En 1998, Sangita Tripathi remportait le championnat du monde à l’épée par équipes à La Chaux-de-Fonds. Après une carrière d’escrimeuse professionnelle et une collection de médailles, c’est derrière les fourneaux que s’épanouit désormais l’ancienne sportive de haut niveau, à la tête son entreprise de traiteur Rue de l’étoile, à Champigny-sur-Marne.
«Dès l’âge de six ans, je voulais ouvrir un restaurant, je cuisine depuis toute petite, cela m’attirait. En grandissant, j’ai continué à m’ intéresser à la cuisine, c’est une vraie vocation. Mais je ne m’en suis pas rendue compte tout de suite car j’ai pris des chemins détournés», se confie-t-elle. C’est en effet très jeune aussi que Sangita Tripathi commence à pratiquer l’escrime et se fait repérer. Pendant quinze ans, elle rejoint l’équipe de France d’épée avec laquelle elle remporte plusieurs coupes du monde et d’Europe. Elle, qui rêve de Jeux olympiques, est sélectionnée à Sydney en 2000, terminant 14e en individuel et 5e en équipe. En parallèle, la jeune femme, indienne par son père, poursuit une licence d’Hindi puis un DEA de relations internationales à l’Institut des langues et des civilisations orientales (Inalco). Elle passe aussi le concours de gardien de la paix et entre dans la police, tout en étant détachée à plein temps en tant qu’athlète de haut niveau. «J’ai peut-être choisi cette voie là parce que ma mère travaillait dans le fonction publique comme enseignante, mais quand j’ai arrêté ma carrière, j’avais 36 ans, je me suis dit que j’avais toujours voulu faire de la cuisine, alors je me suis lancée là-dedans en commençant par présenter le CAP en candidat libre», explique la cheffe.petots
CAP passé en candidate libre, en parallèle de sa carrière sportive
C’est en 2003, âgée de 35 ans, qu’elle décide de revenir à ses premières amours et passe son CAP cuisine, en candidate libre. Un an plus tard, elle met fin à sa carrière sportive puis démissionne de la police pour pouvoir se consacrer pleinement à sa passion. La cuisine des chefs, la future entrepreneure en a déjà eu un avant-goût, à l’occasion d’un stage dans le garde-manger de la prestigieuse Tour d’Argent, au début de ses études. Diplôme en poche, elle fait ses armes à Marseille, responsable de la pâtisserie au Greenwich puis seconde de cuisine à la Bonne brise, un restaurant gastronomique. «Ce qui me plaisait, c’était de réaliser en équipe quelque chose de bon et de beau malgré la rapidité et la difficulté d’un travail physiquement éprouvant. En soit, c’est très proche du sport », témoigne-t-elle. Elle persévère ensuite en passant son CAP de pâtissier glacier chocolatier, toujours en candidate libre, et rejoint les artisans Meilleur ouvrier de France (Mof), Stéphane Glacier, Quentin Bailly et Frédéric Lalos, au sein de l’enseigne Le quartier du pain, où elle officie comme cheffe pâtissière, gère les équipes, forme les apprentis et s’occupe de la production pour les 5 boutiques. Le grand saut, Sangita le franchit en 2013, à l’âge de 45 ans, en créant sa propre entreprise de traiteur, Rue de l’Etoile, associée à une autre sportive de haut niveau, la judokate Frédérique Jossinet.
La Campinoise s’installe dans chez elle et commence, comme toujours, par se former, cette fois à la création d’entreprise et au management. «Grâce à mon statut d’ancienne sportive de haut niveau, j’ai pu bénéficier de modules de formation et d’un conseiller personnalisé de la Chambre de commerce. Ensuite, j’ai commencé à faire de la sous-traitance pour les pâtissiers et quelques ventes auprès des particuliers, notamment à Champigny. Les fédérations sportives ont aussi fait appel à moi pour des buffets, et tout cela a créé un effet boule de neige», expose l’ancienne championne. Financièrement, l’entrepreneure démarre son activité en s’autofinançant et complète par un prêt bancaire. «J’ai terminé ma première année d’activité en négatif puisque j’avais réalisé des investissements, mais je pouvais déjà payer mes charges. Ces deux dernières années, j’ai terminé en positif et j’ai augmenté mon chiffre d’affaire de 10 000 euros entre 2015 et 2016. Je peux me payer un petit salaire depuis quelques années», précise la pâtissière, qui s’éclate désormais à réaliser ses propres pâtisseries, des petits fours aux grands gâteaux. «Un tel challenge prend du temps et de l’énergie mais offre une vraie liberté!»se réjouit-elle. Objectif désormais : transmettre son savoir à de jeunes apprentis, en attendant les nouveaux projets de développement déjà dans les cartons.
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