Se muer du statut de banlieue au concept plus chic de métropole durable, passe notamment par les routes. La promesse : remplacer les ex-nationales engluées d’automobiles par des boulevards urbains arborés, sur lesquels glissent silencieusement des tramways électriques tandis que les citadins en vélo pédalent le sourire aux lèvres…
Pour réaliser cette image idyllique, qui figure en couleur sur toutes les plaquettes de projets urbains, la route est longue. Après les concertations jamais faciles avec les riverains et les études techniques qui révèlent toujours des complexités nouvelles, il faut sortir le carnet de chèque puis les grues, les pelleteuses et les marteaux piqueurs. Une phase, visible, sonore, et irritante pour les usagers, qui bat actuellement son plein en Val-de-Marne. Le département, premier concerné par le futur métro Grand Paris Express avec les déploiements de la ligne 15 Sud et 14 Sud, connaît déjà une série de chantiers préparatoires (dévoiement de réseaux, démolitions, puits de secours tous les 800 mètres…) en attendant dès cette année les premiers travaux de génie civil. A ce chantier du siècle, s’ajoutent les travaux de la voie en site propre du TZen 5, qui reliera la Grande bibliothèque à l’avenue du Lugo à Choisy-le-Roi d’ici à 2020, celle qui accueillera le tramway T9 entre la porte de Choisy et Orly, le long de la RD5, et tous les autres…
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La RD5 poursuit sa mue en boulevard urbain
Au regard des gains de temps futur, le jeu en vaut la chandelle. “Le ratio emprise sur la voirie / nombre d’usagers, les transports en commun restent de très loin les plus compétitifs, souligne Nicolas Mati, directeur des transports et de la voirie au département. Les bus 183 et leurs 58000 passagers par jours, ou les futurs trams de la ligne T9 que l’on estime à 100000 usagers circulent sur une bande d’environ 7 mètres, la rentabilité de l’espace public est optimale, laissant encore de la place à d’autres moyens de circulation.»
Additionnés les uns aux autres, ces chantiers multiples restent néanmoins un mauvais moment à passer pour les usagers. Car au-delà du Grand Paris Express et des futurs trams et bus en site propre, d‘autres réfections des routes les plus empruntés sont également en cours. C’est dans ce contexte que le Conseil départemental, en charge de quelques 430 km de voiries dont toutes les ex-nationales, faisait un point d’étape sur le sujet ce mercredi 8 mars, pour détailler le budget alloué à ce poste, ses enjeux, et préciser le calendrier.
Financièrement, le département a précisé avoir investi 80 millions € sur les routes en 2016, pour réaliser 538 interventions dont la RD19 à Ivry-sur-Seine, le quai de la Baronnie à Ablon-sur-Seine, la RD127 sur les communes de Cachan, l’Haÿ-les-Roses et Fresnes, les avenues de la République et des Fusillés (RD136 – Bus J1/ J2) à Villeneuve-Saint-Georges, la RD148 sur les communes de Joinville-le-Pont et Saint-Maurice, l’avenue du Moulin de Saquet (RD148) à Vitry-sur-Seine, le réaménagement de la RD160 à Thiais et la réalisation d’aménagements cyclables à Arcueil.
En 2017, le montant de l’investissement sur les routes départementales devrait progresser à 136 millions d’euros. Au programme : la fin du réaménagement des avenues de l’Abbé Roger Derry et Paul Vaillant-Couturier à Vitry-sur-Seine jusqu’en juillet 2017, le lancement au printemps du réaménagement des rampes de la RD7 à Villejuif, élaboré avec les riverains, démarrera quant à lui au printemps 2017, plusieurs ponts (Mandela à Ivry-sur-Seine, Port à l’Anglais entre Alfortville et Vitry, pont de Maisons-Alfort reliant Joinville-le-Pont, participation également à la réfection du pont de Nogent pour laquelle le département est maître d’ouvrage de la future passerelle attenante dédiée aux piétons et cyclistes), l’avenue de la Liberté à Fresnes, l’avenue de Boissy (RD19) à Maisons-Alfort et à Bonneuil-sur-Marne, la passerelle du pont de Choisy (RD86), l’avenue Eugène Thomas au Kremlin-Bicêtre, la RD127 à Gentilly, la RD240 à Fontenay-sous-Bois, la RD160 à Chevilly-Larue et encore les avenues Clémenceau et de Joinville à Nogent-sur-Marne.
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Un outil pour coordonner les phases de chantier
Afin de mieux coordonner les phases de chantier d’une ville à l’autre, une plate-forme collaborative, développée par le Conseil départemental et financée par la Société du Grand Paris (maître d’ouvrage du Grand Paris Express) permet aux villes et maîtres d’ouvrage de partager les informations pour éviter les pires concomitances. 27 villes sont partenaires et 8 communes sont déjà pilotes : Champigny-sur-Marne, Créteil, Fontenay-sous-Bois, Le Kremlin-Bicêtre, Gentilly, Nogent-sur-Marne, Saint-Maur-des-Fossés et Vitry-sur-Seine. «Le but est vraiment d’avoir une vision à long terme de ce qui va se passer sur nos routes pour pouvoir prévenir les blocages. Nous ne pouvions nous contenter de récolter les permis de construire publiés seulement trois mois avant le début des travaux , sans savoir quand et qui va intervenir, non plus que les déclaration de travaux publics à proximité des réseaux, qui ne sont elles publiées que trois semaines en amont», explique Nicolas Mati, directeur du service transport, voirie et déplacement au conseil départemental. Le dispositif va permettre aux pouvoirs publics de repousser certains travaux ou de faire les aménagements nécessaires pour éviter trop d’encombrements aux usagers. L’outil devrait être amélioré et bénéficier à l’ensemble des communes de Val-de-Marne au cours du deuxième semestre 2017.
Au-delà du gros oeuvre dédié l’aménagement de nouveaux modes de transports publics ou de grosse réfection, la mue des routes passe par d’autres axes comme la mise en place de pistes cyclables, le développement de l’accessibilité au niveau des arrêts de bus, l’éclairage public ou encore les plantations d’arbre.
Objectif 100% accessibilité
En 2016, 355 arrêts de bus ont été mis aux normes, portant le nombre d’arrêts accessibles aux personnes à mobilité réduite à 2100 arrêts, soit 87% du parc. En 2017, 316 arrêts supplémentaires devrait être mis aux normes, répartis sur 24 lignes de bus. L’objectif : 100% d’arrêts de bus accessibles avant 2020.
A bicyclette
«Pendant la grande grève des transports en 1995, les chiffres ont montré un pic d’utilisation du vélo qui a ensuite rapidement décliné», se souvient Pierre Garzon, vice-président du Conseil départemental en charge des transports. Alors que les perturbations observées sur de nombreux axes routiers du Val-de-Marne provoquées par les chantiers font déjà pester les usagers de la voirie, l’élu rappelle que, «en agglomération, 40% des trajets en voiture font moins de 3 kilomètres, et que cela atteint même 60% pour des distances inférieures à 5 kilomètres», et aimerait encourager les modes alternatifs (marche, vélo, transports en commun) pour ces si courtes distances. Avec des routes mieux aménagées en pistes cyclables, le vélo devrait logiquement se développer davantage. Pour l’heure, le Val-de-Marne dispose de 244 kilomètres de pistes cyclables sur ses routes, mais la place n’est pas toujours possible pour réserver une voie aux vélos. «Certains tronçons sont particulièrement compliqués à mettre en place lorsqu’ils nécessitent par exemple la suppression de places de stationnement, ou que la route est trop étroite. Dans le même temps, nous tâchons de réduire les coupures urbaines avec notamment l’élargissement futur du pont de Choisy-le-Roi pour franchir la Seine et la ligne de RER C (livraison début 2018) ou la sécurisation des vélos rue Chapsal à Joinville-le-Pont. Mais le coût de ces travaux peut aller d’une dizaine de milliers d’euros au million!», détaille Nicolas Mati. Pour assurer la continuité des pistes, le département compte aussi sur l’apport des quelques voies communales. A noter aussi la création de 300 places de stationnement Véligo supplémentaires à proximité des transports en commun.
Les routes se mettent au vert
Côté verdure, 351 nouveaux arbres ont été plantés le long des routes du Val-de-Marne en 2016, portant leur chiffre à 28341, «C‘est autant que l’ensemble des arbres de tous nos parcs départementaux, et leur impact se mesure en particulier l’été puisqu’ils préviennent la formation d’îlots de chaleur dans les villes», insiste Pierre Garzon.
Personnellement, j’ai “souffert” des travaux durant 2 ans pour “améliorer l’axe J1/J2” entre Villeneuve Saint Georges et Valenton, et le résultat c’est que les bus arrivent à peine à se croiser ou à croiser un camion… Les plus empotés des chauffeurs s’arrêtent pour laisser passer, et rattrapent le temps perdu en roulant comme des dingues ( à 6h30, pas en pleine journée…) Les automobilistes ont droit aux fameux coussins berlinois tous les 30 mètres, mais cela n’empêche pas certains de doubler , même sans visibilité, le bus ou autre véhicule. Certes, la conduite des gens ne dépend que d’eux, mais franchement, je ne vois pas les améliorations apportées par ces travaux de très longue durée !
Je n’aime pas le titre de votre article,
je le trouve d’un sexisme absolu
vous n’auriez pas titré sur l’entretien d’un pont : Il faut souffrir pour être beau.
Et pourquoi pas ???
Je doute que ces travaux pharaoniques soient in fine bénéfiques en terme de qualité de vie, mais de toutes façons ils ne servent pas à cela mais à “soutenir l’activité” qui sans cela serait en berne (délocalisations, désindustrialisation) et à entretenir une bulle financiére (fiancement à crédit de ces chantiers ) tout en créant des emplois de shadoks (“creuser un trou et le recouvrir, c’est toujours travailler”)
“l’élargissement futur du pont de Choisy-le-Roi pour franchir la Seine et la ligne de RER C (livraison début 2018)”… mais où en est ce projet (qui rapprocherait les deux rives de la Seine et permettrait une meilleure desserte par modes actifs des Gondoles, tout en améliorant probablement la circulation sur le pont)?
Sur la RD19 à Ivry le résultat était prévisible. Dès 6h du matin les camions venant livrer ou prendre en charge leur cargaison sur le port sont en double file. Comme avant, me direz-vous sauf que maintenant il n’y a plus qu’une seule voie. Franchissement de ligne blanche obligatoire.
“Le sourire aux lèvres” et non pas “le sourire au lèvre”. Attention à l’orthographe ! Merci.
Certains points sont positifs.
Cependant, à la lumière du retard accumulé question aménagements cyclables depuis 60 ans, et en comparant avec les budgets vélo dans quelque pays européens :
On voit le retard qui reste à rattraper, et le temps que ça va prendre. Alors même que certains de ces pays sont déjà mieux dotés en aménagements mais aussi modération de la voiture.
Dans 1 territoire si dense, le vélo utilitaire a des arguments à faire valoir : circulation comme stationnement, seul ou couplé à 1 transport en commun.
Pour lutter contre la sédentarité à tous âges, il faudra en + prendre à bras le corps la question du stationnement en immeubles, au domicile, et d’autres aménagements et services.
On pourrait légitimement s’inspirer de Strasbourg, où 1 consensus politique a conduit à 15% des déplacements réalisés à vélo. Le fruit de 30 ans de travail. Et la compréhension de comment lutter contre les excès du tout voiture.
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