Société | | 23/02/2017
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Réunion tendue et bondée autour du projet de mosquée à Villejuif

Réunion tendue et bondée autour du projet de mosquée à Villejuif

Plusieurs centaines de personnes se sont pressées à la Maison pour tous Jules Vallès ce mercredi 22 février au soir pour participer à la présentation du projet de centre cultuel et culturel musulman de Villejuif, occupant chaque centimètre carré de la salle depuis l’entrée, où un bloc compact de plusieurs dizaines de personnes

tendaient l’oreille pour écouter les échanges, jusqu’aux travées et aux marches menant à l’estrade. “Parlez plus fort ! Pourquoi y a pas de micro?” entend-on comme une ritournelle. Une foule très variée, allant des fidèles de la future mosquée aux habitants et associatifs du quartier en passant par les politiques locaux, tous au rendez-vous. Une délégation FN est aussi de la partie, avec même à sa tête son secrétaire départemental. Sur la scène, seul espace où l’on peut encore poser un pied devant l’autre, le président de l’Associations des Musulmans de Villejuif, Mohamed Khodja, présente le projet, images à l’appui, avant de se livrer une intense séance de questions-réponses. Le maire, lui, s’est installé discret à droite de l’estrade, prenant la scène pour répondre aux questions qui le concernent.

L’association musulmane locale, qui tente de se construire un lieu de culte à sa taille depuis bientôt dix ans, espère bien que cette fois-ci est la bonne. Un premier projet avait germé dès 2008 à côté de l’église copte, remisé pour un autre en place de l’ancienne gendarmerie le long de la RD7,  également controversé par un certain nombre de riverains et de politiques, et qui fait encore aujourd’hui l’objet d’une affaire contentieuse qui attend son jugement au Conseil d’Etat. Le nouveau projet prévoit de reconvertir une friche du 77-79 rue de Paris actuellement occupée par des associations en statut d’occupation précaire. Un terrain qui fait l’objet d’un portage foncier par le SAF 94.

Lire aussi : Le projet de mosquée fait toujours polémique à Villejuif

Détail du projet

Au total, le futur bâtiment de la rue de Paris prévoit de s’exprimer sur 3000 m2 dont un tiers dédié au culte, avec notamment une salle de prières pour les homes de 500 m2 et une pour les femmes de 250 m2, et deux tiers réservés à des activités culturelles, avec une bibliothèque, une salle de conférence, une salle polyvalente pour les ateliers, cours d’Arabe, soutien scolaire et encore salon de thé donnant sur un patio intérieur de 300 m2. L’association prévoit un parking en sous-sol sur la surface complète de la parcelle, comprenant une soixantaine de places. Des espaces seront également prévus pour les vélos. Concernant la pratique du culte, l’association projette une fréquentation quotidienne d’une centaine de personnes pour des prières de dix minutes, et de 500 à 800 personnes le vendredi. Au total, le projet devrait coûter autour de 3,5 millions d’euros, financé intégralement par l’AMV.

Sitôt la présentation terminée, les questions fusent. On parle haut pour se faire entendre et les échanges sont vifs et tendus, mais les participants veillent à ce que chacun s’écoute. Une certaine auto-discipline règne malgré les tensions.  D’où viennent les fonds de l’AMV ? Comment gérer le stationnement automobile les vendredis? La sortie avenue Henri Barbusse inquiète en particulier. Et quel devenir pour l’association culturelle et sociale L’Auberge des idées, actuellement installée rue de Paris, et qui propose des activités à tous les publics, des jeunes aux personnes âgées.

Quel avenir pour l’Auberge des idées ?

Moi je suis musulmane et je suis favorable à un projet de mosquée, mais l’Auberge des idées accompagne les jeunes du quartier depuis des années, les insère au niveau culturel, social, de économique. Attention de ne pas diviser la communauté musulmane”, plaide une animatrice de l’association. “Il nous manque à Villejuif des lieux pour réunir les associations. Nous n’avons pas l’équivalent de l’espace Anis Gras d’Arcueil“, insiste une autre habitante. “On trouvera une solution pour l’Auberge des idées. J’en prends l’engagement”, réagit le maire LR, Franck Le Bohellec. “Ah oui, comme pour le Chêne ?” raille-t-on dans la salle. (A lire à ce sujet  : A Villejuif, le collectif Le Chêne sur le point de disparaître). “Il faut concrétiser cette bonne foi”, relance Alain Lipietz, élu EELV. “Je m’y engage formellement“, reprend l’élu, qui propose de développer des espaces pour les associations dans le cadre des projets de transformation urbaine de la commune.

Concernant les fonds, le préfet m’a garanti qu’il s’agissait bien des fonds de l’association et qu’ils ne venaient pas d’ailleurs”, indique également le maire.

A propos du stationnement, Mohammed Khodja rappelle le projet de parking et le fait que les gens viendront aussi à pied ou en vélo. Le président de l’AMV rappelle qu’il y a déjà plusieurs centaines de personnes qui se rendent au lieu actuel de culte, rue Roger Morinet, et que les questions de circulation et stationnement sont gérées sans que cela n’occasionne de gêne dans le voisinage. Allez donc rencontrer les riverains de la rue Morinet pour vérifier, engage-t-il.

Une autre habitante rappelle l’existence d’un projet de reconversion du site qui avait été travaillé avec les riverains et l’architecte Jean-Marie Hénin, pour valoriser les artisans et artistes du quartier. “Nous avons beaucoup travaillé sur ce projet. Quid ?” Là-dessus, le maire indique avoir rencontré cette cité artisanale et assure de sa “volonté de la faire perdurer”.

“Plutôt que de construire un nouveau site, vous pourriez aussi aller dans une église”, avance le secrétaire départemental du FN, Dominique Bourse-Provence. “OK, donnez-nous une église!“, se voit-il répondre en choeur. “Nous réclamons davantage de transparence sur l’origine des fonds. Et quelle assurance avons-nous que ce lieu n’abritera pas une école coranique?“, reprend l’élu régional FN. “C’est quoi votre problème avec les écoles coraniques? ” s’agace un participant.

“Il faut de la place pour tout le monde, athées, croyants… Ne nous invectivons pas. A chaque fois qu’il y a un projet de ce type, il y a des réactions de pas de ça chez nous. Il faut trouver un terrain d’entente”, invite Michel Bentolila, tout en réclamant également une totale transparence, qu’il s’agisse de l’origine des fonds ou de la mise à disposition du foncier, à quel prix, dans quelles conditions ?

“Nous sommes aussi des habitants de Villejuif, ce-sont nos enfants qui vivent ici et nous voulons leur bien“, insiste une fidèle, invitant à la confiance.

Arbitre du débat, le maire rappelle la nécessité de permettre à la communauté musulmane locale de disposer d’un lieu de culte approprié à ses besoins, tout en indiquant que pour l’instant, aucune vente de terrain n’a été signée et aucun permis de construire délivré. “Nous n’en sommes qu’à l’amorce d’une concertation. Je vous propose une nouvelle réunion publique prochainement, avec toutes les précisions que vous avez demandées”, invite l’élu.

“Avec un micro cette fois !” perçoit-on du fond de la salle, avant que les participants ne poursuivent leurs échanges à l’extérieur pour les fumeurs, autour du buffet préparé par l’AMV pour les autres.

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