmes et de pointer la mise en danger des mineures qui se prostituent.
Dans la magnifique bibliothèque du Barreau de Créteil, c’est d’abord Anaïs Guillou, déléguée départementale aux Droits des Femmes et à l’Egalité entre les femmes et les hommes, qui a présenté le cinquième plan de mobilisation et de lutte contre les violences faites aux femmes (2017-2019), rappelant ses trois objectifs principaux : sécuriser et renforcer les dispositifs qui ont fait leurs preuves, renforcer l’action publique là où les besoins sont les plus importants, et déraciner les violences par la lutte contre le sexisme qui banalise la culture des violences et du viol. Et d’insister en particulier sur la supprimer toutes les mesures qui favorisent la prostitution, « il faut prendre en charge ces filles et ces femmes et ne pas les considérer comme des délinquantes », plaide Anaïs Guillou, “les aider à travers des parcours de sortie, en leur proposant des solutions d’hébergement, d’accès aux soins, de réinsertion professionnelle… Et aussi en multipliant les actions de prévention et de sensibilisation, notamment chez les jeunes.‘
Véronique Dubayle, directrice du centre d’information sur les Droits des Femmes et des Familles du 94 et Farida Dammene-Debbih, directrice de l’association Tremplin 94 Sos femmes ont pour leur part insisté sur le continuum des violences faites aux femmes, son origine sexiste et la nécessité d’une approche spécifique pour éviter la banalisation. Véronique Dubayle insiste sur la nécessité d’entendre, d’écouter la parole de ces femmes et de leur laisser le temps pour qu’elles se reconnaissent et soient reconnues en tant que victime, pour entamer un accompagnement judiciaire, social et professionnel. L’association Tremplin 94 Sos femmes a mis en place une permanence téléphonique et d’accueil sur rendez-vous, des entretiens, des consultations avec des psychologues, et des actions de soutien à la parentalité. « La violence conjugale c’est une femme sur dix, nous pouvons toutes être concernées, explique Farida Dammene-Debbih. 1078 situations ont été relevé cette année dont 5 à 7% requiert une vigilance très importante et qui nécessite des recours à l’éloignement ou au téléphone grave danger »
Le michetonnage : la prostitution qui ne dit pas son nom
Héléne de Rugy, de l’Amicale du Nid, Fatima Bennoukh, directrice d’Espoir et Anne Meignan, directrice de la PJJ, sont venues témoigner de l’approche territoriale sur la situation des mineurs et de leur mise en danger dans les situations de prostitution. L’acte sexuel en échange d’argent, de service ou autre, c’est de la prostitution, une violence que souvent les victimes minimisent, relève Hélène de Rugy : «Nous rencontrons beaucoup de jeunes qui disent ‘c’est juste une fois pour un peu d’argent’ ou bien ‘ça n’est pas de la prostitution mais du michetonnage’. C’est là que nous, adultes, nous devons intervenir. Car c’est un engrenage dont les filles et les femmes sont victimes». Les associations sont présentes sur le terrain pour tenter de repérer les situations, construire un lien et rechercher des solutions. La Protection judiciaire de la jeunesse peut faire des signalements auprès des magistrats, proposer des accompagnement éducatif, des protections judiciaires et faire de la prévention. Hélène David, directrice de l’Association Charonne, Chantal Rimbault, directrice de la Protection de l’Enfance et de la Jeunesse du CD94 et Fabienne Foignet-Pohren, directrice GAIA94-Tremplin94 pour l’Insertion-la Voie Lactée du Groupe SOS, s’inquiètent aussi de ce « michetonnage », de la mise en danger de ces jeunes qui ont des pratiques périlleuses pour elle et qui essaient d’emmener les autres en valorisant ce système avec l’idée de l’argent facile.
Procureure de la République de Créteil, Laure Beccuau, Annie Koskas, bâtonnière du Val de Marne, Guylène Mouquet-Burtin, directrice des services départementaux de l’Education nationale (Dasen) et Isabelle Santiago, vice-présidente du Conseil départemental du Val-de-Marne ont témoigné des réponses d’ordre juridictionnel : permanences d’aide aux victimes tous les matins, aides juridictionnelles, procédure de protection rapide. « Ces luttes font partie des priorités de ce parquet. Nous avons pour objectif de connaître, sanctionner ou empêcher par une réponse graduée puis reconstruire du lien. Il y a souvent une impression que nous ne faisons rien mais les enquêtes peuvent être parfois longues. Nous, acteurs dans la lutte contre les violences faites aux femmes, nous devons nous associer et travailler ensemble», a insisté la Procureure.
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